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Le Pays N° 5230 du 5/11/2012

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ANSAR DINE chez le médiateur : Négociations d’accord, justice d’abord
Publié le lundi 5 novembre 2012   |  Le Pays


SEM
© Autre presse
SEM Blaise Compaoré
Président du Faso


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Quelle est la crédibilité, aujourd’hui, d’un mouvement islamiste pur et dur comme Ansar Dine qui prétend vouloir négocier avec Blaise Compaoré, président du Faso, et médiateur de la CEDEAO ? Pourquoi de tels échanges maintenant ? Que faut-il en attendre et surtout quelle posture adopteront les autorités et le Haut conseil islamique du Mali ? Difficile de prendre au sérieux des groupes islamistes qui se refusaient à négocier, arguant des mois durant, qu’ils sont suffisamment armés pour tenir tête à l’ensemble des pays ouest-africains. Certes, le brusque changement de ton de la part de ceux qui tenaient des propos belliqueux et arrogants peut désorienter un moment. Mais, il a de quoi rendre perplexe. Différentes raisons peuvent expliquer ces dernières prises de position. Les islamistes veulent négocier, parce que tout d’abord le contexte international a évolué, et le rapport des forces a beaucoup changé : le consensus en faveur de la guerre est désormais une réalité. Il y a moins d’hésitations et les états- majors sont quasiment prêts. Les Maliens ne sont plus seuls face à l’ennemi. Outre les Africains, il y a aussi l’Europe, et surtout les Etats-Unis dont l’acharnement à combattre le terrorisme international se renforcera certainement après la présidentielle du 6 novembre.

Après avoir pris le temps de se préparer, les forces internationales coalisées sont aujourd’hui prêtes à bouter hors du territoire malien ceux qui prônent un islam moyenâgeux, et se prêtent au jeu des esclavagistes des temps modernes. Les groupes islamistes changent de langage et de position, parce que la détermination ne fait plus de doute du côté de ceux qui veulent d’un Mali totalement libéré, laïc, vivant au rythme de la démocratie républicaine et ouvert sur le reste de l’Afrique et du monde. Les irrédentistes voulaient la guerre ? Ensuite, la rébellion veut négocier car elle est en danger. De plus en plus, la tentative de garder un si grand pan du territoire malien se heurte à une vive résistance de la part des populations du Nord-Mali. L’échec est patent d’autant que le fondamentalisme religieux que prêche Ansar Dine est totalement différent de celui plus tolérant, humain, et peu porté vers l’argent tel qu’on le connaît et le pratique en Afrique noire. Partout, l’islamisme borné est assailli : au Nigéria, en Somalie, au Proche, au Moyen et en Extrême Orient. Non seulement les bailleurs de fonds du terrorisme ne sont plus aussi sereins, mais encore les prises d’otages rapportent de moins en moins. Dans un contexte aussi difficile, comment ne pas profiter des dernières offres de négociation pour chercher à gagner du temps ? On pourrait, de ce fait, ralentir le déclenchement des opérations, le temps de se mettre à l’abri. Si le projet de la charia échoue, pourquoi se faire damer le pion par le MNLA ? Il urge de se repositionner dans la sphère politique malienne en redéfinition. Reste à savoir s’il n’est pas trop tard pour négocier. La patience a ses limites, dit-on. Comment croire en effet que Ansar Dine et autres oseraient renoncer à la charia et se ranger du côté d’une république malienne laïque et indivisible ? Pourraient-ils divorcer d’avec le Mouvement pour le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), et combattre ses forces ? A eux de confirmer que le divorce est consommé, d’accepter de déposer les armes et de se constituer prisonniers. Les choses iront plus vite, d’autant que la justice attend les intégristes. En effet, négocier ne signifie point accepter l’impunité. Or, dans le placard de ceux qui disent vouloir négocier aujourd’hui, il y a trop de crimes contre l’humanité, trop de contentieux à examiner : les morts, les amputés, les humiliés, les femmes violentées et violées, les profanations. Pourra-t-on jamais les oublier ? En tout cas, ils ne peuvent rester impunis.

Les peuples d’Afrique veulent définitivement tourner la page à certaines manières d’agir. Chacun s’habitue désormais à devoir rendre compte de ses actes. Il ne faut donc point se laisser divertir. La nouvelle position d’Ansar Dine et autres ressemble donc plus à une tentative de diversion qu’à une réelle volonté de paix. Par quelle opération de prestidigitation des intégristes du genre de ceux dont on a depuis quelques mois l’expérience, peuvent-ils se muer en démocrates ? Venir à la table de négociation suppose en effet que l’on a choisi de renoncer à ses ambitions, au profit du jeu de la démocratie républicaine. Or, rien n’est moins sûr. L’expérience des « aller-retour » dans les négociations entre gouvernants et rébellions touarègues au Sahel instruit. On ne peut prendre le risque de s’embourber dans des alliances sans lendemains.

C’est pourquoi, à leur endroit, le message doit demeurer clair, constant et ferme : on ne négocie pas avec n’importe qui, et surtout pas à n’importe quelles conditions. Si Ansar Dine et autres veulent négocier, qu’ils renoncent à la charia, déposent les armes, se rendent et se soumettent à la justice républicaine. En dehors de ces conditions, point de négociations. Mais, vu les propos et les actes posés par ces individus, il y a de quoi être sceptique. En cela, les situations prévalant au Mali et au Nigeria ont un caractère pédagogique. Il faut en tirer des leçons. On peut douter de l’engagement d’Ansar Dine à se renier. Au Médiateur de faire attention. Il faut avoir pour souci d’effectuer une médiation uniquement tournée vers l’intérêt du Mali, et surtout rendre justice aux victimes.

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