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L’appel au référendum : c’est non ou c’est la guerre, selon l’UNIR/PS
Publié le samedi 1 fevrier 2014   |  L’Hebdomadaire


Groupes
© aOuaga.com par A.O
Groupes parlementaires : l`ADJ fait son bilan
Mardi 21 janvier 2014. Ouagadougou. Les députés du groupe parlementaire de l`Alliance pour la démocratie et la justice (ADJ) ont animé une conférence de presse pour faire le bilan de leur action à l`Assemblée nationale. Photo : Me Bénéwendé Sankara, président de l`UNIR/PS


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Il a osé écrire  : « Madame, l’heure n’est plus aux équilibrismes intellectuels. Non, chacun et chacune de nous doit choisir son camp, car notre pays est en danger et le devoir nous interpelle tous  : mais l’histoire nous enseigne qu’il y a trois types de généraux lorsqu’une bataille décisive s’annonce…  ».



Venant d’un sankariste, plus rien ne peut encore étonner. Faut-il seulement remarquer qu’après plus de vingt ans de régime démocratique, ces adeptes de la pensée éculée, n’ont même pas pu engager une petite bataille, a fortiori décisive, ne parlons pas de la gagner.

Leur seul haut fait de guerre est d’avoir réussi à se démultiplier en têtes de rats à l’infini, et d’être en conséquence réduits aujourd’hui, à s’accrocher aux basques d’une queue de lion et de s’y agripper avec la dernière énergie qui leur reste.

On a souvenance comme si c’était hier que l’UNIR/PS, le seul parti sankariste à vivoter tant bien que mal avait, à la faveur des manifestations de 2011, appelé à l’insurrection populaire en vue d’un renversement du régime en place. On sait ce qu’il en est advenu de cet appel. Le résultat fut pathétique.

On peut alors s’interroger de savoir quelle mouche a pu bien piquer ce député sankariste de comparer le combat politique à une guerre qui obligerait chaque Burkinabé à choisir son camp, pour une bataille décisive. Il y a des Burkinabè qui ne veulent pas choisir de camp. Ils aspirent seulement à la paix et ils sont nombreux à prier pour que notre pays demeure en paix.

Une absurdité d’autant plus criarde que même une famille, s’entend au sens sanguin du terme, est traversée par des contradictions. Elle n’en reste pas moins une famille qui, au-delà de ces contradictions, est appelée à vivre ensemble.

Mais de telles analyses de la part de nostalgiques d’une époque que le monde a placé au rang de reliques, dont le souvenir ne peut que doucement faire sourire, n’est pas en soi une surprise.

Ils sont et resteront des anti-démocrates qui n’ont pour seule et unique bréviaire, que le putschisme. Mais la courte échelle semble leur être donnée, à la faveur des débats sur le sénat et l’article 37, pour enfin toucher les délices du pouvoir, dont ils savent ne jamais être à même d’approcher, même en rêve.

En s’accrochant au chef de file de l’opposition, rôle qu’ils ont assumé dans une parfaite indifférence, et maintenant à ce nouveau parti, qui veut réussir la prouesse de faire du neuf avec du vieux, l’UNIR/PS, espère-t-elle ainsi nous ramener la révolution démocratique et populaire  ?

Ou plus sûrement, obtenir un ou deux postes de ministères délégués dans un futur gouvernement de l’UPC ou du MPP, sachant le premier néolibéral et le second social démocrate  ? Ce serait le plus grand écart dans notre histoire politique entre des purs et durs marxistes, l’UNIR/PS, des adeptes de la droite la plus réactionnaire, incarnée par l’Amérique des Bush père et fils, l’UPC, et des déflatés du CDP, prônant un socialisme tempéré. Il faut être sankariste pour s’y retrouver dans un tel imbroglio politique.

Alors, qui mieux que ce parti en totale perdition, aurait pu nous dépeindre un débat politique, somme toute normal dans une démocratie bien réelle, contrairement à ce qu’il pense, comme étant une guerre où chacun doit se positionner  ? Ce qui frappe de plein fouet dans cette sortie ratée, c’est un manichéisme qui ne dit pas son nom, les bons sont contre et les mauvais pour, vous campent une construction idéologique, véritable aversion contre l’expression du peuple.

