Longtemps considéré comme un protégé du secrétaire général de la section provinciale du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dans le Houet, l’ex-maire de l’arrondissement n°5, qui était aussi le secrétaire général de la sous-section CDP de Dafra, fait partie des premiers responsables CDP de la province à tourner le dos au parti d’Assimi Kouanda. C’est le dernier-né des formations politiques au Burkina, à savoir le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), qui sera son point de chute. En choisissant purement et simplement de fausser compagnie à ses ex-camarades du parti majoritaire, Sidi Sanogo entend se départir, selon ses dires, d’un certain nombre de tares qui caractérisent la section provinciale du CDP Houet. C’est pourquoi, dans cet entretien qu’il nous a accordé mardi à son domicile, l’ex-maire de Dafra commence par nous situer sur les raisons de sa démission.
J’ai préféré quitter le navire CDP, d’abord, pour des raisons personnelles et, ensuite, pour des raisons politiques. Il arrive des moments bien précis où vous n’avez plus les mêmes visions que certains de vos camarades. Je pense que chacun dans son for intérieur peut faire une analyse de la situation et prendre la décision qui s’impose. Personnellement j’ai senti à un moment que la manière de gérer le parti ne me convenait plus. C’est ainsi que j’ai décidé de partir, du moment qu’une nouvelle opportunité s’offrait à moi avec la création du MPP. Si je n’ai pas hésité à rallier cette nouvelle formation politique, c’est parce que les raisons évoquées par Roch, Salif et Simon pour justifier leur démission du CDP étaient les mêmes que je connaissais au CDP Houet. Donc il n’y avait aucune raison pour moi de tergiverser, et je reste convaincu que j’ai fait le bon choix comme tous les autres démissionnaires.
Mais que reprochez-vous concrètement au CDP Houet ?
• Ce que je puis dire, c’est que des camarades au sein de cette section provinciale ne sont pas considérés comme il se devrait. Nous avons été les fondateurs du CDP en 1996, et pensons avoir apporté notre pierre à la construction de ce parti et au développement de nos différentes localités. Mais il se trouve qu’aujourd’hui, nous ressentons un certain mépris à notre égard. On constate surtout que des militants de première heure sont souvent laissés à la touche au profit d’opportunistes. Je ne me reconnais plus dans ce parti, qui est à la dérive. Lorsque la direction du CDP n’arrive pas à reconnaître les mérites de ses cadres et de ses militants, c’est qu’il y a problème. Et le plus déplorable est que la situation ne faisait qu’empirer au fil des jours.
Roch, Salif et Simon ont dénoncé le manque de démocratie au sein du CDP ? Est-ce le cas pour vous au CDP Houet ?
• Je partage entièrement leur point de vue puisque nous connaissons les mêmes problèmes à Bobo-Dioulasso. Ce que je puis dire est que le CDP Houet n’était plus un espace d’expression démocratique. Et le plus embêtant est que de plus en plus le parti était truffé d’arrivistes qui ignorent les vrais fondements du CDP et qui posent quotidiennement des actes qui sont contraires à ses objectifs. Je pense en toute sincérité que les camarades ont bien fait de partir et je ne peux que les soutenir. Je reste convaincu que d’autres auront aussi bien le courage de faire leur valise pour rejoindre le MPP.
Vous étiez pourtant considéré comme un protégé de Salia Sanou. Comment a-t-il accueilli votre démission ?
• C’est vrai que j’étais très proche de lui. Mais ce que je veux faire savoir dans l’immédiat est que mon départ du CDP n’entame en rien nos relations amicales. Je sais que ce n’est pas toujours facile de quitter un ami, mais lorsque la situation l’impose, on n’a pas le choix. Respectueusement je suis allé lui faire part de ma démission, et il l’a acceptée. Je pense même lui avoir rendu service en partant parce que très souvent il a été pris à partie par des gens qui ne comprenaient pas son silence face à l’indifférence que je manifestais de plus en plus vis-à-vis de la section provinciale du CDP.
Vous êtes l’un des rares militants à démissionner dans le Houet. Est-ce que cela n’est pas gênant pour vous ?
• (Rires). C’est vrai que partout on dit qu’à Bobo les gens ne démissionnent pas, et pourtant non. J’ai à mon niveau un lot de fiches de démission signées par des membres du comité de base. Je continue à recevoir chaque jour des militants CDP qui viennent pour s’informer sur le nouveau parti et voir dans quelle mesure ils peuvent disposer d’une carte MPP. Mais je leur demande de patienter puisque le parti est en train de se mettre progressivement en place. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que les militants CDP sont actuellement sous pression à Bobo. Mais cela ne les empêche pas de venir vers nous pour manifester leur désir d’adhésion. Je pense que dans les prochains jours, nous procéderons à la publication de la liste des démissionnaires.
Vous étiez à Ouagadougou pour l’AG constitutive du MPP. Votre commentaire.
• Personnellement, Je n’ai pas été du tout surpris par cette mobilisation parce que les gens attendaient cela depuis bien longtemps. L’avènement du MPP, selon moi, est comme un salut pour des milliers de Burkinabè qui se reconnaissent désormais dans le Mouvement. Ce qui m’a surpris, c’est plutôt la présence à la maison du Peuple de certains Bobolais, et cela, je ne m’y attendais pas du tout. C’est pourquoi je vous dis de patienter. Ce qui est sûr, vous serez édifié par la liste des démissionnaires du CDP Houet que nous porterons à votre connaissance.
