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Robert Sangaré, DG du CHU Yalgado Ouédraogo : « C’est ensemble que nous pourrons changer le visage de notre hôpital »
Publié le mardi 7 aout 2012   |  LeFaso.net


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© LeFaso.net par DR
Robert Sangaré, DG du CHU Yalgado Ouédraogo


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Avec Robert Sangaré, c’est une nouvelle expérience de gestion qui a commencé pour le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-Y0) confronté depuis des années à divers problèmes : de ressources humaines, d’équipements, de spécialisations et de finances. En effet, c’est en 2011 que ce valeureux cadre de l’administration des postes doublé de compétences managériales affirmées est retenu, après un processus d’appel à candidatures suivi d’entretiens, pour diriger Yalgado. S’il est encore très tôt de parler de bilan de l’action de Sangaré à la tête de l’hôpital national après un peu plus de dix mois de service, l’on peut quand même avancer qu’il a pris la mesure des défis qui l’attendent, qu’il a pris suffisamment du temps pour habiter véritablement sa nouvelle fonction, lui qui, par le passé, a dirigé pendant huit ans le Centre national des œuvres universitaires (CENOU).

En tout cas, c’est un responsable, visiblement empreint des réalités du CHU Yalgado Ouédraogo et convaincu de sa vision pour l’établissement, qui s’est prêté à nos questions ce vendredi 27 juillet 2012. Avec la verve et le franc-parler qu’on lui connaît. Sans tabou et sans détour, il a répondu pendant près d’une heure à nos différentes préoccupations. Depuis sa prise de fonctions le 18 octobre 2011, c’est la première fois que Robert Sangaré se livre véritablement à ce jeu de questions-réponses. Avec lui, Yalgado entend, dans les années à venir, prendre son destin en main et ne plus tout attendre de l’Etat. Mais, a-t-il les mains libres pour mener ses actions ?

Là-dessus, il assure qu’il a le soutien de toute sa hiérarchie. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de plaider pour que son établissement bénéficie davantage de souplesse dans la gestion, compte tenu de son caractère social et vital. La grande ambition aujourd’hui de Sangaré, c’est de travailler avec l’ensemble des acteurs de l’hôpital Yalgado Ouédraogo à le moderniser de sorte à assurer une meilleure prise en charge des usagers et de sorte à améliorer son image auprès de l’opinion nationale. Grande interview exclusive.

Comment se porte le CHU-Yalgado, que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de mouroir ? Je crois que les gens ont tort de qualifier notre hôpital de mouroir. Yalgado se porte bien. Il est vrai qu’après avoir subi les inondations de 2009, l’hôpital a pris un bon coup, mais grâce à la détermination des plus hautes autorités du pays et des responsables du ministère de tutelle, il a été remis sur pied. L’hôpital fonctionne correctement, tous les services sont fonctionnels, naturellement avec ses faiblesses et ses forces.

Quels sont vos atouts à Yalgado ?

Le CHU Yalgado Ouédraogo a des atouts insoupçonnés. Les premiers atouts, ce sont nos ressources humaines. Toutes les grandes compétences de notre système de santé sont chez nous. Que ce soient les éminents professeurs de médecine ou les grands praticiens et spécialistes, on les trouve à Yalgado. Vous ne pouvez pas trouver des professeurs au dessus de ceux que nous avons. C’est vraiment notre atout majeur. Parce qu’en matière de médecine, c’est la compétence du corps médical qui est le plus important. Et l’hôpital Yalgado a réellement de grands spécialistes. Nous avons des hommes extrêmement compétents qui auraient pu bien aller ailleurs monnayer leurs compétences, s’ils n’étaient pas patriotes parce que leur valeur est reconnue au-delà même de nos frontières nationales.

Vous parlez des atouts de l’hôpital en termes de ressources humaines. En chiffres, quelle est la réalité de Yalgado dans ce domaine ?

Actuellement l’hôpital Yalgado toutes catégories confondues emploie à peu près 1 200 personnes. Sur ces 1200 personnes, vous avez le corps médical( professeurs ,médecins pharmaciens ), le corps paramédical(attachés de santé ,infirmiers d’Etat ,infirmiers brevetés techniciens de labo tec.), le corps biomédical, le personnel de soutien, le personnel administratif , financier et assimilés. Nous avons également des médecins militaires et des coopérants étrangers notamment cubains.

Par rapport aux besoins, ce nombre vous ne semble t-il pas insuffisant ?

Oui, ce nombre est insuffisant dans l’ensemble mais cette insuffisance varie d’un service à un autre. Il y a une sorte de déséquilibre par rapport aux besoins spécialisés. On peut prendre l’exemple du service de l’ophtalmologie où nous avons l’avantage de disposer d’un professeur mais pas d’assez d’attachés de santé spécialisés. Or, ce sont eux qui assurent la garde, qui assistent le médecin. En chirurgie comme en anesthésie, il nous faut encore d’attachés de santé spécialisés pour assister les médecins. Parce que même si vous avez 2 000 agents, cela ne résout pas forcement votre problème si vous n’avez pas les spécialités en nombre suffisant.

