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L’Observateur Paalga N° 8539 du 17/1/2014

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Situation nationale : Conseils d’un jeune Ivoirien aux Burkinabè
Publié le samedi 18 janvier 2014   |  L’Observateur Paalga


Karim
© Abidjan.net par DR
Karim Ouattara, conseiller chargé de la Jeunesse à la Commission vérité dialogue et réconciliation


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Décidément les démissions au CDP inquiètent bon nombre d’Ivoiriens qui craignent de voir le Burkina Faso tomber dans une crise comme ils l’ont vécue récemment.

Dans cette lettre adressée aux Burkinabè, Karim Ouattara, conseiller spécial du présient de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, invite la jeunesse burkinabè à la raison et au dépassement de soi pour préserver la paix sociale.

Chers amis et frères,

Quand dans une vie, l’on a connu les affres de la traversée du désert, l’on doit par solidarité prévenir son voisin pour éviter qu’il emprunte le même chemin de la perdition pour connaître inévitablement les mêmes revers de l’imprudence humaine. La question de la création du Sénat et la candidature du président Blaise Compaoré déchaînent les passions au point où le mercure politique au Burkina Faso a atteint un niveau alarmant pour la cohésion et la stabilité de ce pays très stratégique pour la sous-région ouest-africaine. Frantz Fanon a eu certes raison d’avancer que chaque génération a sa mission : la remplir ou la trahir. Mais aujourd’hui, la frontière reste suffisamment étanche entre la manière de remplir les missions des temps modernes et les exigences de survie de nos Nations. Devant la fièvre généralisée et la passion qui s’est emparée du peuple burkinabè avec en première ligne sa jeunesse, le devoir de mémoire et de bon voisinage m’emmène à parler à vous, mes frères jeunes du Burkina Faso, pour éviter que vous n’empruntiez le même chemin qui a failli perdre la jeunesse ivoirienne, qui s’est d’abord combattue dans les rues avant de s’affronter dans une guerre fratricide. Comme le dit un célèbre dicton arabe, l’encre des savants est plus sacrée que le sang des martyrs. C’est pourquoi en tant que jeune de l’ancienne Basse Volta, j’ai décidé de m’adresser à mes frères jeunes de l’ancienne Haute Volta à quelques jours où les rues de Ouagadougou seront surchauffées avec tout ce que cela comporte comme risques de débordements inattendus. Par devoir de reconnaissance pour ce que vous avez fait quand la Côte d’Ivoire était dans le creux de la vague, je me refuse de garder le silence. Après Lomé, Marcoussis, Accra, Dakar, Pretoria, c’est votre capitale qui a donné la clé de la résolution de la crise ivoirienne à travers l’Accord politique de Ouagadougou. J’utilise ma modeste voix pour appeler la jeunesse burkinabè à la raison et à la pondération. Aujourd’hui le combat de toute jeunesse et singulièrement celle de votre pays, c’est d’avoir un Burkina de paix et de prospérité où la jeunesse pourra s’épanouir. En tant que jeune Ivoirien, donc votre voisin le plus proche, géographiquement et sociologiquement, je vous prie d’éviter de tomber dans les travers et les débordements qui ont conduit la jeunesse ivoirienne à se faire hara-kiri à travers les casses avant de reprendre aujourd’hui conscience.

