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L`Observateur Paalga N° 8562 du 19/2/2014

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Retour de Cape Town : Un après-midi de rêve à Table Mountain
Publié le mercredi 19 fevrier 2014   |  L`Observateur Paalga




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Il y a des villes où un voyageur se sent tellement bien que pour rien au monde, il n’aimerait les quitter de sitôt. Est de celles-là Cape Town où j’ai eu l’occasion de séjourner lors du championnat d’Afrique des nations (CHAN) en Afrique du Sud.

En plus d’être reporter sportif, je me suis mis dans la peau des centaines de vacanciers qui y affluent en ce moment. Mais puisqu’il fallait bien un jour ou l’autre s’en aller, me revoilà à Ouaga depuis le 3 février 2014.

Dans cette pointe extrême que Vasco de Gama contourna au 15e siècle sur la route des Indes, le climat est doux et ensoleillé en janvier-février.

La Cité-mère, autre nom de Cape Town, est une ville où il y a beaucoup à voir et à revoir. Des exemples : la fameuse Table Moutain, construite en 1929, auquel on accède par un téléphérique à vous couper le souffle et des bâtiments anciens qui ne manquent pas de charme.

’Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage’’

Ce vers célèbre de Joachim du Bellay me vient à l’esprit au moment où je commence la rédaction de ce carnet de voyage. Il me faut donc suivre mon inspiration pour que le lecteur sente lui aussi la magie de ce beau vers à travers ma randonnée en bus à impériale (deux étages) remplis de touristes qui sillonnent la ville.

Au douzième jour de mon séjour à Cape Town, j’ai suffisamment eu le temps de prendre mes repères dans cette ville où la plupart des rues sont uniformes. C’est vrai qu’elles sont bien adressées (nom et numéros), mais il n’est pas du tout évident de vous retrouver facilement quand vous vous éloignez de votre hôtel.

Un point de repère est la chose la mieux indiquée pour ne pas avoir, à tout moment, recours aux passants. Dans le cas d’espèce, il faut au minimum parler l’anglais pour qu’on puisse vous orienter. Or, en ce qui me concerne, je ne parle même pas un brin de cette langue de culture et de communication d’une bonne partie de l’Afrique. Mais peu importe, j’ai ma petite technique pour me tirer d’affaire et je ne le dirai à personne. Mais si vous y tenez, c’est aussi simple que l’œuf de Christophe Colomb : j’ai toujours la carte de l’hôtel dans ma poche que je brandis en cas de besoin. Et croyez-moi, ça toujours bien marché.

Les douceurs de l’oisiveté

Je le disais déjà dans ma lettre de Cape Town du 17 janvier 2014, la ville, dès mon arrivée, alors que je regagnais un Guest-house (1) pour ma première nuit, m’a paru belle et gigantesque. Dès que j’ai déménagé le lendemain à Kings In Cape Hôtel sur les conseils d’Ali Doumbia, un Guinéen que la providence a mis sur ma route, je ne me doutais pas que ce serait en plein centre-ville.

Ce n’est que quelques jours plus tard qu’à ma grande joie, je m’en suis aperçu. Le wifi haut débit dans les chambres, vous rendez-vous compte alors que de l’autre côté, il fallait à chaque fois descendre.

A Kings In Cape, j’ai trouvé le président de la Fédération malienne de football, Boubacar Baba Diarra, des membres de son bureau et des dirigeants de clubs. Des confrères tels qu’Antoine Battiono (Les Editions Le Pays), Morin Yamongbé (Fazozine), Yacouba Jacob Barry (Savane FM), Ousséni Ilboudo (l’Observateur Paalga) de même que Cyrille Bansé (biologiste de laboratoire à la clinique Notre-Dame de la Paix, dont les connaissances en anglais médical nous ont été d’un précieux atout) m’ont aussitôt rejoint dès leur arrivée dans la Cité-mère.

Les autres, de loin les plus nombreux et pour la plupart de plus jeunes, avaient pris leurs quartiers à Tulbagh hôtel à dix minutes de marche de Kings In Cape hôtel.

A quelque deux cents mètres de mon hôtel, entre la rue Shortmarket et Groentemarkplein, le marché de l’artisanat est un passage obligé. On y trouve du tout et c’est le lieu de rendez-vous pour faire le plein de souvenirs. Et croyez-moi bien, des touristes, il y en a en janvier à Cape-Town.

Non loin de là, profitant des terrasses ouvertes, Petersen Amien Moeganat, dit Joe (chanteur), Dane Morkel (batteur) et David Berman (guitariste) sont là pour les égayer et leur faire goûter les douceurs de l’oisiveté en sirotant qui une bière glacée, qui du thé ou du capuccino.

Des promeneurs n’hésitent pas eux aussi à s’arrêter un moment pour les écouter. Les chansons du doyen, d’une voix grasseyante (il a 62 ans), dans une langue du terroir pendant que ses compagnons jouent une rumba, font bien dans le paysage.

