Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Afrique
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 993 du 19/2/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Afrique

Niger: Une cohabitation aux effets pervers
Publié le mercredi 19 fevrier 2014   |  Le Quotidien




 Vos outils




Le Niger connait une situation politique tendue depuis la crise ouverte entre le président de la République et le président de l’Assemblée nationale. Après les débauchages de militants et les manifestations de soutien, la guerre à fleurets mouchetés entre les deux dirigeants prend une autre tournure. La chape de plomb qui s’abat sur les journalistes, les défenseurs des droits humains et les syndicalistes ne peut en effet être dissociée du contexte politique actuel. Il ne se passe plus un jour sans une atteinte à la liberté d’expression. Il est désormais interdit de porter une critique sur le président nigérien. Cette frilosité du président Mahamadou Issoufou est compréhensible même si elle est inacceptable. Du fait de son antagonisme exacerbé avec Hama Amadou, il voit des ennemis partout. Par un raccourci dont seuls les pouvoirs en manque de sérénité ont le secret, il considère que tous ceux qui le critiquent sont des partisans du chef du parlement. C’est à peine s’il ne se dit pas qu’ils ont été achetés pour le détruire. Ils sont devenus des victimes collatérales de la guéguerre Issoufou-Amadou. Quand on en arrive à une telle lecture des événements, évidemment, les dérapages ne sont pas exclus. Et c’est ce à quoi on assiste actuellement au Niger, un pays pourtant cité en exemple dans les processus démocratiques africains, mais où tout peut basculer à la moindre occasion.
Le pouvoir de Niamey est très rude ces derniers temps envers des acteurs de la société civile parce que suspectés de rouler pour son désormais ennemi juré. Les journalistes et syndicalistes sont dans son viseur et subissent ses foudres. Mais en agissant de la sorte, ne court-il pas le risque de se mettre à dos cette frange de la société nigérienne dont l’action a été déterminante dans le retour à la démocratie ? Une résistance peut en effet s’organiser au sein de la société civile pour mener la vie dure au président Issoufou. Toute chose que ce dernier devrait éviter, s’il ne veut pas élargir le rang de ses adversaires. La chute de Mamadou Tandja, celui-là même qui tenait à achever ses chantiers, en dépit de la fin de son mandat constitutionnel, est en grande partie le fruit d’une résistance citoyenne. Et si la démocratie a pu être restaurée, des élections organisées et le président Issoufou élu, le Niger le doit à son peuple et à son fer de lance que fut la société civile. Engager une épreuve de force avec le mouvement social peut donc paraître comme de l’ingratitude et du reniement.
Certes, les désaccords entre les têtes de l’exécutif et du législatif peuvent participer d’une vitalité démocratique. Il est rare en effet de voir, sous nos cieux, deux fortes personnalités, jadis alliées, s’opposer avec autant de force, tout en veillant au respect des institutions. C’est une cohabitation à la nigérienne, assez originale. Mais en même temps, cette rivalité est porteuse de risques pour le pays. La dernière attaque contre la présidence du chef du parlement est un des symptômes du glissement dangereux vers la violence. Face aux nombreux défis, notamment économiques, sociaux et sécuritaires, la question est de savoir si le Niger peut se permettre de vivre longtemps dans une ambiance politique aussi polluée. La lutte pour le développement reste le combat le plus noble dans un des pays les plus pauvres au monde. Malheureusement, l’horizon n’offre pas d’éclaircie. On ne voit pas de trêve possible entre le chef de l’exécutif et celui du législatif. Rien non plus ne permet de croire qu’un arbitrage ou une médiation pourrait les réconcilier. Seule la prochaine élection présidentielle , en 2016, apparait comme la seule voie pour départager les deux protagonistes. A moins que le président ne décide de dissoudre le parlement et de convoquer de nouvelles législatives. Cette hypothèse est peu plausible quand on sait que, malgré tout, le président continue de contrôler le parlement. La preuve, son Premier ministre a survécu à une motion de censure. Et puis, Hama Amadou pourrait perdre son poste de président du parlement lors de la prochaine session. Alors autant attendre que le fruit soit mûr.
Mais cela ne met en rien fin au conflit entre les deux hommes. Il faut seulement souhaiter que cette confrontation pour le pouvoir ne mette en péril les acquis démocratiques. La liberté d’expression, en tant que baromètre de la démocratie, doit de ce fait être précieusement protégée. Ce sera le gage qu’en dépit des turbulences, le Niger a gardé le cap de l’Etat de droit .

La Rédaction

 Commentaires