Même à son pire ennemi, on ne souhaite pas la guerre

Renseignez-vous auprès de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire. Vous comprendrez que la guerre, les casses et les querelles politiciennes ne sont pas une expérience que l’on peut souhaiter à son pire ennemi, à fortiriori à un peuple qui partage des liens séculiers et historiques avec la Côte d’Ivoire. Quelles que soient l’ampleur et la nature des différends, l’on doit se garder de faire monter les enchères, en s’asseyant autour d’une même table pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent entre vous. C’est en cela que j’en appelle à mes amis jeunes du Burkina Faso. J’interpelle aussi les aînés politiciens burkinabè qui ont, pour la plupart, plus de 50 ans à ne pas sacrifier la jeunesse sur l’autel de leurs ambitions sectaires. Nous réitérons nos remerciements au président du Faso et à son vaillant peuple pour tous les efforts consentis dans la résolution de la crise ivoirienne. C’est vous qui avez envoyé le seau d’eau lorsque la case Ivoire était en feu. Aujourd’hui, nous sommes en train d’éteindre les dernières braises et nous constatons que des étincelles commencent à se déclarer dans la case de celui qui nous a apporté le seau d’eau hier. Ce n’est pas une ingérence dans vos affaires intérieures ; c’est pourquoi le devoir de fraternité et de reconnaissance nous interpelle. Ceux qui s’attaquent à la médiation du président Guillaume Soro doivent se raviser et savoir que la relative paix qui permet aujourd’hui aux Ivoiriens et aux millions de ressortissants burkinabè qui vivent en Côte d’Ivoire d’avoir de la voix est en partie l’œuvre du président Blaise Compaoré. Que ceux qui tirent à boulet rouge sur le président du Parlement ivoirien ne découragent pas les bonnes volontés qui veulent aujourd’hui envoyer le seau d’eau retour pour aider le peuple burkinabè.

Les crises en Centrafrique et au Soudan doivent nous interpeller

Chers amis jeunes, gardez-vous de vous engager dans des combats dont vous serez les grands perdants. Vos amis jeunes de Côte d’Ivoire en savent quelque chose. Au Burkina comme partout ailleurs, ceux qui sont à la base des tiraillements politiques qui débouchent généralement sur les crises ont plus de 50 ans. Selon une enquête réalisée par le Bureau international du Travail (BIT), six chômeurs sur dix en Afrique sont des jeunes. Les mêmes études ont également démontré que les principaux animateurs des conflits armés sont les jeunes alors qu’ils n’en sont pas les instigateurs. Mais, ironie du sort, les jeunes sont également les premières victimes de ces crises. Nous devons donc tirer les conséquences de cette situation à travers une prise de conscience en évitant de nous embarquer dans une aventure qui risque de compromettre l’avenir. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, la fièvre qui s’est emparée du débat politique burkinabè risque de déboucher sur un autre foyer de tension, qui sera dommageable à la sous-région. Les crises du Mali, du Soudan, de la Centrafrique et l’émergence d’un afroterrorisme dans lequel sont engagés les jeunes Africains doivent nous interpeller. Le Burkina Faso, qui jusque-là est la terre de jonction des contraires, où toutes les médiations des crises de la sous-région se font, ne mérite pas de tomber dans la spirale de la violence et d’une instabilité politique, encore moins sa jeunesse. Votre voisin qui est la Côte d’Ivoire ne peut s’inscrire dans la lignée des ingrats qui, une fois sortis de la tourmente, ferment les yeux et les oreilles sur ce qui se passe chez celui qui est venu les secourir hier. C’est en cela qu’il faut dépassionner le débat et saluer les initiatives du président Guillaume Soro parce que la paix dont bénéficie aujourd’hui la Côte d’Ivoire est un effort personnel du président du Faso avec le soutien du peuple Burkinabè. Personne, y compris les quatre millions de Burkinabè qui vivent en Côte d’Ivoire, ne doit être indifférent quand il y a des remous au Burkina Faso. Ce n’est donc pas une ingérence, encore moins une volonté de positionnement politique de la part de Guillaume Soro que vous connaissez très bien. Nous encourageons le président Blaise Compaoré a toujours garder son sang froid qui lui a permis de régler toutes les crises de la sous-région, en trouvant les mots justes pour discuter autour d’une même table avec ses compatriotes. Une crise au Burkina Faso ne fera l’affaire ni des Burkinabè ni encore moins des Ivoiriens. C’est pourquoi au nom du devoir de reconnaissance pour la paix que vous nous avez apportée hier et au nom des liens séculiers qui unissent nos deux peuples, nous vous appelons à la raison et au dépassement de soi pour ne regarder que les intérêts supérieurs de nos deux Nations.

Fraternellement,


KARIM Ouattara, Conseiller spécial du président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation chargé de la jeunesse.

Abidjan, Côte d’Ivoire

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