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L’Observateur Paalga N° 8534 du 9/1/2014

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Vague de démissions au CDP : Réactions teintées de méfiance à Koudougou
Publié le jeudi 9 janvier 2014   |  L’Observateur Paalga


Politique
© aOuaga.com par A.O
Politique : le CDP fait sa rentrée
Samedi 5 octobre 2013. Ouagadougou. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir) a effectué sa rentrée politique 2013-2014 qui a été placée sous le thème “Le renforcement de la démocratie par la mise en oeuvre des réformes politiques et des mesures pertinentes en faveur du bien-être des populations“


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De grosses pointures du CDP et anciens barons du régime de Blaise Compaoré, dont Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré, ont quitté le navire. A Koudougou, où ces défections alimentent les conversations, certains responsables politiques et de la société civile, hormis du CDP dont des acteurs contactés se sont refusés à tout commentaire, ont accepté de nous livrer leur lecture de cette situation.

Adama Ouédraogo, UNDD/Koudougou

"Eviter un troisième larron avec un régime d’exception"


"J’estime, en bon démocrate et républicain, qu’il n’y a pas le feu dans la maison. C’est la démocratie qui gagne. L’essentiel, c’est qu’au bout la paix ne soit pas remise en cause et que la république ne soit pas troublée. Je ne sais pas où ces démissionnaires vont atterrir, mais cela va enrichir le débat politique en ce sens qu’ils ont de l’expérience dans la gestion du pays. Mais il faut remarquer que ce n’est pas les premières démissions au CDP. Il y a déjà eu les refondateurs sans que cela fasse grand bruit. Avec ces dernières démissions et tout le boucan que cela a suscité, gageons que ça contribuera à l’avancée de la démocratie, à la stabilité et à la paix dans le pays. Concernant leur prise de position sur le Sénat et l’article 37, nous, à l’UNDD, nous sommes pour une constituante. On ne peut pas organiser un référendum uniquement sur la révision de l’article 37. Si on voit qu’on a déjà révisé 7 fois la Constitution et qu’aujourd’hui on veut encore la réviser, autant aller directement à une constituante afin d’avoir une Constitution plus consensuelle. Je remarque que quand on votait le Sénat, c’est Roch Marc Christian Kaboré qui était président du CDP et qui avait prêché pour son vote. Aujourd’hui, s’il estime qu’il y a beaucoup de problèmes pour mettre en place le Sénat et qu’il faille laisser tomber, il faut que ça soit aussi le vœu du peuple. Pour nous, il faut sauver la république et sauvegarder la paix. Il ne faut pas qu’un troisième larron arrive avec le risque de la survenue d’un régime d’exception. Ces démissions peuvent profiter au peuple si elles aboutissent à une recomposition politique".


Alexis Ouédraogo, UNIR/PS Boulkiemdé

"L’histoire nous dira si c’est une astuce politique ou pas"


"En tant que responsable politique de l’opposition, je n’ai pas une vision particulière sur ces démissions. Je ne peux pas dire ce qui a motivé les démissionnaires. Nous allons observer pour voir s’ils sont de bonne foi. Mais c’était prévisible, car tout le monde savait qu’il y avait une crise au CDP. Même des démissions, on en entendait parler. C’était des rumeurs de couloirs. Sur leur position par rapport au Sénat et à l’article 37, c’est une chose que nous, nous avons combattue longtemps. S’ils sont de bonne foi, ils viendront grossir les rangs de tous ceux qui sont contre et qui ont dit « non » à la mise en place du Sénat et à la révision de l’article 37. En tout cas, sur ces démissions, à l’UNIR/PS nous préférons voir les choses évoluer. L’histoire nous dira s’ils sont sincères ou si c’est une astuce politique".



Michel Yaméogo, journaliste Radio Notre-Dame

"Il faut se méfier beaucoup de l’homme politique"


"Je pense que cette démission n’est pas étonnante. Ça devait arriver au regard de la nouvelle configuration du parti et ce qui se disait autour. La démission est normale dans la vie d’un parti politique. La surprise est que ceux qui sont partis sont des poids lourds. Ce qui sous-entend que le mal était profond. Pour qui connaît les démissionnaires, ce sont des ténors qui ont fait les beaux jours du CDP. Qui y ont occupé des postes-clés et même au niveau de l’Etat. Quant à leur position sur le Sénat et l’article 37, ils n’ont fait que s’aligner sur la volonté populaire. A propos de leur sincérité, disons qu’il faut beaucoup se méfier de l’homme politique. Ces déserteurs parlent de manque de démocratie au sein du CDP. Quand ils y étaient, existait-il réellement une démocratie au CDP ? Certains ont fait 10 ans à la tête du parti. D’autres ont occupé des postes politiques pendant plus de 17 ans. Leurs raisons ne me font ni chaud ni froid. Je pressens qu’ils veulent brouiller les pistes, changer le jeu politique. Je vois derrière cette démission la création bientôt d’un autre parti politique pour fragiliser l’opposition ou jouer les trouble-fêtes dans la mouvance présidentielle. J’estime qu’ils vont créer un parti pour rassembler les mécontents. Ces personnes ne peuvent pas aller contre Blaise Compaoré. On ne peut pas être sur une branche et se mettre à la scier. Ils ont cheminé pendant longtemps ensemble, ils se connaissent bien, ils partagent beaucoup de choses secrètes en commun. S’il y a un qui coule, ils vont couler ensemble. On a pensé entre-temps que la FEDAP-BC allait se muer en parti politique ; peut-être que c’est ce vide qui est en train d’être comblé".