Concert gratuit en plein air me direz-vous certes, mais quand le groupe marque une petite pause, Joe fait le tour des tables avec un petit panier et fait vibrer la corde sensible : ’’Encouragez la musique’’, dit-il en anglais que me traduit Ousséni. Aussitôt des rands (2) tombent et le chef d’orchestre observe d’un œil attentif les mains qui font les gestes dans sa ’’sébile ’’.

Après les musiciens, de jeunes jongleurs tanzaniens font leur numéro et comme les autres, ils reçoivent quelque chose et se retirent pour d’autres endroits. Pendant ce temps, les anciens se remettent en place pour exécuter d’autres morceaux. Ce lieu, à ce que je vois, doit être sûrement leur chasse-gardée.

De retour un matin de Pick N Pay, leader des supermarchés, j’entends de la musique croyant que c’est la fanfare municipale. Mais quelle ne fut ma surprise de constater qu’il s’agit de distractions pour gens en farniente.

Comme quoi, à Cape Town, à chacun son métier pour gagner sa vie dans cette société de consommation.

Long street

Une ville sans animation ressemble, à s’y méprendre, au monde du silence.

A Cape Town, on ne déroge pas à cette règle, car on y vit chaque jour que Dieu vous prête vie : à la nuit tombante, la cité-mère vous offre un autre spectacle surtout les week-ends avec sa prestigieuse artère commerciale où il y a de l’animation jusqu’au petit matin.

Long Street, c’est le lieu de convergence de tous les amateurs de bars, de casinos, de discothèques, de cafés, de restaurants, pour ne citer que les lieux communs de distractions.

On croque la vie à belles dents au point que l’observateur est tenté de lancer : ’’Vous n’avez pas souci du lendemain, vous’’.

A Long Street, les péripatéticiennes sont visibles à l’œil nu de même que les homosexuels. A tous les coins de rues, les filles racolent à qui mieux mieux tandis que les gay déploient sans vergogne leurs démarches suggestives.

Sous nos tropiques, on les aurait peut-être pris à partie. Mais l’Afrique du Sud, sur notre continent, occupe une place à part en matière de droits des homos : rappelez-vous qu’il y a quatre ans, la nation arc-en-ciel avait abrité une conférence internationale ad hoc et que, depuis 1996, sa Constitution prohibe toute discrimination notamment en matière d’orientation sexuelle. Mieux, en 2006, au terme d’une longue bataille juridique, le pays a autorisé les unions de personnes du même sexe, cerise sur le gâteau, les couples homos ont le droit d’adopter des enfants.

On comprend donc que les homos, à Cape Town, se déhanchent sans la moindre inquiétude. Ceux qui sont insensibles à de tels charmes se tournent naturellement vers ’’le beau sexe ’’ où ils en trouvent de toutes les tailles et de toutes les couleurs.

Ne me demandez donc pas si nos voyageurs venus du Sahel n’avaient d’yeux que pour le CHAN…

Une balade romantique

Mais revenons à Table Moutain que j’ai évoquée plus haut et ainsi dénommée parce que le dessus ressemble à une table. Il me fallait donc y faire un tour avant de quitter Cape Town.

Dimanche 26 janvier 2014 : 15 h 51 heure locale, 13 h 51 TU. Je suis à un des arrêts du bus de tourisme dénommé City Sightseeing aux couleurs rouges, sur lesquels on m’a fourni des renseignements fort intéressants.

Cinq minutes après mon arrivée, il stationne pour embarquer des touristes. Je prends mon ticket qui me revient à 150 rands environ 7500 F CFA, et je monte au deuxième étage où d’autres passagers ont déjà pris place.

Je me sens bien à l’aise à toit ouvert bien que le soleil brille de son plus vif éclat. Une jeune contrôleuse m’aide à sélectionner la langue française afin d’écouter les commentaires diffusés par des écouteurs pendant le trajet.

En plus du français, il y a d’autres langues telles que l’anglais, l’allemand, le néerlandais, le russe, l’espagnol, le mandarin, l’arabe, le portugais, le zoulou, etc. Peut-être bien qu’à ma prochaine visite, on ajoutera le bissa en souvenir de mon passage.

Avant ma visite à Table Moutain, le bus nous fait découvrir tour à tour, selon un circuit bien choisi :

- un village dans la ville située à flanc de coteau et fondée en 1919. Le dernier lion y fut tué en 1842 ;

- le musée de la région ;

- le musée des jésuites ;

- le Parlement où trône la statue du général Lovis Botha (3);

- l’université technologique ;

- l’hôtel de Ville, construit en 1905 dont l’édifice est une belle beauté à quelques mètres du Grand-Parade (4);

- la cathédrale Saint-Georges (5) datant de 1901.

De distance en distance, je finis par me convaincre que Cape Town est une ville charmante aux multiples facettes où des étrangers, venus du Zimbabwe (ce sont les plus nombreux, de la RD Congo, du Malawi, du Burundi, du Rwanda, de la Tanzanie, du Cameroun, du Sénégal et du Mali cohabitent avec les Métis et les Noirs, ce qui donne à la capitale parlementaire une ambiance cosmopolite.

