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Le Quotidien N° 960 du 10/1/2014

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Situation nationale: « Roch, Salif, Simon ou le coup de Judas... »
Publié le vendredi 10 janvier 2014   |  Le Quotidien


Roch
© Autre presse par DR
Roch Marc Christian Kaboré


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Evariste Konsimbo, président du Cercle d’éveil (CEDEV), a sa lecture des démissions récemment survenues au sein du CDP. Pour lui, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un coup fourré. Dans l’écrit ci-dessous, il estime que Roch, Simon et Salif sont en mission commandée. Ils sont en « embuscade dans l’opposition pour faire gagner Blaise », écrit-il. Lisons-le plutôt.
Si l’opposition considère la débandade qui vient de frapper le CDP autrement qu’à l’aune de la stratégie présidentielle pour rester coûte que coûte au pouvoir, elle risque de prendre une embellie pour le printemps et de perdre à nouveau le point sur un revers fulgurant. Car depuis un an, le président est passé maître dans l’art d’administrer les douches écossaises, avec un peu de chaud pour commencer (pas d’envie personnelle de se représenter, communiqué sur la remise à plat du sénat…) et puis beaucoup de froid pour conclure (référendum sur la réforme de la constitution, maintien du sénat…). Une stratégie très efficace, déployée en douce partout où s’élève un obstacle à la réélection de Blaise Compaoré, ou plus exactement à la réélection du clan dont Blaise Compaoré est le héros de fortune.
Donc pour comprendre le sens profond de cette débandade, il faut commencer par la visite que certains de ces caciques démissionnaires du CDP ont rendu à la fin de 2013 à Blaise Compaoré. Une habitude dans ce milieu, où chacun de ses serviteurs (y compris certains membres actuels de l’opposition) vient le prévenir avant de le quitter, avec plus ou moins de fracas, histoire de procéder à quelques arrangements en coulisse pour que ce départ ou cet éloignement continue de servir, à distance cette fois, certains intérêts du Président. Le message est clair, les démissionnaires du CDP sont allés lui dire qu’ils ne démissionnaient pas contre lui, mais contre le CDP où ils ont le sentiment de ne plus pouvoir servir ses intérêts de président (et en passant leurs propres intérêts). Comme la matière, la politique ne connait pas le vide et dans ce milieu, tout peut être recyclé à l’envi…
Un ADN politique de loup
Cette visite est un aveu qui montre que Messieurs Roch, Salif, Simon et les autres entrent encore dans les desseins présidentiels de Monsieur Compaoré, même en acceptant de jouer les parias quelque temps. Pas une égratignure contre ce Monsieur dans la lettre qui accompagne cette démission, mais une charge virulente contre le CDP et son secrétaire général Assimi, qui, tout à coup, devient une machine anti-démocratique sous l’emprise de copains (dont ils étaient il y a peu) avides de pouvoirs et de richesses. Bref, aujourd’hui, l’ennemi c’est le CDP version Assimi et non pas Blaise, belle manoeuvre de diversion qui replace le président dans son rôle de futur candidat : un homme seul, au-dessus des partis, y compris du sien, prêt à tutoyer son peuple comme il l’a déjà fait x fois pour rester président avec sa bande de 40 voleurs. Tous les enfants connaissent cette maxime, si tu n’es pas contre moi, tu es avec moi. Au Faso aujourd’hui, ces enfants s’appellent Roch, Salif, Simon et les autres…
L’un de ses enfants avait vu juste en répondant à la presse cette phrase lourde de vérité politique : un loup ne deviendra jamais un agneau. A dire vrai, il ne s’agit pas de repentis, prêts à faire amende honorable en soldant par le menu le rôle délétère qu’ils ont eux-mêmes joué pendant 30 ans au sein du CDP. Leur ADN reste le même (celui d’un loup), et d’une certaine manière ils ont la nostalgie du CDP où ils ont si longtemps dit la messe, avec le plus grand cynisme, malgré les souffrances qu’endurait le peuple. Ite missa est. Ah non, ça ils ne veulent pas l’entendre ! Et s’ils ont démissionné, c’est justement parce qu’ils ne veulent pas que la messe finisse, alors ils vont aller la dire ailleurs, et si possible pour le même dieu (si celui-ci veut bien accepter, pour un temps, certains accommodements avec la liturgie). Depuis des mois, Roch, Salif, Simon et les autres sont frustrés (oui, comme un enfant que l’on prive de sa glace à la vanille…), non pas de démocratie, mais de cette mise à l’écart, de cette façon ingrate de les ranger au placard comme ils l’ont fait eux-mêmes avec tant d’autres, de les rendre inutiles, de les humilier. Leur démission, c’est d’abord une chose personnelle (je devrais dire une exaspération), certes assumée collectivement, parce que leur égo ne supporte plus cette détresse, un sauve qui peut pour préserver ce qui peut encore l’être de leur vie politique.
Tous des «biibêsés»
C’est vrai que pour eux, l’annonce de la candidature du président est un coup encore plus dur que pour l’opposition, ce qui explique la virulence de l’effet de manche auquel nous assistons. Pour l’opposition, que le président se représente ou pas, le chemin vers le pouvoir reste aussi long et difficile puisqu’il faut nécessairement en passer par les suffrages du Peuple avec des adversaires qui maîtrisent tous les leviers du scrutin. Roch, Salif, Simon et les autres, enkystés au coeur du système, vivaient d’une illusion, qui rendait leur disgrâce supportable, un peu comme un chemin de croix. Chacun espérait bénéficier d’un raccourci en se faisant adouber par le président pour briguer à sa place la magistrature suprême, ce qui réduisait le vote des électeurs à une simple formalité de sérail. Mais voilà que l’annonce d’un référendum les place devant un mur et les fait tomber plus bas que bas ! Ce référendum, un coup de maître, se faire réélire 6 mois avant l’élection elle-même, de quoi faire applaudir de Gaulle…
Ce rétrécissement de l’horizon change complètement la donne. Pas question d’affronter le président de l’intérieur, c’est perdu d’avance, et dans ce milieu sans morale, on y regarde à deux fois avant de perdre les bénéfices de 30 ans de bons et loyaux services. Chacun a une femme, des maîtresses et des enfants. Non, pour espérer retrouver une place autour de la mangeoire, il faut commencer par biaiser, contourner l’obstacle en allant servir en terrain ennemi, à l’image d’un cheval de Troie, au coeur même de l’opposition, puis une fois la défaite acquise (de l’opposition), revenir à de meilleurs sentiments avec le président pour se voir récompenser de cette trahison utile. Après tout, sans Juda, Jésus ne serait pas au ciel aujourd’hui et c’est parce que Jésus y est parvenu qu’il peut racheter son délateur avec autant de miséricorde… Qu’à cela ne tienne, Blaise ne restera pas au ciel sans eux. En lui apportant la tête de l’opposition sur un plateau, ils feront son élection bien plus que le CDP version Assimi ! Des services commandés, ils en ont l’habitude, ce sont tous des «bibessés» (dur à cuir)…

