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Quand le Médiateur de la CEDEAO commandite à son profit une double médiation nationale et internationale!
Publié le vendredi 7 fevrier 2014   |  burkina24.com


Ouverture
© aOuaga.com par Ouedraogo
Ouverture d’un Atelier sur les femmes leaders en politique organisé par Le PDS/ METBA un parti politique Burkinabè (Etienne Traoré vice president du parti)
Vendredi 08 Novembre 2013. RAN Hôtel (Ouagadougou). Le PDS/ METBA à ouvert un atelier de deux jours sur les femmes leaders en politique


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Etienne Traoré, homme politique et enseignant à l’Université, dans la tribune qui suit, donne sa lecture de la médiation interne qui se mène actuellement au Burkina et de celle du Président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. L’auteur est convaincu que « c’est bien le Président Blaise Compaoré qui a sollicité à son profit une double médiation« .

Toutes nos informations sont concordantes. C’est bien le Président Blaise Compaoré qui a sollicité à son profit une double médiation : l’une nationale dirigée par le médecin militaire Jean Baptiste Ouedraogo (JBO ancien chef d’Etat ici); l’autre à l’extérieur, dirigée par Monsieur Alassane Dramane Ouattara (ADO, Chef d’Etat de la Côte d’Ivoire).

C’est son droit incontestablement de recourir à la médiation. Dans les deux cas, un seul objectif à atteindre : négocier par delà les dispositions constitutionnelles une rallonge présidentielle à Blaise Compaoré après 2015, le temps qu’il lui faut pour quitter le pouvoir » sans précipitation et dans la paix ».

À l’international, ADO doit convaincre des chefs d’Etat de la sous-région, aussi et surtout de la France, d’accepter une prolongation de mandat à Blaise pour mieux stabiliser la sous-région au double plan politique et sécuritaire.

ADO devrait brandir à cet effet, le spectre d’un vide dangereux que laisserait Blaise s’il quittait le pouvoir en 2015.

Le Président Compaoré se sent sérieusement affaibli et menacé dans son fauteuil par ses opposants politiques et civils

Il doit aussi convaincre les fondateurs du MPP (Parti des dissidents du CDP et présidé par Roch Kaboré) d’accepter une porte de « sortie honorable » pour Blaise aux termes d’une transition d’au moins deux ans après 2015.

Au plan national, pour le couple de médiateurs conduit par JBO, la rallonge s’appelle « transition » pour donner le temps au Président de quitter » dans la paix et la concorde nationales. »

Là également, il faut annoncer une peur similaire : le départ de Blaise en 2015 contre son gré est synonyme de violents troubles attentatoires à la paix et à la stabilité politique. Il faut alors adapter la Constitution au temps du Président Compaoré !! !Que peut-on en dire?

Je pense que plus que lors des crises précédentes, le Président Compaoré se sent sérieusement affaibli et menacé dans son fauteuil par ses opposants politiques et civils qui lui contestent sa volonté de réviser en sa faveur l’article 37 de la constitution. La présente crise est mortelle pour son régime.

« Sur cette même rallonge, Blaise travaillera à affaiblir, voire anéantir son opposition actuelle (toutes tendances confondues) en commençant par celle qu’il traite, à tort et avec ingratitude de « traîtresse »

Le présent rapport des forces lui est défavorable et c’est le fruit des luttes multiformes du peuple : déclarations, conférences, marches, meetings, interpellations diverses etc.

Et aussi échecs aux marches et meetings du CDP et de la FEDAP-BC. Alors, plus qu’à son habitude, il veut reculer, et plus qu’à son habitude, c’est pour mieux sauter : il fait ainsi une concession pour respecter l’article 37 en l’état actuel, mais c’est pour, en échange, bénéficier d’une rallonge de pouvoir afin de définir lui-même les conditions de son départ définitif du pouvoir.

Aujourd’hui, au regard de l’immense impopularité de son frère cadet François Compaoré, il est prêt à faire appel à un » technocrate venant de l’extérieur qui ne soit pas mouillé ou pas trop mouillé dans les débats politiques internes« . Ce quasi clone aura de Blaise pour mission, de gérer l’impunité et la sécurité pour lui, sa famille et leurs proches.

En d’autres termes, il fera du Blaisisme sans Blaise lui-même!

Sur cette même rallonge, Blaise travaillera à affaiblir, voire anéantir son opposition actuelle (toutes tendances confondues) en commençant par celle qu’il traite, à tort et avec ingratitude de « traîtresse ».

En fait ce sont ceux là mêmes qui l’ont hissé au pouvoir, fortifié son régime, mais qui ont eu le malheur de croire en sa parole donnée qui était de limiter son propre mandat présidentiel pour leurs permettre à eux aussi, plus jeunes, d’exercer le pouvoir d’Etat ensuite.

