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Situation socio-politique : l’analyse du CADRe
Publié le vendredi 24 janvier 2014   |  CADRe


Hippolyte
© Autre presse par DR
Hippolyte Domboué, secrétaire exécutif national du Cadre de réflexion et d’actions démocratiques (CADRe)


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Ceci est une déclaration du Pour le Cadre de réflexion et d’actions démocratiques (CADRe) sur la situation socio-pàlitique du Burkina.


Le 04 janvier 2014, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) enregistrait la démission de ceux qui, jadis, menaient de mains de maître ce méga parti qui a dirigé notre pays durant ces vingt huit (28) dernières années et qui continue de « le diriger ». Ce tsunami, qui bouleverse à n’en pas douter le paysage politique, a été accueilli avec une certaine euphorie. Ce qui est constant, c’est que cette vague de démission intervient à un moment où le Burkina Faso traverse une des crises les plus profondes de son histoire.

I- Des éléments de la crise

Crise structurelle par définition, elle gangrène la quasi-totalité des domaines de gouvernance qu’elle soit politique, administrative, économique, sociale, etc.

A. De la gouvernance politique et administrative

1. La gouvernance politique

Le Burkina Faso traverse depuis plus d’une décennie, une crise politique qui se traduit par :

• le contrôle, par le pouvoir en place, des partis politiques de l’opposition qui se montrent dans leur ensemble incapables de s’unir et de proposer au peuple burkinabè de vrais projets de société alternatifs;
• le refus du consensus quant aux règles du jeu démocratique ainsi que la logique de l’exclusion et du monopole;
• la constance dans la négation de l’Etat de droit et des valeurs républicaines matérialisée par de nombreux crimes de sang et restés jusque-là impunis.
• l’absence de véritable séparation des pouvoirs ;
• les velléités de révision de l’article 37 de la Constitution du 02 juin 1991 en vue de sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels et la mise en place d’un Sénat;
• La politisation des institutions et de certains acteurs sensés être apolitiques. Il s’agit :
- des chefs traditionnels et religieux;

- de l’armée par son embrigadement et par les assassinats politiques perpétrés par des militaires au service du pouvoir en place ;

- l’existence du Régiment de sécurité présidentielle malgré les recommandations du Collège des sages de le dissoudre;
• La caporalisation de certains opérateurs économiques par le pouvoir matérialisée par la création de structures de soutien d’opérateurs économiques à Blaise COMPAORE notamment la Fédération associative pour la paix avec Blaise COMPAORE (FEDAP/BC) ; ce qui participe à l’aggravation de la corruption et de l’affairisme;
• La faiblesse de la culture et de la conscience politique de la jeunesse burkinabè dans sa grande majorité. Pour la jeunesse éclairée, c’est beaucoup plus l’inconséquence des hommes politiques et le manque de leaders auquel ils peuvent s’identifier qui est la principale préoccupation.
En effet, les multiples trahisons des leaders politiques actuels ont fini par instaurer un climat de suspicion sur l’homme politique et une méfiance de la jeunesse vis-à-vis de la politique. A maintes reprises, la politique a été utilisée comme un moyen pour la réussite de celui ou celle qui la pratique grâce à des intrigues et à des pratiques contraires à l’éthique, aux valeurs morales, surtout étrangères aux intérêts des Burkinabè. Le mot « politique » évoque alors le mensonge, le vol, la ruse, la corruption, la manipulation, l’arrivisme, la courte échelle de réussite sociale .etc.
Ces faits marquants constituent des préoccupations
réelles pour la jeunesse qui est le fer de lance du processus démocratique au Burkina Faso.

2. La gouvernance administrative

La gouvernance administrative laisse à désirer. Elle est fortement caractérisée par :
• la politisation outrancière de l’administration publique traduite par l’implantation en son sein de cellules CDP ;
• les nominations de complaisance aux postes de responsabilité visant à récompenser les militants du parti au pouvoir;
• les affectations sanctions et la mise au garage systématique des leaders et militants syndicaux ;
• la dégradation constante des conditions de vie et de travail des agents publics, conséquence logique de la dépendance financière vis-à-vis des Institutions financières internationales qui imposent à notre pays le respect parfois à son détriment d’un ensemble de ratios prudentiels.
• l’inadaptation de notre administration et la faible déconcentration des services administratifs
• etc.

B. De la gouvernance économique et sociale

1. La gouvernance économique

La situation de la gouvernance économique du Burkina Faso est assez préoccupante au regard des enjeux actuels de développement. Elle est marquée par :
• l’approfondissement de la crise économique liée aux privatisations et la mauvaise gestion des sociétés d’Etat, des ONG et des projets ou programme de développement ;
• la cherté de la vie qui est à l’origine de la grogne sociale.
• La prédation des terres des braves paysans, par les nouveaux riches, sous le couvert de l’agro-business ;
• Le « boom minier » dont les retombées ne profitent pas à la grande majorité des Burkinabè ;
• L’accaparement des marchés publics par les clans au pouvoir ;
• l’efflorescence de la corruption et le développement d’une culture d’impunité, sources de la rupture de confiance entre les gouvernés et les gouvernants.
• etc.

