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Le Quotidien N° 976 du 30/1/2014

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Création d`un groupe de médiation: Une initiative aux multiples non-dits
Publié le vendredi 31 janvier 2014   |  Le Quotidien




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«Face à la situation politique nationale de plus en plus délétère, un groupe de personnalités s’est auto-saisi du problème (…). L’objectif poursuivi est de faire prévaloir le dialogue dans la recherche de solutions au problème sociopolitique ».

Depuis que l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo a annoncé, en ces termes, son intention d’intervenir dans le débat national pour y apporter ses bons offices, les supputations sont allés bon train. Quelle est la composition de ce groupe de personnalités ? Quel est leur mandat ? De quelle légitimité disposent-elles pour mener à bien leur mission? Bref, de nombreuses interrogations qui attendaient réponses. Ce fut à moitié fait le 30 janvier dernier.

Dans la déclaration remise à la presse, on apprend que l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo s’associe à trois autres personnalités pour former le Groupe de facilitation (lire la déclaration). Cette mission de conciliation vise deux objectifs : « obtenir que les parties en conflit s’accordent sur une plateforme de transition politique apaisée ; éviter ainsi que notre patrie commune, le Burkina Faso, ne se déchire, violemment, autour de la dévolution du pouvoir en 2015 ». Après une série de rencontres avec les « acteurs clés » de la vie politique et sociale au Burkina, les médiateurs entendent aboutir à des « propositions consensuelles ».

Beau programme s’il en est, puisque sous-tendu par la recherche de la paix. Dans cette phase tourmentée, le pays a besoin de toutes les bonnes volontés pour une transition sans casse en 2015.

Seulement voilà, il y a un hic : les positions entre partisans et adversaires de la révision de la Constitution, qui est la pomme de discorde, sont si tranchées qu’on se demande par quel tour de magie les nouveaux sages arriveront à dégager des « propositions consensuelles ». Car dans cette confrontation, aucun compromis n’est pour le moment possible, d’autant que chaque camp croit être le seul détenteur de la vérité.

Le chef de l’opposition l’a dit et redit, sa position sur la modification constitutionnelle pour permettre une autre candidature de Blaise Compaoré est non négociable. Le pouvoir, lui aussi, ne jure que par une candidature de son champion. L’équation est donc quasiment impossible à résoudre et la médiation vouée à l’échec. Ce d’autant que dans sa déclaration, on lit ce passage énigmatique : « (…) Le chef de l’Etat actuel qui jouit d’une grande longévité au pouvoir est crédité d’une estime au plan national et international ».

C’est sûr, cette assertion fera sursauter l’opposition qui ne cesse de décrier la politique du président Compaoré. La médiation, dès ses premiers mots, qui ont été sans doute pesés, pourrait pécher, aux yeux de l’opposition, pour son parti-pris. Cela n’est pas fait pour instaurer la confiance avec tous les acteurs de la vie sociopolitique dans le cadre d’une négociation. Sans compter ces autres phrases, toutes aussi sibyllines : « Peuple du Burkina Faso, ne te voile pas la face. Ouvre les yeux et regarde en face de toi pour constater que la récréation est bel et bien terminée.

» Ce sont des affirmations pour le moins ambiguës, donc sujettes à diverses interprétations, même si la médiation reconnait que interdiction est faite à Blaise Compaoré de postuler à la présidentielle 2015, de par les dispositions de la Loi fondamentale. En tout état de cause, c’est une mission difficile et sans garantie de succès qui attend les quatre signataires. Leurs faits et gestes seront épiés, pour voir, si, au-delà leur profession de foi, ils sont dignes de confiance.

Et surtout, les opposants à la révision de la Constitution et à toute nouvelle candidature de Blaise Compaoré chercheront à savoir s’ils ne sont pas en mission commandée. Rien n’est donc gagné pour les quatre éminentes personnalités qui jouent, dans cette opération, leur crédibilité. Tout faux pas peut leur être très préjudiciable du point de vue de leur réputation.

La méfiance de certains Burkinabè est d’autant plus fondée que les multiples structures de médiation créées de par le passé ont juste servi à donner un nouveau souffle au régime. Le groupe de facilitation devrait donc prouver qu’il n’inscrit pas son action dans le cadre d’une opération de sauvetage d’un individu ou d’un groupe d’individus, en freinant l’élan démocratique en cours dans le pays. Il va sans dire que, en dépit de la présence majoritaire de religieux au sein du groupe, l’opposition ne lui donnera pas le bon Dieu sans confession .

La Rédaction

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