Jean Zongo, professeur de philosophie à Koudougou

"Les démissionnaires jouent leur avenir politique"


"Cette vague de démissions n’est pas surprenante quand on suit l’actualité depuis le dernier congrès du CDP. On voyait cela venir avec ces semblants d’exclusions de certains dirigeants. Ces démissions ne m’ont pas étonné. Mais est-ce une bonne chose ou pas ? Je pense que cela contribuera à l’enrichissement du débat politique. Cela peut conduire à une alternance sans heurt et sans crise comme vécu dans d’autres pays. Sur leurs motivations, je pense que les démissionnaires sont sincères. Ils sont des acteurs politiques majeurs et avertis et ils ne vont pas se hasarder à la tromperie. Ils jouent leur crédibilité et leur avenir politique. Donc, il n’y a pas de raison qu’ils ne soient pas sincères. En affichant leur opposition au Sénat et à la révision de l’article 37, ils se mettent en phase avec ceux là qui estiment que dans un pays démocratique, il doit avoir l’alternance au sommet de l’Etat. La remise en cause de la limitation du nombre de mandats présidentiels empêche certains d’exercer la magistrature suprême et de proposer autre chose au peuple et à la nation. Le pouvoir appartient au peuple. On doit mettre en place les rouages nécessaires pour que ce peuple exprime sa souveraineté et fasse valoir les lois de l’alternance au sommet de l’Etat".


Louis Yaméogo, président ADF/RDA Boulkiemdé

« C’est trop tôt pour avoir un jugement définitif"


"Je pense qu’il est trop tôt pour avoir un jugement définitif sur ces démissions en vague des anciens hommes forts du parti au pouvoir. Il faut attendre les semaines à venir pour mieux apprécier la situation. J’avoue être beaucoup plus surpris par leur prise de position contre la mise en place du Sénat et la révision de l’article 37 que par leur démission. Ce sont ces mêmes personnes qui ont contribué à documenter et à proposer la mise en place du Sénat. Si aujourd’hui, ils disent qu’ils sont contre, il reste à savoir ce que ça veut dire. Le Sénat allait servir de garage pour bon nombre d’entre eux. Peut-être qu’ils estiment mériter mieux. Aujourd’hui, il leur faut prouver, à travers leurs faits et gestes, qu’ils sont sincères dans leur démarche. Je sais qu’ils ne vont pas déposer leurs valises dans un parti de l’opposition. Après la création de leur parti politique, j’attends de les juger sur le terrain politique avec le travail et le langage qu’ils vont tenir. Cela dit, je ne pense pas que ça soit un coup de Blaise Compaoré pour divertir les gens. Suivant l’actualité politique, on sait depuis longtemps qu’il y avait un malaise profond au CDP. S’ils veulent, ils peuvent s’opposer à Blaise Compaoré car les raisons évoquées pour leur démission semblent fondées".


Issaka Ouédraogo, étudiant en Analyse et Politique économique

"Si c’est une sincère rupture, je la salue"


"A travers les raisons invoquées pour leur démission, dont entre autres leur opposition à la mise en place du Sénat et la révision de l’article 37, je pense que ces personnes ont rompu avec le CDP. Si c’est dans cette logique qu’ils sont partis, ils sont derrière le peuple. Mais je suis un peu surpris lorsque je jette un coup d’œil dans le rétroviseur. Je me rends compte que Roch Marc Christian Kaboré, alors président de l’Assemblée nationale, était pour quelque chose dans cette histoire de Sénat et je me rappelle qu’il avait également soutenu la révision de l’article 37, arguant que cet article en l’état était antidémocratique. Toutefois, si c’est une sincère rupture, je la salue. Les jours à venir nous en diront davantage. Il serait mieux pour eux de s’aligner derrière l’opposition au lieu de créer un autre parti politique".


Kisito Dakio, président du MBDHP du Boulkiemdé

"L’implosion du CDP était prévisible depuis des années"


"Cela ne m’étonne pas car l’implosion du CDP était prévisible depuis des années. Pour quelqu’un qui suit l’actualité politique, la manière dont les choses sont gérées, il n’y a pas la démocratie au sein de leur parti. On l’a vu lors des élections où les candidats ont été imposés. Ce parti a fustigé certaines de nos positions concernant des questions majeures. Alors si ce sont des ténors de ce même parti qui sortent et qui adhèrent à notre combat, nous en prenons acte. Comme nous prenons acte de ces démissions qui sont une affaire interne à un parti politique. Tout ce qu’on veut, c’est que cela ne provoque pas de troubles au niveau national. Il faut que les gens soient vigilants pour ne pas se laisser entraîner dans l’euphorie. Cependant, ça me surprend tout de même que ces gens disent ouvertement qu’ils sont contre la mise en place du Sénat et la modification de l’article 37. On se souvient que c’est le CDP, avec eux en tête, qui a conduit les travaux du CCRP. Mais notre vision, c’est que ce n’est pas le Sénat ou la modification ou non de l’article 37 qui vont sauver le Burkina Faso. Il faut que le peuple sache ce qu’il doit faire pour prendre son destin en main afin de sortir notre pays de la souffrance. La question doit se poser en termes d’alternative pour une société plus juste et plus démocratique. Nous ne voulons ni du Sénat ni de la modification de l’article 37 ; nous estimons qu’il faut aller au-delà".


Propos recueillis par
Cyrille Zoma

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