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L`Observateur Paalga N° 8561 du 18/2/2014

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Revolution libyenne : 3 ans de liberté et de désordre
Publié le mardi 18 fevrier 2014   |  L`Observateur Paalga


Revolution
© Autre presse par DR
Revolution libyenne : 3 ans de liberté et de désordre


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3 ans. Cela fait en effet 3 ans que la rébellion contre le colonel Mouammar Kadhafi avait été déclenchée à Benghazi. Le dictateur, qui était dans sa 42e année de règne et avait l’habitude de réprimer dans le sang toute tentative de sédition, ne s’était pas empêché de traiter ses concitoyen épris de liberté de tous les noms d’oiseaux tout en brandissant la menace d'une répression sanglante.

De même que son fils Seif Al Islam qui promettait de réduire cette bande d’aventuriers à leur simple expression quitte à transformer le foyer de la révolte populaire en une véritable marre de sang. Il est vrai que, pour beaucoup d’observateurs de la scène libyenne en son temps, le guide, avec son impressionnante armada, n’allait faire qu’une bouchée de ceux qui ont commis un crime de lèse-majesté en défiant son autorité.

Et n’eût été l’implication décisive des Etats-Unis et d’une poignée de pays européens avec en tête la France de Sarkozy, l’issue de ce conflit eût été autre. La suite, on la connaît, affaiblies par le bombardement de la coalition internationale, les troupes loyalistes, qui volaient de plus en plus en éclats, ont fini par plier l’échine jusqu’à ce que le guide et son dernier carré de fidèles soient pêchés, sous un pont, comme ces «rats» qu’il vilipendait peu de temps avant. On revoit encore les images de sa capture, de son exécution et de la profanation de son corps.

La guerre est officiellement finie depuis, mais plus de deux ans après, c’est une situation de ni paix ni guerre qui y prévaut. Avec un conseil de transition qui peine à ramener le calme, et des milices tribales de tous poils qui sèment la désolation en dehors de tout contrôle du gouvernement transitoire, dirigé par Ali Zeidan. Sur le plan socio-économique, rien n’incite guère à l’optimisme :

effectivement dans la région de la Cyrénaïque, au sud-est du pays, des membres de certaines tribus ont bloqué les principaux terminaux pétroliers et provoqué ainsi une chute de la production de pétrole à 250 000 barils/jour contre près de 1,5 million dans le même laps de temps avant le début de ce mouvement.

Ils réclament également l’autonomie de cette région et que leur soit reversée une partie des revenus du pétrole. Dans un pays où le secteur pétrolier contribue à hauteur de 70% du PIB, de 95% des revenus de l'Etat et de 98% de ses exportations, cette instabilité a de lourdes conséquences. Le Premier ministre a du reste estimé que son pays était désormais "entré dans une crise économique", affirmant que "le gouvernement pourrait avoir des difficultés à payer les salaires" sur le budget 2014.

C’est dans ce contexte qu’un ancien commandant aujourd'hui à la retraite, Khalifa Haftar, a fait courir la rumeur d’un coup d’Etat en postant une vidéo dans laquelle il a appelé les forces armées à «sauver» le pays. Certains y ont vu une tentative de coup d’Etat. Même si cet officier a réfuté ces accusations, il n’a pas pour autant été tendre envers les autorités, peignant en noir la situation de son pays : «Les prérogatives de ce Parlement ont touché à leur fin, il fait maintenant partie du passé, a-t-il déclaré. Quant au gouvernement actuel, celui-ci n’a aucun pouvoir, donc il n’y a pas d’Etat. Nous ne devons pas donner l'illusion au monde qu’il y a un Etat en Libye. Nous voulons donner au peuple libyen les moyens de prendre les décisions qui le concernent. Toutes les forces militaires libyennes, dans toutes les villes, soutiennent notre déclaration, qui exprime les vraies doléances du peuple libyen. Et nous, nous ne voulons que réaliser sa volonté.»

Le despote n’est plus, mais l’euphorie qui s’était emparée de son pays après sa mise à mort s’est maintenant estompée, et ses compatriotes se sont réveillés avec une situation chaotique à gérer. On voit bien que l’apprentissage douloureux de la liberté, longtemps souhaitée, se mue aujourd’hui en une menace sérieuse des fondements même du pays. Comme toujours dans ce genre de situation, beaucoup en viennent à regretter la tyrannie, qu’il est plus facile de renverser que d’instaurer un nouvel ordre des choses et de gérer convenablement les affaires de l’Etat. Comme quoi il peut y avoir pire que la dictature, par exemple l’anarchie et la guerre civile ; malheureusement pour ce cas-ci, ce n’est pas la Libye seule qui souffre des conséquences dramatiques de la fin du Guide, décidée par les Occidentaux.

Tout le Sahel est aujourd’hui sous la menace des djihadistes et autres groupuscules aux théories funestes ragaillardis par des armes acquises à peu de frais dans ce pays qui cherche encore ses nouveaux répères. La coalition internationale, en partie responsable de cet état de fait, n’a pas d’autres choix que de faire preuve de virtuosité dans la lutte contre ceux-ci.

Abdou Karim Sawadogo

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