Mais, avez-vous songé à un plan pour résoudre cette insuffisance de spécialistes ?

Bien sûr. Quand je suis arrivé, j’ai proposé qu’on réfléchisse à un système interne de recrutement de personnels pour combler les profils qui manquent dans nos services. Même ce matin, j’en discutais avec mon président de conseil d’administration. Il le faut parce que jusqu’à présent, l’hôpital exprime ses besoins en ressources humaines au ministère de la santé qui doit répondre aussi aux préoccupations des autres formations du pays. Et ce n’est pas toujours évident pour le ministère de satisfaire tous nos besoins. Cela n’étant pas évident, il faut que l’hôpital, lui-même, ayant une autonomie de gestion, puisse avoir sa propre politique de recrutement du personnel. Il y a vraiment une réflexion globale dans ce sens. Nous travaillons donc à prendre dans les années à venir notre destin en main et ne pas tout attendre de l’administration centrale qui est là pour l’ensemble du pays et qui peut être confrontée à un certain nombre de difficultés.

Vous êtes donc confronté à beaucoup de difficultés…

Nos difficultés sont propres aux hôpitaux des pays en voie de développement comme le nôtre. Parce qu’en matière de santé, il y a des technologies qui sont aujourd’hui nécessaires aux praticiens pour vraiment mettre en valeur leurs connaissances. En clair, notre plateau technique est encore insuffisant et pas très performant pour répondre à la demande comme nous l’aurions souhaité.. Vous le savez, les équipements médicaux de pointe coûtent cher. Ce sont des investissements lourds pour les acquérir.

Justement, parlez nous de vos équipements !

Après avoir fait le diagnostic, nous sommes en train de faire l’inventaire, surtout que le déménagement est envisagé. Nous avons déjà créé un comité dans ce sens. Cet inventaire va nous permettre d’avoir vraiment une situation précise de nos équipements. Avant il n’y avait pas un calcul par rapport au cycle de vie des équipements. On navigue en quelque sorte à vue. Maintenant, on va voir concrètement ce qui nous reste encore et qui peut encore tenir. Nous allons débarrasser la cour de tout ce qui ne sert plus comme équipement, même si c’est par une opération de vente aux enchères.

Vous avez dû apprendre tout dernièrement la panne du scanner dont la réparation nous a coûté 100 millions de francs CFA. Cela prouve qu’il n’y a pas de suivi des équipements, sinon on aurait dû remplacer ce scanner avant qu’il ne tombe en panne. Après le diagnostic, nous allons donc équiper l’hôpital en se fondant sur nos besoins réels par rapport à la connaissance de nos statistiques, de nos pathologies. En tenant compte aussi de la qualité des équipements, c’est-à-dire des équipements de pointe pour pouvoir vraiment faire des diagnostics pointus pour certaines pathologies pour lesquelles on est obligé de faire des évacuations. Heureusement, aujourd’hui, de plus en plus des choses se passent sur place.

Nous avons l’unité de médecine nucléaire qui fonctionne actuellement et qui permet de faire certains examens. Si nous avons la possibilité aujourd’hui de passer pour ce qui concerne le scanner à 64 barrettes, nous allons pouvoir faire beaucoup d’examens sur place. Notre scanner actuel vieux de plus de dix ans n’a que quatre(4) barrettes pendant que des cliniques privées de la place ont des scanners de seize(16) barrettes. Il nous faut vraiment mettre progressivement en place un plan de renouvellement des équipements du CHU-YO qui répondent aux besoins actuels et de formation du personnel biomédical d’entretien, parce que la technologie évolue rapidement. Enfin, à l’heure des NTIC, naturellement, nous allons exploiter aussi ces technologies pour améliorer la gestion et le management de l’établissement.

Vôtre hôpital est souvent critiqué, notamment en ce qui concerne la gestion des urgences médicales….

Effectivement, nous avons des problèmes au niveau de nos services d’urgences. Mais, nous y avons réfléchi. Tout dernièrement avec l’ensemble du corps médical, nous avons ensemble pris des décisions courageuses qui consistent à faire en sorte qu’un malade n’excède pas 24 heures dans les urgences. Cela suppose qu’au niveau des services en amont, les services d’urgences, et ceux en aval, les services hospitalisation, qu’on lève un certain nombre d’insuffisances. Pour ce faire, nous avons décidé de faire de la garde couchée pour les médecins spécialistes. Nous avons commandé deux conteneurs de quarante pieds chacun.

Ils sont équipés de plusieurs chambres, et dans chaque chambre il y un lit, une table, un téléphone et des douches. Ainsi, quand au niveau des urgences, les stagiaires ou médecins en spécialisation vont examiner un cas qui les dépasse, ils feront appel au spécialiste qui viendra s’en occuper. Mieux, les spécialistes en garde pourront de temps en temps faire le tour dans leurs services. Actuellement, nous sommes en train de nous battre pour améliorer la gestion des urgences dans notre hôpital. Mais attention, urgence ne signifie pas précipitation dans les soins .En matière de soins médicaux, il y a des protocoles thérapeutiques et des plans de soins à respecter .On ne fait pas n’importe quoi et n’importe comment et l’état du malade à son arrivée commande un certain nombre d’opérations.