Ce parti sait par expérience que le peuple burkinabé, devenu mature, ne mettra jamais une bille sur lui. Seulement, nous sommes dans une vraie démocratie, dans laquelle chaque parti a la latitude de s’exprimer librement. Et, il en profite à satiété. N’est-ce pas que tout est dicible, y compris d’affirmer que le débat public contradictoire appelle à sonner la trompette de la guerre. Simplement hallucinant  !

Un peu de tempérance est-ce trop demander  ?

Madame Bonkoungou, une pleurnicharde, dixit l’UNIR/PS  ? C’est insulter cette brave dame qui n’a jamais manqué d’affirmer ses convictions, dans un sens comme dans l’autre. Elle au moins, sait à visage découvert, asséner avec responsabilité mais non sans détermination, ce qu’elle pense.

Alors l’UNIR/PS, derrière lequel se cache tous ceux-là auxquels son message est adressé, non contente d’être un bien piètre décrypteur de son message, s’est encore plus perdue, lorsqu’elle feint de ne pas comprendre que les changements brutaux, quels qu’ils soient, ont toujours un lourd poids sur les hommes et la société. Et les partis qui en sont les instigateurs en paient immanquablement le prix fort un jour ou l’autre.

En l’occurrence, son choix du référendum rejoint cette réplique d’un journaliste de la radio mondiale, lorsqu’interrogeant Ablassé Ouédraogo, il lui demandait pourquoi refuser le référendum alors que l’opposition dont il se réclame, chante sur tous les toits qu’elle est majoritaire et que le peuple est de son côté.

Autrement dit, il n’y a qu’une telle opposition à n’avoir toujours pas compris que le référendum est la seule voie qu’empruntent les vrais démocrates pour trancher une question faisant l’objet d’une contradiction fondamentale.

C’est pourquoi, croire qu’elle demande quelque chose pour un quelconque parti, et plus grave encore, pour le Président du Faso revient à denier la réalité que la conquête du pouvoir se fasse par l’urne.

Toutes ces chamailleries nous font penser à cette autre contradiction entre la fin et les moyens que n’arrivent décidément pas à trancher les politiques africains.

C’est pourquoi, en femme politique, vraie et authentique, en mère de famille, Mme Bonkoungou en appelle à la tempérance. Dans un monde de brutes, elle est dans son rôle, de dire que mettre de l’eau dans son vin, grandit plutôt que rabaisse.

Mais pour des putschistes congénitaux, c’est un trop difficile à faire la nuance. Trop obnubilé par ce sentiment enfouit que la politique est une affaire de revanche, l’occasion est belle de verser dans la surenchère.

Ca ne coûte rien d’autant mieux qu’un parti aussi moribond a droit à une pleine page du premier quotidien burkinabé pour donner son point de vue. Cette pratique politique opportuniste, n’est-elle pas le propre des partis qui ne compte pas, mais qui se disent, pour exister, qu’il faut faire plus que ceux qui n’ont pas besoin de hurler avec les loups afin qu’on sache qu’ils sont là  ?

Non, la voie sage, n’en déplaise aux tenants de la thèse que le peuple n’est pas capable, c’est le référendum. Comme la mise en place du bulletin unique, l’adoption de la biométrie, le vote des Burkinabé de l’extérieur, le référendum aura son coût. Un coût qu’il faut payer, si on veut adhérer à la démocratie.

Mais, plus important que cela, la consultation du peuple donne à chaque Burkinabé son pouvoir  : celui d’avoir en main son bulletin et de l’utiliser comme bon lui semble.

Et encore plus important, c’est bel et bien le moment où jamais. Car, il n’existe pas une meilleure opportunité dans une démocratie pour en appeler au peuple que lorsque dans un pays, tout le monde s’intéresse à une question parce qu’elle divise.

La thèse de l’affrontement, que ce soit dans un camp ou dans l’autre, ne peut avoir pour théâtre que l’isolement dans l’isoloir de l’urne. Chacun face à son destin.

Il n’existe pas plus belle preuve de la liberté d’expression que celle-là. Ou bien, personne au Burkina Faso ne comprend rien à ce régime, sinon que chacun fait semblant de ne rien y comprendre. C’est tout bonnement ce qu’a dit dame Bonkoungou et, au cas où l’UNIR/PS ne l’aurait pas remarqué, elle a choisi son camp, celui de la démocratie.

Souleymane KONE

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