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L’Observateur Paalga N° 8552 du 5/2/2014

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Grille indemnitaire : 2 jours de grève pour 3 préalables
Publié le jeudi 6 fevrier 2014   |  L’Observateur Paalga


Grille
© Autre presse par DR
Grille indemnitaire : 2 jours de grève pour 3 préalables


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Il y a quelques avancées dans la réforme indemnitaire de la Fonction publique, notamment l’institution de l’indemnité de technicité, mais les syndicats exigent des préalables pour sortir des négociations avec le gouvernement. C’est ce qui justifie la grève générale des 4 et 5 février 2014. Constat de nos envoyés sur le terrain.

Faisons la genèse de ces négociations : le 21 mars s’achevaient les négociations gouvernement/syndicats de 2012. Dans le communiqué final, les conclusions desdites négociations stipulaient au point 6 des engagements du gouvernement «la relecture, avant le 30 juin 2013, du décret relatif à la grille indemnitaire sur la base de l’étude diagnostique du système indemnitaire applicable aux agents de la Fonction publique élargi au système de rémunération de base qui est en cours de finalisation ; à cet effet, des discussions seront engagées au cours du deuxième trimestre de l’année 2013». Mais le constat du monde du travail est amer. En atteste le communiqué dont la presse a reçu ampliation hier mardi et dont voici le contenu : «Nous sommes aujourd’hui le 4 février 2014 et la relecture annoncée pour s’effectuer avant le 30 juin 2013 n’est toujours pas achevée. Pour quelles raisons ces négociations peinent-elles à aboutir ? Quel est le contenu réel de ces négociations ? A quoi les travailleurs de la Fonction publique peuvent-ils s’attendre en termes de retombées financières ? Ce sont là autant d’interrogations pour lesquelles les travailleurs souhaitent avoir des réponses…». Mais où est-ce que ça coince ? Réponse des syndicats : « Nous avons montré au gouvernement à travers nos analyses que sa réforme n’a rien d’objectif, encore moins de scientifique, qu'elle consacre des injustices et iniquités criardes qu’elle était censée corriger (exemple des écarts entre indemnités), qu’elle s’attaque aux acquis sociaux et démocratiques historiques (notamment à la santé, à l’éducation, aux finances). Et qu’enfin la démarche du gouvernement pour l’élaboration de sa réforme n’avait rien de participatif, les avis des syndicats ayant été ignorés dans les faits ». Des avancées, le porte-parole des syndicats de la Fonction publique, Mamadou Barro, reconnaît qu’il y en a eu, mais pose des préalables pour sortir de ces négociations : «Nos demandes sont grandes mais les propositions faites par le gouvernement sont prenables. Cependant nous estimons qu’il y a des préalables pour que la réforme ne soit pas une occasion de nous fragiliser. En effet, il faut qu’on amende le système de cotation. Le deuxième préalable, c’est la prise en compte des acquis historiques de certains secteurs, car il y a des indemnités qui ne peuvent être logées dans aucun des quatre types que le gouvernement a déterminés (NDLR : indemnité de logement, indemnité de responsabilité, indemnité de technicité et indemnité d’astreinte). Le troisième préalable, c’est que le gouvernement nous précise quel est le schéma progressif d’amélioration. Malgré les insuffisances dans les taux qui sont donnés, si ces préalables sont pris en compte nous pouvons envisager une sortie de ces négociations». En attendant, hier à Ouagadougou, la grève a différemment été suivie d’un service à l’autre. C'est en tout cas ce que nous avons constaté au cours d’une ronde à travers la ville.

Service minimum à Yalgado

Au centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO), en l’absence du directeur général, empêché, c’est le directeur du contrôle interne, Joël Somda, qui a bien voulu recevoir la presse. Pour lui, l’administration de Yalgado est assez coutumière des situations de grève, si bien qu’elle prend chaque fois des dispositions en interne pour parer à toute éventualité. C’est ce qui est entrepris pour le débrayage collectif des 4 et 5 février courant. En fonction de la situation, a-t-il indiqué, les mesures idoines sont prises. Fait singulier de la part des syndicats, des engagements ont été pris à leur niveau pour assurer le service minimum. Chose effective, selon le directeur Somda, après une inspection dans les différentes unités de soins. Tout le personnel indispensable, a-t-il affirmé, est en poste. Toutefois, a-t-il soutenu, il serait hasardeux de faire le point de la situation en avançant des chiffres dès le premier jour de grève. Les différents majors, a soufflé monsieur Somda, sont présentement en atelier sur l’assurance qualité. Ils seront alors mis à contribution en temps opportun pour apprécier la situation. On peut seulement retenir des commentaires du directeur du contrôle interne que tout est mis en œuvre par la direction du centre pour juguler toute difficulté. Il salue au passage la bonne volonté des prestataires dans plusieurs services. A Yalgado, on ne peut donc pas dire que l’heure est grave parce que, foi de Joël Somda, la situation est maîtrisée. L'assurance n’excluant pas le contrôle, un tour dans quelques services d’unité de soins a paru nécessaire.