Mais, comment les choses se passaient dans ce service ?

Avant, quand il y avait une urgence compliquée, il fallait que l’ambulance aille prendre le spécialiste d’astreinte chez lui, et s’il habite à 10 Km de Yalgado, il peut venir trouver que l’imparable s’est produit. Pire, imaginez la nuit, si par exemple, l’ambulancier doit aller prendre à Pissy un chirurgien et continuer à la Patte d’oie chercher un anesthésiste. Imaginez tout le temps que cela prendra. Dans un tel contexte, l’urgence n’a plus de sens. Mais, avec la garde couchée qu’on envisage, on aura tous les spécialistes de garde sur place, et dès qu’un malade arrive aux urgences, il est consulté par un spécialiste qui décide de son transfert dans un service d’hospitalisation en fonction de son cas, et ainsi on ne verra plus les patients séjourner 3 ou 4 jours dans les urgences.

Il est aussi fait cas de longues files devant vos guichets…

Cela est visible quand vous arrivez chaque matin à l’hôpital. Si par exemple, chaque opération de paiement prend seulement 10 mn. Imaginez que vous venez trouvez dix personnes devant vous, vous êtes obligé d’attendre au moins 90 mn. Vous-même vous serez découragé même si la consultation est à 1 000 F. Vous allez dire si c’est comme cela « je préfère aller passer 15 mn dans une clinique privée et payer 2 000 F que de venir m’aligner pendant 90 mn parce que je dois payer 1 000 F ». Et à force d’attendre débout, des malades peuvent même s’écrouler, si c’est eux-mêmes qui doivent régler leurs frais de consultation.

Qu’envisagez-vous comme solution pour mettre fin à cette situation ?

Il nous faut faire en sorte que les gens puissent dans une moyenne de 10-15mn régler leurs frais de consultation et se faire prendre en charge. Dans ces conditions, nous nous sommes dit qu’un hôpital du standing de Yalgado doit pouvoir disposer de guichets à l’image d’un bureau de poste ou d’une banque. Dans certains hôpitaux c’est bien structuré. Quand vous arrivez, vous avez les spécialités d’un côté et les consultations générales de l’autre. Normalement, dans un hôpital vous devez pouvoir trouver un hall d’accueil avec des guichets en deux ou quatre positions où vous pouvez en fonction de la nature de votre mal vous positionner.

La séparation n’est pas certes systématique dans toutes les structures sanitaires mais au moins le nombre de guichets est multiplié. En ce moment les choses vont vite. Exactement comme cela se passe en banque. Nous sommes donc aussi en train de travailler pour trouver des solutions à ce problème. En sortant de l’hôpital, du côté gauche des urgences médicales, vous verrez les travaux de construction de six guichets qui vont servir non seulement pour le paiement des frais de consultation, mais aussi pour les vraies informations. Parce que nous voulons entreprendre une vaste opération communication pour informer les gens sur l’accompagnement des malades.

L’encombrement des malades est l’un des fléaux de l’hôpital. Nous ne disons pas de ne pas accompagner les malades. Nous sommes en Afrique où la compagnie des amis et des parents de la famille est importante. Pour autant, ce n’est pas l’encombrement autour d’un malade qui le guérit. Au contraire, cela le fatigue. Il y a tout le temps du mouvement autour de lui, même quand il veut se reposer. Peut-être, sans le savoir, on le fait même consommer des trucs contre-indiqués. Et c’est aussi l’occasion pour toutes sortes d’individus de s’infiltrer dans l’hôpital. On y a enregistré beaucoup de cas de vol. Rien que ce matin (NDRL : on était dans la soirée du 27 juillet 2012), on a pris un voleur de rétroviseur. Nous voulons donc mettre en place un système d’accueil.

Nous allons sélectionner parmi nos agents des communicateurs en français, mooré, dioula et fulfuldé. Ces communicateurs vont orienter les malades qui arrivent à l’hôpital par rapport aux informations pratiques. Si vous êtes retenu pour hospitalisation, il y a un carnet d’accueil que nous allons éditer. Selon la langue que comprend le malade, ce guide permettra de faire comprendre à la personne hospitalisée ce à quoi il a droit, les heures de repas, la manière dont ils sont servis, les conditions d’accompagnement, le badge. Les proches du malade pourront venir lui rendre visite pendant les heures autorisées.

Mais, si quelqu’un doit dormir avec lui, ce sera une seule personne. Souvent, vous voyez au pied du malade trois ou quatre personnes qui occupent même une partie de son lit. Ils le coincent de sorte qu’il ne peut pas bouger ni dormir. C’est peut-être aussi le côté négatif de nos valeurs. Parce que dans un hôpital le malade a besoin de repos. Il faut surtout éviter vraiment de bavarder autour de lui, d’occuper son temps.

Cela n’est-il pas dû au fait qu’on dit que les malades sont abandonnés par les agents de santé ?