Le guide rappelle au passage que la cité-mère fut fondée en 1652 par des colons blancs d’origine néerlandaise, dont le chef de file était Jan Van Riebeeck (6). A cette époque, précise-t-il, des navigateurs y faisaient parfois escale pour se ravitailler en œufs de pingouin, en eau et pour chasser le phoque.

Comme à Gethsémani

Après bien des détours, nous sommes enfin à la station Table Moutain. C’est un site merveilleux qui se dresse devant moi et à cette heure de l’après-midi, l’invasion des touristes.

L’envie d’emprunter tout de suite le téléphérique me tente mais j’en ai, dans un premier temps, la frayeur. Pas étonnant pour un ressortissant du Burkina où l’altitude la plus haute, le ’’mont Tenakourou’’ est de 747 mètres, et où la montagne de mon Boulgou natal pointe à 330 mètres.

S’apercevant de ma peur, le président de la Fédération malienne de football déjà cité, me lance d’un ton railleur : ’’Monsieur le journaliste, on ne meurt qu’une fois dans la vie. C’est l’un des plaisirs qu’on peut s’offrir à Cape Town, profitez-en pour rendre votre séjour encore plus agréable ’’.

Ses mots ont de quoi fouetter mon orgueil personnel. Aussitôt, je prends un ticket à 215 rands (10 750 F CFA) et hop, dans l’ascenseur qui me conduit jusqu’au téléphérique qui attend.

Tout à coup, la cabine suspendue à des câbles tourne sur elle-même en grimpant et au même moment mon cœur bat la chamade. Mais au fur et à mesure qu’elle progresse, mon inquiétude se dissipe et j’aperçois la ville en contrebas.

En moins de cinq minutes, elle entre dans une espèce de caverne creusée dans un mégalithe. Une fois hors de la cabine, je me crois dans un monde imaginaire.

Je suis au sommet de la montagne qui surplombe la Cité-mère et culmine à plus de 1000 mètres. Je m’offre à loisir une promenade dans cet univers fascinant de rochers, de grottes avec de nombreuses variétés d’arbres, de plantes et de fleurs dont nombre d’espèces ne se trouvent pas chez nous, du moins à ma connaissance.

En voyant serpenter les sentiers, l’image de Gethsémani, dont parle la Bible sur la Passion du Christ, m’est revenue fugacement. Du haut de la montagne, j’ai une vue plongeante sur cape Town, une cuvette que borde l’océan Atlantique en attendant de rencontrer plus loin l’océan Indien à 70 km de la Cité-mère. C’est tout simplement merveilleux ou, si vous préférez, magique.

L’îlot pénitencier

Du plus loin qu’il m’en souvienne, je n’ai jamais connu une telle sensation au cours d’un voyage. De loin, je vois Green Point stadium et surtout Robben Island, à une dizaine de kilomètres au large du Cap que quelques jours auparavant j’avais visité avec des confrères. Encore sous le choc émotif en pensant à la cellule individuelle de Nelson Mandela (la fenêtre mesurait trente centimètres de côté et trois pas lui suffisait pour aller d’un mur à l’autre), je me revois, le 17 janvier 2014, dans le ferry dénommé Sikhululekile en destination de l’îlot pénitencier.

Ce qui m’a frappé au moment où le bateau s’apprêtait à prendre la mer, ce sont les consignes de sécurité à bord au cas où il chavirerait.

Bouée de sauvetage ou pas, ce n’est pas sûr que nous autres les Sahéliens puissions atteindre le rivage à la nage au vu de l’immensité de la mer sans compter, à ce qu’il paraît, au fond des requins et d’autres prédateurs qui attendent. Mais la traversée s’est déroulée sans encombre.

Ousséni Ilboudo, dans un article précédent, avait relaté la vie obscure faite de labeur de Mandela qui fut le 466e prisonnier enregistré à la prison en 1964. Il avait alors quarante-six ans.

Je sors de ma rêverie au bruit des pas d’un groupe de touristes. Une radieuse journée d’été pour eux. Il fait soleil à 20 h heure locale, 18h TU à Ouaga où le jour commence à décliner.

A Table Moutain, on trouve un bar à café, un restaurant, un belvédère et une boutique de souvenirs. L’air est pur là-haut et je me promène gaiement comme la Chèvre de M. Seguin. Mais rassurez-vous, il n’y a pas de loup pour me manger comme la pauvre bête.

De tout ce qui précède, Cape Town vaut bien le voyage. Et la question sécuritaire, me direz-vous, surtout quand la presse internationale nous renvoie de manière récurrente l’image des villes africaines en butte aux grands et petits banditismes. Mais rassurez-vous, de ma petite expérience de trois semaines, je peux dire que pour le cas de la Cité-mère, c’est l’insécurité zéro ; autrement dit, la sécurité cent pour cent compte tenu de la vocation autrement touristique de la ville, qui est truffée de vigiles en faction et d’agents en tenue civile banalisée qui veillent au grain 24 heures sur 24.

Justin Daboné

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