L’ennemi, c’est le CDP version Assimi, pas Blaise !
Le président le sait, lui qui a passé sa vie à faire souffrir des personnes pour mieux les utiliser à ces fins de pouvoir, il n’y a rien de plus manipulable que des personnes qui souffrent dans leur ego. Et Roch, Salif, Simon et les autres souffrent comme des héros antiques depuis l’annonce du référendum qui signe leur déchéance ontologique. Ils ont tout fait pour préserver leur âme de cette blessure intime, mais maintenant ils n’ont plus l’âge ni la patience des querelles de palais, il leur fallait faire un coup. La démission (du CDP, pas du président bien sûr, qui est fou ?), c’est le compromis qu’ils ont arraché in extremis avec dieu, leur dernier trafic d’indulgences. Peu importe le sens que ces enfants eux-mêmes donnent à leur geste, ce qui compte c’est ce que le président va pouvoir en faire, y compris à leur insu. Car on peut se douter qu’il a un dessein pour eux, au sens politique le plus immédiat. De toute façon, depuis qu’il est président, tout ce qui lui arrive est aussitôt recyclé pour servir à perfectionner sa machine à rester au pouvoir. Roch, Salif, Simon et les autres ont d’ailleurs déjà commencé leur besogne en plaquant sur le Burkina un prisme manichéen : il y a un monstre, le CDP version Assimi, et un ange, le président, et tout le monde peut se défouler sur le monstre en oubliant que l’ange en est le premier démon…
Ensuite, chacun sait que pour dire la messe, il faut se regrouper autour d’une figure tutélaire. La leur, c’est Blaise Compaoré, incontestablement (histoire d’ADN), mais il faut changer un peu la liturgie pour faire autrement que le CDP version Assimi. Roch, Salif, Simon et les autres vont donc créer un nouveau parti, autant dire un nouveau CDP (histoire d’ADN encore). Et avec ce nouveau CDP, ils vont faire un peu d’agitation, dans les médias, à l’Assemblée (où ils restent constitutionnellement cdpiste, un comble d’avoir démissionné et de continuer à porter l’étiquette de son parti, diable que Blaise est perspicace quand il dicte une constitution à nos juristes…), peut-être même dans la rue, pour faire vrai. Et pour faire encore plus vrai, peut-être que le pouvoir va ressortir quelques vieilles casseroles, qui vont émouvoir des juges bien-pensants, peut-être même que nos enfants iront parader à la prochaine manifestation du 18 janvier… N’empêche, la comédie est lancée, et Juda ne craint rien, puisqu’il sait que Jésus a besoin de lui plus que de tous les autres apôtres admis à sa table !