Même s’il y a une insuffisance à ce niveau, ce n’est pas une raison pour que les gens viennent s’asseoir à cinq, dix autour d’un malade. Je peux par exemple encore comprendre qu’un malade vienne de la province avec un accompagnant, sa femme, son fils ou sa fille. Mais, qu’il ramasse ses cousins, cousines, tantes et tous les membres de la grande famille pour venir à l’hôpital, avouons que c’est exagéré. Du coup, il se pose le problème de places d’accueil, d’où les encombrements sous les arbres. Sans compter tous individus qui envahissent l’hôpital du jour comme de nuit. Si vous passez devant la maternité, vous les verrez assis. Il y en a même qui dorment sous les escaliers ou dans les couloirs de l’hôpital depuis des années sans qu’on ne sache à quel titre.

Nous n’allons pas utiliser des méthodes brusques et brutales, mais quand même nous allons d’abord expliquer aux gens pour qu’ils comprennent que nous devons assainir l’enceinte de l’hôpital. Certes, Oui à l’accompagnement des malades, mais non à l’encombrement permanent de l’environnement des malades. C’est parce qu’il y a ce désordre que les malades eux-mêmes se font voler qui son argent, qui son téléphone portable et autres biens.

Vous avez parlé de vols…

Oui, de vols des malades. Outre l’argent, les portables, etc. vous avez certainement appris aussi le vol des voitures MERCEDES à l’Hôpital. Pire, on a même volé un bébé ici en novembre en 2011. Heureusement, que la femme auteur de ce vol a été arrêtée à Koupela une semaine plus tard et les parents biologiques ont retrouvé leur bébé. Donc, c’est pour la protection même des malades et des usagers qu’il faut mettre de l’ordre à l’hôpital. Mais, comme nous sommes au Burkina, aujourd’hui où les gens ont du mal à comprendre certaines mesures même celles prises dans leur intérêt il faut passer par une phase d’information et de sensibilisation. Souvent les gens réagissent sans prendre le temps de comprendre les choses et cela est dommage. Les gens ne doivent pas faire de la confusion. L’enceinte d’un hôpital ne peut être une gare ou un marché. Une erreur a peut-être a été commise par le passé en favorisant le développement de petits commerces à l’intérieur et dans des coins. On peut bien créer dans l’enceinte des cafétérias bien aménagées pour le personnel.

Mais il y a des types de commerces qui ont contribué à encombrer la cour de l’établissement et se sont même révélés un phénomène dangereux puisqu’on a découvert que certains travailleurs dans ces kiosques n’étaient en fait que des délinquants. Nous travaillons donc à régler tous ces problèmes et à prendre en compte les véritables préoccupations des populations qui viennent à Yalgado avant tout pour rechercher la santé et pas autre chose.

Face à toutes ces difficultés, quel est votre style managérial ?

Le vingt unième siècle est celui de l’administration de management, et non de commandement comme l’a dit un responsable burkinabé, Je crois savoir que c’est le ministre Djibrill Bassolet des affaires étrangères quand il était à la sécurité. Il a vu juste. Aujourd’hui, vous ne pouvez plus penser que c’est par l’autoritarisme, la brutalité, les ordres secs, que vous pouvez amener les hommes à produire de bons résultats. Même dans l’armée on ne raisonne plus comme de cette façon. Les hommes vous suivent parce que vous incarnez un certain nombre de valeurs, parce que vous les associez, vous les responsabilisez, vous leur accordez un minimum de confiance, et non parce que vous donnez l’impression de quelqu’un qui a le monopole de la conscience professionnelle, de l’intégrité.

Moi, mon style managérial, c’est d’abord associer tout le monde, notamment les cadres, depuis l’élaboration de l’action jusqu’à sa mise en œuvre. C’est pourquoi, quand je suis arrivé à la tête du CHU-YO , la première des initiatives que j’ai eues à prendre , après avoir fait le tour des services et identifier l’ensemble des problèmes, c’est de proposer par exemple, la création des régies d’avance pour mettre fin aux nombreuses petites ruptures, aux dysfonctionnements dus à des petits besoins qui manquaient , et autres goulots d’étranglement . Et j’ai associé tous les chefs de service cliniques et médicaux techniques à la démarche de ces régies d’avance qui consistent un peu à décentraliser le budget, pour permettre aux dits services cliniques et médicaux techniques de pouvoir effectuer un certain niveau de dépenses à leur niveau sans avoir besoin de recourir aux longues procédures d’appel d’offres ou de se référer au directeur général pour réparer une porte , un appareil ou pour acheter des gants.

C’est une façon d’intéresser les gens de sorte que nous nous sentions collégialement responsable de la bonne marche de la structure. Quand les responsables sont associés de cette manière, ils se sentent en confiance et cela renforce naturellement l’esprit d’équipe. J’aurais pu par esprit d’égoïsme, dire que c’est moi le directeur général tout-puissant et tout décider à mon seul niveau. Mais, ce n’est pas dans ma nature d’agir de la sorte. Ainsi, pour un certain niveau de dépenses, les gens peuvent les faire car ils sont autant responsables que moi. Comme je n’ai pas le monopole de l’intégrité, pourquoi ne pas responsabiliser les professeurs et chefs de services cliniques et médico-techniques ?

