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Fonctionnaires fictifs : Ces fantômes qui sucent nos Etats
Publié le samedi 3 novembre 2012   |  Journal du Jeudi




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On sait la Fonction publique burkinabè gangrenée par plusieurs maux, dont les plus connus sont l’absentéisme, la corruption et le laxisme. Mais il y a un autre phénomène qui a été négligé et qui, pourtant, est une plaie béante de notre Administration: les fonctionnaires fictifs. Le compte-rendu du Conseil des ministres du mercredi 24 octobre dernier est sans équivoque à ce sujet. Au pays des Hommes intègres, des hommes et des femmes s’engraissent indûment sur le dos de la princesse. En effet, suite au recensement biométrique des agents de l’Etat en cette année 2012, il ressort qu’au moins
6 000 personnes sont payées irrégulièrement par l’Etat, et le Trésor public a casqué, en dix mois pour ces fonctionnaires fantômes, trois guiros. C’est le comble pour un pays au taux de chômage galopant et où plusieurs jeunes diplômés frappent désespérément à la porte de la Fonction publique. Mais comment de telles irrégularités ont-elles pu exister dans un système où tout semble verrouillé?
On sait, en effet, que pour les fonctionnaires normaux, se faire mandater relève d’un parcours du combattant. Après avoir obtenu l’acte administratif du ministre de la Fonction publique, il faut user ses paires de chaussures dans les escaliers de la direction de la solde. Parfois, il faut recourir aux dessous-de-table pour espérer avoir gain de cause. Le phénomène de la corruption était devenu si grave que le gouvernement a pris des mesures énergiques pour éviter tout contact entre les fonctionnaires et les agents de la solde. C’est dans ce cadre que l’informatique a fait son entrée dans la gestion des agents de l’Etat burkinabè.
Le ministère en charge de la Fonction publique et celui chargé des Finances ont uniformisé leurs bases de données de sorte à avoir un meilleur contrôle. Comment, avec toutes ces difficultés pour se faire mandater, et aussi la surveillance par le système informatique des actes administratifs ayant des incidences financières, des anomalies ont pu exister? Assurément, les fonctionnaires fictifs n’ont pu installer leur deal qu’avec la bienveillance de personnes introduites, voire au cœur du système de la paye. Maintenant que le pot aux roses a été découvert, une fois de plus, le gouvernement doit communiquer sur les suites à donner à ces irrégularités. Si rien de concret n’est fait, on se retrouvera dans quelques années dans une situation similaire.
On constate en effet que les fonctionnaires fictifs ont la peau dure. Ce n’est pas la première fois qu’ils sont débusqués, mais la pratique se poursuit de plus belle. Même la Révolution démocratique et populaire, avec l’exigence qu’on lui connaît, n’a pas réussi à enrayer le phénomène. Plus d’une fois, l’Etat a eu recours aux opérations billetage pour payer les fonctionnaires sur leur lieu de travail. C’était une façon de verser les salaires exclusivement à ceux qui y ont réellement droit. La résurgence de ces fonctionnaires fantômes laisse penser qu’il existe une organisation secrète au sein des ministères de la Fonction publique et des Finances pour s’enrichir sur le dos de l’Etat. Pour vaincre le mal, il faut tout simplement frapper fort. Ne pas prendre les sanctions appropriées, c’est encourager par l’inaction ces mafieux qui continueront à exploiter les failles à leurs profits. Au besoin, les Etats africains pourraient mettre en commun leurs expériences car le phénomène semble être transnational et est connu de la quasi-totalité des Etats africains, parfois dans de proportions plus importantes.
Les trois milliards perdus par le Burkina sont une broutille face au huit milliards de la Cote d’Ivoire, et surtout au huit milliards mensuels du Cameroun. Dans le royaume chérifien, 12% des agents de l’Etat seraient des fonctionnaires fictifs.

Adam Igor

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