En embuscade pour décapiter l’opposition
Voilà en quelques lignes, le jeu de rôle qui vient de se mettre en place dans notre pays. Or, à nos yeux, ce jeu de rôle est un jeu de mort qui guette l’opposition, un jeu contre lequel celle-ci n’est pas vaccinée. Par exemple, à l’instar de Roch, Salif, Simon et des autres, tous les dirigeants de l’opposition actuelle sont des transfuges du pouvoir, qui ont eu leurs galons d’opposant avec plus ou moins de célérité, souvent au détriment de la transparence la plus élémentaire. Pourquoi et au non de quoi refuserait-on à ces nouveaux transfuges le bénéfice de la sincérité ? Pourquoi l’opposition laverait-elle plus blanc que blanc Ablassé Ouédraogo et pas Salif Diallo, qui ne s’appréciaient pourtant guère du temps de leur ministère ? Oui, Roch, Salif, Simon et des autres savent parfaitement que le temps du doute joue en leur faveur et que le mal sera fait quand l’opposition se réveillera de ses naïvetés…
Aujourd’hui cette opposition se trompe gravement en estimant que la débandade opportuniste qui saigne le CDP sert ses intérêts. Peut-être que certains de ses dirigeants voudraient se racheter une conscience en accueillant parmi eux des camarades aussi impropres à la démocratie qu’ils l’étaient eux-mêmes, mais le fait est que ce nouveau CDP a justement pour ennemi l’opposition. Si tu n’es mon ami, tu es donc mon ennemi, eh oui encore une histoire d’enfants… Qu’ils en soient conscients ou non (n’oubliez pas qu’ils sont aveuglés par leur blessure égotique), Blaise Compaoré est en train de les préparer à décapiter l’opposition en la divisant. Et si même ces enfants démissionnaires jouaient le jeu, pensez-vous que ces égos enflés à l’impossible, présidentiables il y a encore quelques heures et persuadés de leur baraka politique, accepteraient de céder leur place de candidat à un histrion de l’actuelle opposition. La querelle serait immédiate, chacun se poussant du coude sous le regard amusé du président-candidat, et l’opposition tournerait à la foire d’empoigne pour priver le Peuple de toute alternance. Par ailleurs, si par miracle cette opposition venait à gagner, quelle prébende assez grasse pourrait obtenir ces monstres politiques face à des jeunes qui ont fait toutes leur carrière dans l’opposition et qui incarnent en vie et en conscience le changement ? Non, franchement, si Blaise perd, Roch, Salif, Simon et les autres ont tout à y perdre, du pouvoir, de l’argent, de la tranquillité et peut-être même de la liberté. Le scénario est écrit, ils seront en embuscade dans l’opposition pour faire gagner Blaise, belle revanche du destin et de la démocratie, face au CDP version Assimi. Le monde en aura pour ses yeux. Pendant deux ans, il y aura de la politique, de hautes et de basses oeuvres, mais rien que de la politique, et au final, le plus politique de tous restera au ciel à l’issue d’une élection âprement disputée, mais maîtrisée du début à la fin, côté cour et côté jardin !