2. la gouvernance sociale

Les traits caractéristiques de la gouvernance sociale sont pour l’essentiel :

• l’aggravation de la crise sociale consécutive aux mesures d’ajustement structurel imposées par les Institutions financières internationales et traduisant le désengagement de l’Etat des secteurs sociaux de base. Cette situation a pour conséquence la baisse de la qualité de l’enseignement, la déficience des services de santé, le développement de fléaux tels le banditisme, la drogue, la prostitution et la paupérisation constante des populations. Les différents correctifs trouvés pour endiguer les effets pervers de l’ajustement structurel (cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, programme de développement de l’enseignement de base, etc.) n’ont pu guère améliorer substantiellement cet état de fait;
• la remise en cause des acquis sociaux arrachés de hautes luttes par les travailleurs avec l’adoption du nouveau code de travail ;
• la braderie du système de formation universitaire pour des raisons politiciennes ;
• etc.

Face à cette situation peu reluisante, notre pays et notre peuple doivent faire face à des défis majeurs qui commandent une mobilisation sans équivoque de ses fils et filles.

II- Des défis à relever

Le Burkina Faso fait face à de nombreux défis qui interpellent tous les acteurs de la vie politique notamment les partis politiques, la société civile etc.

A. aux plans politique et administratif

Le retour à une vie constitutionnelle normale amorcé en 1991 avec l’adoption de la Constitution du 2 juin, fondement de la quatrième république après plusieurs périodes de succession d’expériences démocratiques et révolutionnaire, constitue une étape politique majeure de l’histoire de l’expérience démocratique du Burkina Faso. Mais sur les plans politique et administratif, le processus démocratique amorcé connait de multiples défis tant au niveau national que local.
Au plan national, le renforcement et l’approfondissement de la gouvernance démocratique commandent la dépolitisation de l’armée et de l’administration publique, le respect des droits humains, l’acceptation de l’alternance, l’instauration du consensus quant aux règles du jeu démocratique ; toutes choses qui vont contribuer à l’instauration d’une culture démocratique partagée fondée sur la confiance, la tolérance et la modération ; la légitimité des mécanismes électoraux (renforcement des capacités organisationnelles de la CENI ;
Au niveau local, l’amélioration de la gouvernance politique et administrative passe par le renforcement de la décentralisation à travers l’accroissement des capacités institutionnelles des collectivités ; l’effectivité de la déconcentration des services de l’Etat.

B. aux plans économique et social

Enclavé, pauvre très endetté, le Burkina Faso, présente une situation économie et sociale caractérisée par une balance de paiement déficitaire.
Afin d’inverser cette tendance et contribuer ainsi à l’accélération de la croissance, Il s’avère nécessaire de relever les défis majeurs de la mécanisation du secteur agricole et la vulgarisation des bonnes techniques et méthodes culturales, la réduction des coûts des facteurs de production (électricité, eau) afin de permettre aux entreprises d’être compétitif; la réduction du coût de la vie, le développement et la valorisation du capital humain, l’industrialisation, etc.
S’agissant du développement et de la valorisation du capital humain, son effectivité passe par le relèvement d’autres défis dans les domaines de la santé et de l’éducation.
Aussi, dans le domaine de la santé, le défi majeur est d’assurer aux populations l’accès aux soins de santé de qualité à moindre coût.
En matière éducative, il s’agit d’avoir une politique cohérente qui intègre à la fois les exigences de l’enseignement général à travers ses composantes de base, des enseignements secondaire et supérieur afin de rompre avec les tâtonnements et l’amateurisme.

III- Comment incarner l’espoir dans un Burkina Faso marqué par une crise aussi profonde et où les défis sont si nombreux à relever

Passée l’euphorie, il appartient à ces leaders, qui viennent de claquer la porte du CDP, de poser les fondations d’un vrai parti d’avenir qui fait de la satisfaction des aspirations du peuple, et non de leurs aspirations propres, sa raison d’être, son essence.

La défense et la promotion des valeurs démocratiques et de l’Etat de droit, le combat pour son édification et pour le développement ne peuvent être effectifs pour ce nouveau parti et porter des fruits que s’il est accepté par les populations.

En effet, tout le travail de conscientisation et de mobilisation ne pourra avoir un écho favorable auprès des masses que si l’entité à naitre inspire confiance et respect. La question qui se pose donc est de savoir comment faire pour bénéficier de la confiance et du respect du peuple ?

Même si la réponse à cette question n’est pas évidente en soit, il reste constant que le nouveau parti ne pourra pénétrer les masses que s’il est crédible. En effet, nombre de structures qui au départ avaient suscité des espoirs, ont perdu toute considération de la part de ceux qui ont toujours fait leur force dès lors qu’elles ont cessé d’être crédibles. Il suffit pour s’en convaincre de scruter la scène politique nationale ; il y en a des tonnes en commençant par votre ancien parti qu’est le CDP.

La crédibilité d’un mouvement se mesure dans un premier temps dans sa capacité à proposer au peuple un vrai projet de société assorti d’un programme politique conséquent et cohérent qui place l’homme au centre de toute chose, de toute action et non de simples déclarations de bonnes intentions. Pour cela, il faudrait que le programme mette résolument le cap vers l’édification d’un Etat de droit démocratique dans lequel les préoccupations réelles du peuple pourront trouver solutions. Un programme qui prenne en compte les préoccupations présentes mais qui également anticipe sur celles futures. En ce sens, il faudra être capable de répondre aux questions suivantes : qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où sommes-nous et où voulons-nous aller ?

La crédibilité d’un mouvement repose dans un second temps sa constance dans ses prises de position et dans la capacité de ses militants à être bons, justes et intègres. Ils devront donner le meilleur d’eux même partout où ils se trouvent et être à même de porter un message d’espoir dans un Burkina Faso où les défis sont si nombreux à relever que tout pousse que désespoir.


Pour le Cadre de réflexion et d’actions démocratiques (CADRe)

Le Secrétaire exécutif national


Hippolyte DOMBOUE

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