Hélas ! Blaise Compaoré n’a pas respecté cette parole donnée en préférant une auto- succession dévoilée le 12/12/13 à Dori. Désormais pour lui, le pouvoir devrait rester dans la famille Compaoré qui n’a pourtant rien fait de significatif pour l’accession de Blaise au pouvoir et pour son renforcement!

« La crise n’est pas née d’une haine particulière de l’opposition politique et civile contre le Président Compaoré, mais du refus du Président de respecter notre Constitution »

Pour l’autre partie de cette opposition, cette rallonge pourrait être l’occasion dans un premier temps et dans certaines de ses fractions, d’être utilisée par Blaise contre le MPP qui constitue aujourd’hui pour lui, la première bête noire à abattre et contre lequel existe désormais une haine mortelle.

D’autres opposants pourraient être attirés par des postes ministériels ou administratifs… Dès lors, l’opposition aura d’énormes défis à relever : fidélité aux objectifs de la lutte commune avec la Société Civile, cohésion et unité de lutte, rejet de toute compromission.

De façon générale, Blaise Compaoré, en cas de « lenga (ajout en Moorée) à son mandat, en bon stratège pour garder le pouvoir, ne s’attaquera pas à tous ses opposants à la fois, mais tentera plus que jamais, d’utiliser les partis de l’opposition les uns contre les autres pour les discréditer et les affaiblir durablement, surtout quand je sais que c’est un homme fier et blessé, ayant une colère silencieuse et la revanche redoutable!!!

Je pense ensuite que le problème est ici et là mal posé : la crise n’est pas née d’une haine particulière de l’opposition politique et civile contre le Président Compaoré, mais du refus du Président de respecter notre Constitution de 1991 dont l’article 37, limitatif du nombre de mandats présidentiels à deux, avait été adopté par consensus, ce qui est supérieur à une majorité que pourrait nous sortir une majorité référendaire.

La contradiction à résoudre n’est donc moins celle qui naturellement oppose en démocratie, Blaise à ses opposants, mais plutôt bel et bien celle qui oppose Blaise à LA CONSTITUTION!!!

À cause de sa triple peur (pour lui- même, sa famille et leurs proches), Blaise ne veut pas quitter le pouvoir en dépit d’une loi d’amnistie dont il bénéficie.

« Il faut respecter les dispositions constitutionnelles en matière d’alternance pour ne pas créer de précédent et renforcer ainsi la confiance à nos propres institutions »

Dès lors, il nous faut honnêtement recarder les choses : C’est le refus d’appliquer l’esprit et la lettre de l’article 37 qui est la principale cause d’éventuels troubles violents à la paix civile.

C’est la résistance obstinée à l’alternance qui est la principale cause de l’instabilité politique. Si le Président Compaoré renonçait maintenant et solennellement à réviser l’article 37 et à se représenter en 2015, tout le monde verrait aussitôt la température politique et sociale baisser jusqu’à la normale.

On ne peut jamais trouver une solution juste à un problème mal posé comme c’est le cas présent.

Je pense aussi que ces médiations sont vouées à l’échec car mal préparées et ne remplissant donc pas trois conditions minimales idoines : la confiance minimale indispensable devant exister entre partenaires en médiation n’existe pratiquement pas quand on entend notamment l’opposition dire que Blaise a l’habitude de ne point respecter ses engagements; les deux médiateurs, amis du Président Compaoré n’ont été choisis que par lui et s’imposant donc à l’autre partie, ce qui ne se fait jamais dans une médiation vraie et crédible; les deux médiateurs ne peuvent donner aucune garantie quant au respect d’éventuelles clauses de commun accord.

Ajoutons à tout cela, chez nous, un climat général de méfiance ou d´hostilité et où des voix s’élèvent déjà pour prévenir tout » deal entre politiciens sur le dos du peuple », politiciens du sein desquels malheureusement sont souvent sortis des traîtres.

Et puis on peut légitimement se demander pourquoi communiquer avec la seule classe politique sur une crise qui la dépasse largement et intéresse tout aussi bien la Société Civile?

Enfin à mon humble avis, il faut respecter les dispositions constitutionnelles en matière d’alternance pour ne pas créer de précédent et renforcer ainsi la confiance à nos propres institutions.

Les peurs d’un seul homme, fût-il Président, ne peuvent pas et ne doivent pas prendre en otage la bonne marche de notre vie politique et sociale comme c’est le cas aujourd’hui! Il faut donc arrêter de nous faire ce chantage : si nous ne laissons pas Blaise quitter le pouvoir aux conditions voulues par lui (et non selon la Constitution), il va mettre le feu au pays pour y rester.

Alors, si nous voulons la paix, laissons-le là où il est. Je sais qu’il y’a suffisamment de compatriotes raisonnables et sages pour ne pas suivre Blaise Compaoré dans cet éventuel et pessimiste scénario catastrophe et même l’en empêcher. J’en suis sûr. Absolument sûr.

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