Une peau de banane sous la semelle de l’ADF/RDA
Roch, Salif, Simon et les autres ne sont pas programmés que pour gêner l’opposition constituée. L’ADF/RDA aussi est en ligne de mire, dont le président veut qu’elle cesse d’occuper la position stratégique de présumé faiseur d’élection, qui fait pousser des ailes (d’ange) à Gilbert Ouédraogo. Il ne veut plus de cette sorte d’ergot majoritaire qui sert à la fois de caution démocratique quand l’ADF/RDA rue dans les brancards et de verrou politique quand il faut bricoler un gouvernement ou faire avaler la pilule d’une politique ultra-libérale. Et qui est mieux placé que nos enfants boostés à l’ADF/RDA du CDP (qui déteste idiosyncratiquement l’ADF/RDA), pour donner une leçon de modestie politique à ce profiteur qui étale ses aises dans son fief de province ? Et ici, la réponse n’est pas gaullienne, mais mitterrandienne : si c’est bien la faiblesse de ses ennemis (au sens large) qui fait la force d’un président en difficulté, alors il faut glisser une peau de banane sous la semelle de l’ADF/RDA, comme jadis Mitterrand glissa le FN sous la semelle du RPR. Et au Faso, notre FN à nous (moins les idées extrêmes), c’est précisément le nouveau CDP de Roch, Salif, Simon et les autres, qui a pour mission de réussir ce que le CDP version Assimi ne peut pas faire ouvertement, aller tailler des croupières à l’ADF/RDA en jouant sur la confusion des genres et lui ôtant le monopole de l’»opposition» interne à la mouvance présidentielle. En rognant ainsi les ailes de l’ADF/RDA, il sera facile de gérer les lendemains de la victoire électorale, car chacun sait qu’il est plus confortable de discuter avec deux faiseurs d’élection, chacun de ceux-ci étant plus enclin à prendre ce qu’on lui donne de peur que cela n’aille à l’autre.
Le pire ennemi est celui de l’intérieur, disent les militaires, qui préfèrent toujours affronter la cruauté d’un ennemi à la lâcheté d’un allié. Nous ne sommes pas en train d’assister à la refondation de notre démocratie et l’opposition se fourvoie en ouvrant les bras à ce Judas ou à ce cheval de Troie, selon la référence que l’on préfère, dont Roch, Salif, Simon et les autres portent désormais les habits par procuration pour un président-candidat qui a décidé de garder sa place au ciel de la plus belle des manières, être réélu par référendum avant même l’élection elle-même ! Le nouveau CDP, ce n’est rien d’autre que l’ennemi intérieur de l’opposition constituée. Mais que l’on se souvienne, le pouvoir a mis un tel acharnement, une obstination tellement appuyée pour modifier le statut de l’opposition, au point d’en faire une fixation, que personne ne parvenait à comprendre le sens de cet acharnement, surtout l’opposition elle-même qui, déclarée ou non, était de facto de l’opposition ad vitam aeternam. A quoi devait bien servir cette obligation de déclaration ? Qu’est-ce que cela signifiait un parti d’opposition qui ne serait pas déclaré d’opposition ? Voilà, Roch, Salif, Simon et les autres viennent de nous donner la réponse à cette entourloupette présidentielle ? Le nouveau CDP ne sera pas le CDP version Assimi, mais ne sera pas non plus de l’opposition ; un peu comme un succédané d’alcool : ce n’est pas un parti d’opposition, mais ça y ressemble juste assez pour induire en confusion le plus grand nombre d’électeurs, notamment ceux qui vivent dans la nostalgie d’un Blaise Comparé débarrassé de ses parasites et retrouvant le chemin du Peuple pour lui parler vrai des lendemains qui chantent. Une sorte de parti batard, qui occupe une place sans l’occuper et le fait pour mieux la quitter. Ou encore un miroir aux alouettes, dont la cage est entre les mains de celui qui pense avoir inscrit dans notre patrimoine politique sa redondance éternelle, celle de sa fratrie ou de ses copains.

Le risque sécuritaire s’envole au palais de Kosyam
Après cela, on continuera de nous dire que le régime navigue à vue, que rien n’est concerté, que tous les montages constitutionnelles sont improvisés, que le navire prend l’eau et que c’est déjà l’hallali (*). Nenni de ce romantisme politique, ouvrons les yeux, le président est un fin stratège et ce n’est pas à lui que l’on apprendra à faire des grimaces quand il le faut. En revanche, l’opposition au lieu de se réjouir de ses petites victoires concédées devrait se méfier d’une débandade pseudo-démocratique qui la vise au premier chef et ferait mieux d’apprendre daredare à faire elle aussi des grimaces pour anticiper celle de notre président-candidat — car comme toujours, elle est en retard, plus encline à recevoir les coups qu’à les donner. Pendant que cet épisode de people politique se joue sur tous les espaces médiatiques du pays, notre opposition ne voit pas que des mouvements plus souterrains sont en train de se dessiner et que le puzzle de la pré-campagne présidentielle se complète petit à petit. Les leviers externes de cette élection sont connus et en passe d’être maîtrisés : l’armée gavée de primes et de petites attentions honorifiques ; la communauté musulmane, elle aussi aux petits soins du pouvoir qui la transporte à ses frais, y compris les factions les plus extrêmes ; la masse paysanne prête à moissonner les milliards de la politique ; les salariés dans la poche desquels les impôts sont sommés de ne plus venir ramasser les miettes de l’IUTS ; les petits commerçants, qu’il faut protéger des appétits trop féroces des grands pour qu’ils ne leur viennent pas à l’esprit de jeter la jeunesse dans la rue ; les grandes puissances internationales qui font de notre Faso un repaire de forces spéciales et de services de renseignements pointant tous les djihadistes de la sous-région.