C’est ce style managérial que j’ai engagé depuis que je suis là. Je ne prends jamais de décisions en m’enfermant ici, je me réfère à la Commission Médicale d’Etablissement qui regroupe l’ensemble des chefs de services cliniques et médico-techniques. Vous avez vu que tout dernièrement, on a organisé une formation sur les responsabilités civile et pénale des personnels de santé. Quand j’ai lancé l’idée de cette formation, beaucoup étaient sceptiques. Mais, finalement les gens y ont adhéré massivement. Les débats étaient passionnants et cela nous a permis, nous-mêmes, de nous remettre en cause, de voir nos forces et nos faiblesses et de prendre des résolutions très courageuses. Ce que les gens souhaitent aujourd’hui, c’est d’être associés à la gestion de l’hôpital. Et moi je ne signe jamais les contrats d’achat d’un appareil sans demander l’avis du chef de service clinique et médico-techniques bénéficiaire.

Mais, outre cela, quelle politique envisagez-vous pour motiver vos agents ?

Les textes disent que chaque hôpital peut créer les conditions de motivation de ses agents. J’ai l’habitude de dire que le CHU-YO est une « mine d’or » que le personnel ne sait pas exploiter. Quand vous avez une autonomie de gestion, quand vous êtes un EPE (NDRL : Etablissement public de l’Etat), l’Etat dit pour ce qui est en tous cas des hôpitaux, que vous pouvez créer les conditions de motivation de vos ressources humaines. Aujourd’hui ,il y a des ristournes et les primes de bilan qui sont versés au personnel Imaginez, aujourd’hui, que l’hôpital Yalgado réalise 75 à 100% de taux d’autofinancement, c’est-à-dire que le CHU-YO arrive à générer des ressources propres grâce à l’abnégation de tous au travail ,à l’abandon des mauvaises pratiques en tous genres, de sorte à ne plus dépendre pour beaucoup du budget national.

Cela est parfaitement possible et c’est l’un de mes objectifs, à savoir réaliser 75% de taux d’auto financement d’ici trois ans En ce moment, nous pouvons nous octroyer les avantages qu’on souhaiterait (nouvelle grille salariale ,primes divers, autres avantages) à l’image des Sociétés d’Etat , parce que nous avons travaillé à soulager le ministre des finances de la lourde subvention annuelle. Si nous lui demandons en contre partie des avantages pour notre personnel, il sera naturellement disposé à nous les accorder. Les agents du CHU-YO n’ont donc pas besoin de tricher pour aller chercher dehors ce (l’argent) qui est posé à leurs pieds et qu’il suffit juste de se courber pour ramasser.

Mais est-ce que l’on sent une adhésion autour de ces idées ?

A ce niveau, je suis content des résolutions prises lors de la dernière commission médicale, notamment en ce qui concerne la gestion des urgences. Comme je l’ai dit, ils ont décrété par exemple qu’un malade ne doit plus, sous peu, passer plus de 24 heures dans les urgences avant d’être traité parce que les urgences aujourd’hui fonctionnent comme une salle d’hospitalisation. Ils ont eu le courage de se regarder dans la glace, de se dire entre eux des vérités et de prendre des résolutions courageuses. Les gens constateront d’ici à la fin de l’année un esprit nouveau au niveau de Yalgado. Nous avons aussi adopté un nouvel organigramme qui organise l’hôpital en dix grands départements cliniques et médicaux techniques. Nous avons par exemple : le département de médecine et spécialités médicales ; le département de chirurgie et spécialités chirurgicales ; le département des laboratoires ; département de pharmacie ; le département de la radiologie et de la médecine nucléaire ; département d’anesthésie réanimation, département de gynécologie obstétricale, département de pédiatrie, département d’odontostomatologie et maxilo faciale, et le département de santé publique.

Cela va faciliter les choses, parce il y aura une meilleure visibilité et clarté dans la répartition des responsabilités et affirmera davantage le caractère universitaire du CHU-YO. Avec cette clarté, les gens sont plus responsabilisés, les tâches mieux organisées, le personnel bien encadré. Des chefs de départements seront nommés d’ici le mois de septembre 2012.

Il vous faudra aussi certainement une meilleure gestion des ressources humaines, c’est-à-dire l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Sur ce point, avez-vous les mains libres pour gérer vos hommes ?

Pour cela je rends grâce à Monsieur le ministre de la Santé. Dès que je suis arrivé, il m’a donné carte blanche par rapport au choix de mes collaborateurs parce que, dit-il, on attend de moi des résultats. Je bénéficie également du soutien de conseil d’administration à commencer par le PCA. En toute honnêteté, jusqu’à l’heure où je vous parle, je ne peux pas me plaindre à ce niveau. Je suis soutenu et encouragé dans mes initiatives. Tout ce que j’ai proposé jusqu’à présent, la hiérarchie a fait bloc autour de moi et m’accompagne comme il le faut Vous savez la réussite d’un DG dans une mission dépend aussi de l’attitude de ses supérieurs hiérarchiques. Si le soutien continue de la sorte, il y a espoir et beaucoup de chance que nous puissions faire des choses intéressantes, et changer radicalement le visage de Yalgado d’ici quelques temps.

