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Sidwaya N° 7579 du 10/1/2014

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Justin Koutaba: « Une nouvelle vision de la coopération se dessine »
Publié le lundi 13 janvier 2014   |  Sidwaya


Justin
© aOuaga.com
Justin Koutaba, l’ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’Ivoire


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Le sommet de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est déroulé à huis clos le 10 janvier 2014 dans la capitale ivoirienne. L’ambassadeur du Burkina Faso à Abidjan, Justin Koutaba revient, dans cet entretien, sur les grands traits de cette rencontre. Il décrypte aussi le dynamisme de la coopération avec le Japon.

Sidwaya (S.) : Quel a été le contenu des échanges entre les chefs d’Etats de l’Afrique de l’ouest et le Premier ministre japonais ?

Justin Koutaba (J.K.) : Les chefs d’Etat ont souligné que la venue du Premier ministre japonais en Afrique de l’ouest est une première. Surtout, cela signifie que le Japon, qui est la 4e puissance économique mondiale et qui entend avoir des relations économiques privilégiées avec l’Afrique, veut donner suite à ses engagements pris lors de la 5e TICAD, qui s’est tenue en juin 2013 à Yokohama.
C’était une opportunité pour le Japon de réaffirmer ses engagements et sa volonté de mette en œuvre tout ce qui a été décidé à la TICAD dans le sens du développement économique des pays Africains.

Le Japon a réaffirmé ses engagements déjà pris, concrètement, de quoi s’agit-il ?

J.K.  : Concrètement, il s’agit pour le Japon de répondre à un certain nombre de requêtes des chefs d’Etat qui les ont exprimées à travers plusieurs centres d’intérêt. Il y a d’abord la question des infrastructures routières, avec l’autoroute Lagos-Accra-Abidjan-Dakar, l’autoroute Abidjan-Ouaga, et le projet de la Boucle ferroviaire porté par le Conseil de l’entente.
Il y a aussi l’idée de faire en sorte que les pays africains puissent bénéficier des investisseurs japonais dans un cadre (PPP), c’est-à-dire un partenariat public-privé. Cela pourrait aller dans le sens de la mise en place d’industries de transformation.
Vous savez que l’Afrique de l’ouest regorge de ressources naturelles immenses, des potentialités énormes, minières et agricoles, exportées vers le reste du monde, de façon brute.
S’il y a une industrie de transformation, elle donnera une valeur ajoutée à ces produits et offrira une opportunité de création d’emplois pour les jeunes et pour les femmes.
Le président du Faso a surtout insisté là-dessus, pour comprendre comment ces créations d’emplois peuvent participer à l’épanouissement des populations et surtout à la stabilité.
Il a souhaité qu’à travers les investissements japonais, l’on puisse créer des industries et des unités de transformation de façon à donner un impact sur les politiques de création des emplois en faveur des jeunes et des femmes. Et ce, pour assurer la paix et la stabilité des Etats dans la sous-région.

S. : Les télécommunications constituent un besoin et une préoccupation pour nos Etats, est-ce que ce sujet a été abordé ?

J.K. : Le volet des télécommunications a été abordé car vous n’ignorez pas les capacités du Japon et son leadership dans le domaine. La question des technologies et notamment tout ce qui concerne l’automobile, mais aussi la question de la formation professionnelle, ont été évoquées
Si l’on veut mettre en place des unités de transformation en Afrique, il faut que cela soit basé sur les hommes et sur une valorisation des ressources humaines. Et c’est en cela que la formation professionnelle doit être prise en compte.

S. : Il y a aussi la question de la sécurité et de la paix qui préoccupe la sous-région.

J.K. : Vous connaissez l’équation « paix et développement ». Le Japon est prêt à mettre 83 millions de dollars à la disposition des pays de la CEDEAO pour assurer la paix dans les pays du Sahel. Cela est tout à fait important.

S. : Pourquoi le Japon s’intéresse-t-il à l’Afrique avec autant de détermination ?

J.K. : Si le Japon veut vraiment s’inscrire dans l’agenda des trois premières puissances économiques mondiales, il a intérêt à prendre en compte l’Afrique de l’ouest qui a un grand potentiel.

S. : Peut-on avoir une analyse de l’intellectuel et de l’enseignant que vous êtes sur ce sujet ?

J.K. : Le monde est en compétition aujourd’hui. L’Afrique est devenue un objet de convoitise aussi bien des Occidentaux, de la Chine que des autres puissances. Le Japon n’entend pas rester en marge de cette compétition ni en marge des efforts qui sont faits en Afrique vis-à-vis du développement. Même si historiquement le Japon n’a pas été un acteur particulier et spécifique en Afrique (s’étant gardé de la colonisation africaine), il a une place à jouer sur l’échiquier de l’économie internationale et nous pensons que cela va dans le sens des intérêts de l’Afrique.
Au-delà des politiques politiciennes, il faut beaucoup plus des politiques de résultats. Les populations ont des préoccupations. L’Afrique a des problèmes particuliers à résoudre ; autant aller vers une coopération dynamique gagnant-gagnant. Il faut quitter le cadre purement théorique et politicien, pour mettre un contenu économique concret dans la coopération, qui va dans le sens du développement, de l’épanouissement des populations de notre sous-région. Et je pense que c’est un nouveau paradigme, c’est une nouvelle conception, une nouvelle vision de la coopération qui se dessine.

S.  : Il y a déjà eu des accords qui se sont révélés iniques. Comment s’assurer que les nouveaux accords seront plus justes pour l’Afrique ?

J.K.  : La dynamique est maintenant dans les rapports gagnant-gagnant. Les rapports d’exploitation, de soumissions, où il y a une partie qui gagne et une autre qui semble lésée ; les rapports où il y a une exploitation des ressources naturelles africaines doivent être abandonnés. Il faut mettre fin à ce genre de coopération et faire en sorte que chacun trouve son compte. Sinon on va vers un déséquilibre du monde et une remise en cause de certaines relations et de certaines amitiés qui n’apportent absolument rien aux Africains. Les partenaires en sont conscients et nous aussi.

Propos recueillis à Abidjan par Aimé Mouor KAMBIRE

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