Faire rentrer de l’argent dans les caisses
Mais en interne, outre les querelles de famille et de coquins qui aliment la chronique mondaine, les choses sont devenues beaucoup plus sérieuses depuis que dieu a décidé de rester dieu et que ces saints ont perdu tout espoir d’élection divine. Si certains affairistes s’en réjouissent, d’autres grincent des dents, ou pour ainsi dire des galons. Le risque sécuritaire immédiat au palais de Kosyam est entrain de s’envoler et cela nécessite l’ajustement de certains curseurs, comme la nomination de tel général et pas d’un autre, la «généralisation» de la gendarmerie, la présence discrète d’encadreurs étrangers… A croire que le président-candidat craint plus son propre camp que ses adversaires politiques qui, malgré leur score dans quelques grandes villes, ne le menacent ni dans son palais, ni dans ses campagnes. C’est une lapalissade, mais pour qu’il y ait une élection en 2015, il faut qu’il reste président jusqu’à 2015…

Voilà qui remet à sa juste place la farce démocratique que Roch, Salif, Simon et les autres avec leur nouveau CDP sont en train de nous jouer et qui fixe un cap à l’opposition constituée. Il ne faut pas se laisser amuser par ces divertissements et se concentrer sur le maître-artificier, le président-candidat, pour mettre en œuvre la stratégie d’alternance en appliquant un principe simple, que connaissent tous les duellistes : tirer plus vite que son adversaire. Mais à ce jeu de vitesse, l’opposition a-t-elle les moyens, entre autres financiers, de son ambition ? Car c’est sans doute le prochain terrain sur lequel le président-candidat attend tout le monde. Dans les guerres électorales, comme dans les guerres tout court, le nerf c’est l’argent ! Or d’argent, l’opposition n’en a pas. Son capital social est dérisoire par rapport à celui qu’affiche le CDP du président-candidat et même le nouveau CDP de Roch, Salif, Simon et des autres. Pour sûr, il ne faut pas trop compter sur les chefs de l’opposition pour renflouer les caisses, car le tour de table sera décevant tant ils se complaisent tous à afficher sans cesse leur impécuniosité et à dissimuler leur rente ou leur patrimoine immobilier. Pourtant, comment peut-on cristalliser les espoirs de tout un peuple, lui promettre l’alternance et ne pas avoir trois francs pour payer un billet de bus aux militants qui battent la campagne ? Et si un parti politique est d’abord riche de tous ses militants et sympathisants, pourquoi tarder à exploiter cette richesse en mettant ces militants et sympathisants, et même plus largement le Peuple lui-même, à contribution en leur demandant, sous la forme d’une souscription (n’est-ce pas ce que Obama lui-même a fait sur internet pour se libérer de la tutelle du complexe militaro-industriel?), de donner à l’opposition les moyens financiers de tenir la lutte contre le pouvoir ? 50 000 militants ou sympathisants contribuant chaque mois à hauteur de 1 000 F, cela fait six cent millions pour une année, même pas 10 % de ce que le camp présidentiel met ordinairement dans une campagne, sans compter l’utilisation des moyens de l’État. Alors plutôt que de se gratter la tête en se demandant s’il faut ouvrir ou non la porte à ces faux mendiants politiques que sont Roch, Salif, Simon et les autres, voilà l’urgence sur laquelle l’opposition constituée doit concentrer toutes ses forces : faire rentrer de l’argent, beaucoup d’argent dans les caisses.
Chacun de nous sait que pour aller de Ouagadougou à Bobo, il faut un plein d’essence et chacun de nous sait aussi qu’il serait furieux de voir son voyage gâché parce que le chauffeur aurait dissimulé qu’il n’avait d’argent que pour remplir la moitié du réservoir. Ce qui est vrai pour un voyage d’agrément est sûrement vrai pour l’espoir d’alternance de tout un Peuple.

Ouagadougou, le 09 Janvier 2014

Le Président du Comité Exécutif
Evariste Faustin KONSIMBO

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