On vous soutient. Mais, est-ce que le budget qu’on vous alloue est à la hauteur de ce soutien ?

Un budget ne peut jamais suffire complètement. Le mérite d’un DG, c’est justement d’être capable de produire de bons résultats avec ce que l’Etat a pu mettre à votre disposition. Il nous appartient aussi de faire preuve de créativité, et de dynamisme pour accroitre nos moyens financiers avec nos recettes internes c’est-à-dire ce que l’Etat nous donne. Pour parler en gestionnaire d’entreprise je dis que le CHU-YO à un juteux marché à exploiter. La demande est très forte et c’est peut-être nous qui n’arrivons pas à la satisfaire. Croyez vous que s’il n’y avait pas de l’argent dans le secteur de la santé, les gens allaient investir dans l’ouverture des cliniques et autres établissements sanitaires privés ? Je dis encore que cet hôpital peut contrôler au moins 70% du marché potentiel de la santé car ce sont nos compétences qui partent faire fonctionner les cliniques privées .

Si les gens devaient payer la formation de leurs ressources humaines avant l’ouverture de leurs cabinets privés personne n’ouvrirait une clinique dans ce pays. En somme, l’Etat forme très chèrement les agents de santé, le privé sanitaire en profite. Pour autant, je ne suis pas contre le privé .Nous sommes complémentaires mais aussi concurrents et n’ayons pas peur de le dire. En revanche ‘il ne faut pas que le privé pense que c’est en discréditant l’hôpital public qu’il gagne. D’ailleurs, j’envisage rencontrer le président de l’association des cliniques et cabinets pour échanger avec sur les voies et moyens d’instaurer entre nous des règles de bonne collaboration dans nos intérêts réciproques.

La gestion des malades n’est pas facile, comment vous vous débrouillez avec vos hommes, surtout que vous n’êtes pas issu du corps médical ?

La gestion des hommes n’est déjà pas facile et la gestion de la santé est encore plus difficile. Vous et moi qui sommes assis ici, quand nous sommes malades, on est naturellement désespéré. Et comme on pense à la mort, on vient à l’hôpital dans l’espoir d’être remis en confiance, d’être sauvé. Donc, on attend beaucoup du médecin ; on pense qu’après Dieu c’est le médecin, l’homme qui doit tout réussir, faire des miracles et c’est normal, car c’est une question de vie des gens. C’est pourquoi les gens sont exigeants envers nous au point d’oublier aussi que le médecin est avant tout un être humain. Quand vous travaillez sur la vie des gens, il est normal que ces derniers soient durs avec vous.

Il y a des cas où le personnel est agressé physiquement et verbalement surtout depuis les événements de Bobo-Dioulasso. Certains accompagnants pensent que c’est en poursuivant le personnel dans les couloirs, en le grondant qu’ils peuvent avoir des soins. Il faut préciser que certains malades, surtout au niveau des services d’urgence, pensent que dès que tu arrives à l’hôpital on doit immédiatement te faire des piqures ou te faire avaler des médicaments et hop tu es guéri. Non, il y a des protocoles de soins à observer, il faut d’abord bien diagnostiquer votre maladie , surtout que beaucoup de malades viennent directement sans être référés par les niveaux intermédiaires .

Si le système de référence était respecté (c’est-à-dire que les malades devraient passer par les CMA ou les hôpitaux de district avant d’arriver au CHU-YO qui est le dernier niveau de recours), en ce moment, le médecin en recevant le malade, il sait déjà son mal, et là le traitement peut aller plus vite. Mais les malades viennent à un niveau zéro, sans aucune indication, et il faut prendre le temps de bien diagnostiquer ; parfois il est dans un état tel qu’il faut le stabiliser d’abord avant de faire par exemple des examens de radio et autre. Quand c’est ainsi, certains pensent qu’aux urgences on n’est pas pressé, ils oublient que l’urgence ne signifie pas précipitation comme je l’ai dit tantôt. Ce n’est pas non plus en criant sur le personnel qu’on arrange les choses, car un médecin ne répond d’abord qu’à son serment d’HYPOCRATE.

Mais l’encombrement de l’hôpital est également dû au fait que Ouagadougou qui comptait environ 200 000 habitants à l’ouverture de l’hôpital en 1961, a aujourd’hui une population de 2 millions soit dix fois plus . Et comme Yalgado a une position centrale, les gens surtout des secteurs environnants préfèrent, même pour de petits bobos s’y rendre directement, alors que Yalgado, normalement, devrait normalement s’occuper des cas plus « sérieux »qui dépassent les capacités des structures sanitaires de niveau inférieur. C’est le cas de notre service de maternité qui est souvent encombré de femmes qui préfèrent, peut-être pour des raisons de confiance, quitter loin et dépasser les maternités que l’Etat a construites dans les secteurs pour venir directement à Yalgado pour des accouchements simples . Mais quand les gens voient ces encombrements, ils peuvent penser que c’est parce que les agents travaillent pas ou qu’il y a trop de malades délaissés.