Jour ordinaire à la maternité

Premier point de chute des hommes de médias devenus, l’espace de quelques heures, des inspecteurs, la maternité. Dame Henriette Dialla qui y travaille en qualité de sage-femme attendait avec d’autres collègues dans une salle. Arrivée au service aux environs de 8 heures, elle reconnaît avoir fait deux accouchements, dont une césarienne. Elle a aussi effectué une aspiration, c'est-à-dire des soins après avortement. Pendant que les journalistes échangeaient avec madame Dialla, deux de ses collègues de service étaient en salle de soins et une autre attendait son heure pour aller au charbon. Pas donc de problème particulier à la maternité de Yalgado. Aux urgences médicales, tout se passe pratiquement sans problèmes majeurs. A l’entrée des lieux, les nouvelles mesures prises par la direction de l’hôpital pour filtrer les entrées sont respectées à la lettre. En compagnie du major Sitapha Konaté, les pisse-copies accèdent aux quatre salles d’hospitalisation et à l’une de catégorie. Le constat ne contredit nullement les propos de Joël Konaté entendus plus tôt. Tout semble en tout cas aller pour le mieux. Les équipes de garçons et filles de salles, les infirmiers, les externes, les internes, et médecins sont tous sur la brèche. Ce qui conforte le major Konaté qu’il n’y a pas de dysfonctionnement dans son unité. Du côté des accompagnateurs des patients, l’inquiétude ne semble pas hanter. L’un d’eux, Hamadou Kaboré, venu assister son père souffrant de tension artérielle, est catégorique : «Tous va bien ici. Nous ne sentons pas la grève. Dieu merci !». Un autre dans un angle du couloir le confirme avant d’ajouter en langue nationale mooré à peu près ceci : «Les fonctionnaires sont rassasiés ».

Manque à gagner estimé à 2 milliards à la douane

A exemple des autres services publics, l’administration douanière était paralysée par cette grève du 4 février, prévue pour se poursuivre aujourd’hui. En effet, un tour dans les deux plus importants bureaux de Ouagadougou, à savoir Ouaga-aéroport et Ouaga-route (communément appelé Ouagarinter), a permis de constater l’effectivité du mouvement dans cette administration. En dehors des responsables de ces bureaux et des agents qui assurent la garde, ces sites étaient déserts et le resteront sans doute aujourd’hui. A l’aéroport, tous les magasins et bureaux des collaborateurs des gabelous avaient baissé leurs grilles. Sur place, hormis l’agent de garde qui assurait le service minimal légal, aucun travailleur de l’administration n’était présent. Au bureau de Ouagarinter, le plus important en matière de recettes ( 13 à 14 milliards par mois), sur les 85 agents qu’il compte, seuls le chef de section et sa secrétaire étaient là, en plus de l’agent de garde. Une situation qui a occasionné un manque à gagner d’environ 2 milliards pour les deux bureaux en cette première journée. Cette perte, le gouvernement en est seul responsable, à en croire le délégué de la section Kadiogo du SYNATRAD (Syndicat national des travailleurs des douanes), P. Jonny Ouéda, étant donné qu’il n’a fait aucun effort pour empêcher que la situation s’enlise. Un avis partagé par les victimes collatérales que sont, entre autres, les transitaires, à l’image d’Hubert Dabiret, représentant de Bolloré Africa Logistics à Ouagarinter, dont les clients ne cessaient d’appeler pour se plaindre au moment où nous étions sur place. Selon des sources concordantes, cette mobilisation des bérets noirs est inédite. Au lycée Nelson Mandela, vers 12 heures, l’établissement était quasiment vide. Les portes des classes étaient hermétiquement closes. Le proviseur, Pierre Bassinga, qui a accepté de nous recevoir, s’est toutefois refusé à tout commentaire: il s’est contenté de nous dire de faire le constat nous-mêmes. Pour avoir le son de cloche du gouvernement, nous avons contacté le DCPM du ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, qui a promis de nous recontacter. Ce que nous avons attendu en vain jusqu'au moment où nous mettions sous presse. Même situation pour le service d'information du gouvernement, qui nous avait promis un communiqué qui émanerait du ministère de tutelle.

Abdou Karim Sawadogo
D. Evariste Ouédraogo

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