Certes, il peut arriver que certains agents aient des écarts de comportement ou se livrent à des mauvaises pratiques. Dans un grand hôpital comme Yalgado on ne peut nier catégoriquement ces faits et comme tout milieu humain, il y a certainement des brebis galeuses et il faut le reconnaître. C’est pour cela d’ailleurs, que nous avons organisé une formation sur les responsabilités civile et pénale du personnel de santé. Nous prévoyons former nos agents en accueil, pour qu’ils puissent rassurer et orienter les usagers. Egalement, comme annoncé en début, nous avons pris de grandes résolutions qui devraient permettre à ce que les malades n’excèdent plus 24 heures au niveau des services d’urgence. Cela suppose qu’en aval, c’est-a dire au niveau des services d’hospitalisation, le relais soit assuré en terme de personnels et de lits.

C’est là que nous demandons la compréhension de l’Etat, quand nous demandons des lits médicaux par exemple. Parce que il y en qui pensent que les lits ordinaires peuvent servir dans les hôpitaux. Non, regardez ces ferrailles qui sont jetées derrière l’hôpital, ce ne sont pas des vrais lits, quand on les utilise quelques mois après ils sont hors d’usage. Les vrais lits médicaux sont spécifiques, résistants, et de grande maniabilité qui peuvent tenir des années que nous devrons être en mesure d’acquérir. En investissement, il vaut mieux acheter du matériel même cher mais durable et rentable, que d’acheter, comme on dit des pacotilles qui tiennent à peine un an et qu’il faut renouveler tous les ans.

Vous avez eu à gérer le CENOU, quelle comparaison avec le CHU-YO, lequel est le plus difficile.

Aucun n’est facile, tout est lié à l’approche que l’on adopte. Quand je venais à Yalgado, j’avais des appréhensions car, les gens me disaient que le corps médical n’était pas facile et ce serait très compliqué pour moi. A mes débuts au CENOU c’était la même chose qu’on me disait. Mais, je me suis toujours dit que tout est peut être une question de style de management. En réalité celui qui a fait une école d’administration des entreprises doit être apte à diriger toute structure quelque soit son secteur d’activités et sa dimension. Mon passage au CENOU m’a forgé par rapport à la gestion des secteurs sociaux et vraiment je m’épanouis pleinement quand je me sens au service de mon prochain, notamment de ceux qui sont momentanément en difficultés.

Cela étant, Vous pouvez être autoritaire, avoir un style directif mais cela ne marchera pas partout, surtout pas avec le corps médical. A Yalgado, on a quand même affaire à des gens de grand niveau intellectuel avec qui l’on peut discuter. Il faut surtout les respecter. Aussi, je discute avec eux, les associe, demande toujours leurs avis sur les décisions à prendre. Si par exemple vous n’associez pas les gens au début d’un processus d’achat de matériels et qu’un jour vous débarquez avec des appareils et qu’ils vous disent que ces appareils ne sont pas utilisables, comment faites-vous dans ce cas ? Moi, j’évite de faire ce genre de choses. Et je crois que je me sens accepté dans la maison au regard de l’ambiance qui y règne, et je suis moins stressé qu’au CENOU. Cela est certainement dû au fait qu’ici on a affaire à des gens d’une certaine maturité, qui me comprennent et m’accompagnent véritablement dans l’atteinte des objectifs.

En tout cas, ils comprennent mieux les choses, et quand on explique bien les situations on arrive à arrondir les angles. Alors qu’à l’université, les étudiants parfois pensent que vous avez tout, et que vous devez séance tenante régler en même temps toutes leurs préoccupations. Mais mon passage du CENOU m’a révélé à l’opinion nationale et je me suis fait d’enrichissantes relations humaines dans le milieu étudiant. Partout où je vais (banques, tous services publics, pharmacies etc.), il y a toujours un jeune qui s’approche pour me servir et la personne se présente à moi en disant qu’il était étudiant quand j’étais au CENOU. A mon arrivée au CHU-YO c’est la même chose au niveau des jeunes médecins. Vraiment merci du fond du cœur à tout ce monde qui m’a gardé son amitié et son estime même après mon départ de la tête de cet établissement.

C’est suite à un appel à candidatures que vous été recruté pour diriger CHU-Yalgado. Qu’est-ce qui a joué en votre faveur ?

Permettez-moi d’abord de saluer cette formule de recrutement des directeurs généraux des EPE et des Sociétés d’Etat du Burkina Faso par appel à candidatures. C’est un système américain, et je profite dire que le gouvernement doit aller jusqu’ au bout de la logique de cette formule, c’est-à-dire que l’Etat doit donner les mains libres aux DG recrutés pour leur permettre de mettre en œuvre toute leur compétence et capacités, en assouplissant et en allégeant au maximum l’arsenal des anciens textes sur les EPE, surtout dans les hôpitaux qui s’occupent de la vie des gens. Dans un hôpital, le facteur temps compte beaucoup. Cinq minutes peuvent permettre de sauver ou être fatales pour un malade. Et cela peut arriver à tout le monde. Comme l’ont souligné les internautes au moment du lancement de cette formule, quelque soit la compétence d’un DG, s’il n’a pas les mains libres pour agir, il ne peut atteindre les résultats qu’on attend de lui.

S’agissant de l’hôpital, il faut dire que dans la sous région, les responsables d’hôpitaux de la taille de Yalgado ont plus de souplesse et de marge de manœuvre pour diriger leur structure. Pour revenir précisément à mon cas, je dirai que le processus de sélection comportait une phase entretien ou chacun devrait décliner sa vision. Dans ma lettre de motivation, j’ai indiqué que le CHU Yalgado pouvait être généré autrement, qu’on pouvait introduire une autre façon de manager l’établissement, de sorte à avoir des soins de qualité et de bonnes performances financières. Peut-être, c’est ce qui a fait la différence et qui a fait que j’ai été en définitive retenu.

Mais, il peut y avoir bien d’autres raisons qui ont fait basculer les choses en ma faveur. Il y a par exemple ma gestion du CENOU qui a donné lieu à deux contrôles qui n’a relevé à mon endroit aucune faute grave de gestion, choses confirmées par l’enquête de moralité confiée à la gendarmerie : la première enquête a eu lieu quand j’y étais et la seconde, après mon départ de la structure.

En résumé, quelles sont vos ambitions pour l’hôpital Yalgado ?

Je le redis, le CHU-YO a d’énormes atouts notamment ses ressources humaines mais aussi des capacités techniques. Mon ambition c’est d’arriver à effacer cette image qu’a une certaine opinion nationale sur notre hôpital qualifié à tort de « mouroir ». Parce que certains jugements négatifs sur Yalgado ne sont pas toujours fondés. Très souvent, les malades se trouvant dans le coma sont transportés d’urgence à Yalgado, et dès qu’ils franchissent le seuil de l’hôpital, ils meurent et voilà on dit que Yalgado est un mouroir. Nous allons travailler de manière à ce que l’opinion ait davantage confiance à Yalgado, que le CHU-YO soit véritablement le dernier recours ; que chaque Burkinabé s’il arrive à l’hôpital Yalgado puisse trouver tout ce qu’il faut pour être pris en charge, en gardant toujours à l’esprit qu’on ne peut hélas sauver tout le monde, puisque même dans les hôpitaux des pays développés , la science médicale n’a malheureusement pas encore trouvé l’antidote de la mort. Bien sûr nous devons travailler à sauver le maximum de vies possibles

Notre ambition, c’est de pouvoir soumettre un jour le CHU-YO à la certification internationale, c’est-à-dire de faire en sorte que l’hôpital réponde aux normes internationales des hôpitaux modernes à travers l’introduction de la démarche qualité dans notre management. L’introduction des normes devrait nous permettre d’avoir non seulement des soins de qualité mais également de bonnes performances financières, de sorte à permettre à l’hôpital Yalgado de pouvoir s’autofinancer. Au regard de nos atouts, même en gardant notre statut de structure de service public, à vocation hautement sociale, nous pouvons arriver à créer une moindre dépendance vis-à-vis du budget de l’Etat. Cela permettrait d’avoir de meilleures conditions de travail et d’octroyer du même coup de nombreux avantages au personnel en termes d’augmentation de salaires et d’autres primes.

Si vous aviez la possibilité de dire quelque chose à l’attention de la population qui a recours à vous services, que leur diriez-vous, brièvement ?

Je voudrais que la population fasse confiance au CHU-YO qui regorge de pleines compétences, et qui est en mesure de prendre en charge beaucoup de pathologies. Je voudrais demander la compréhension des usagers, car dans les jours à venir nous allons mener des campagnes de sensibilisation sur divers thèmes dont l’accompagnement des malades, et prendrons une série de mesures en vue d’assainir l hôpital. Quand vous regardez la devanture de l’hôpital Yalgado, mais c’est incroyable, c’est encombré par des gens qui se garent parfois de manière désordonnée.

L’entrée d’un hôpital doit être dégagée, car il y a des ambulances qui rentrent et ressortent tout le temps. Vous savez qu’en matière d’urgence, chaque minute qui passe peut avoir une conséquence positive ou négative pour un malade. Je prends l’exemple des taxis motos qui viennent créer des discussions inutiles à l’entrée de l’hôpital. J’insiste : un hôpital ce sont des règles et un certain de comportements que tout le monde qui y vient doit respecter ; un hôpital ne doit pas être fréquenté comme un marché. Nous luttons contre les mauvaises pratiques, et j’invite les usagers, à toujours venir à la direction générale signaler et attirer notre attention s’ils estiment être victimes de mauvaises pratiques. Les populations n’ont pas besoin de corrompre pour se faire soigner.

Il faut que les usagers nous aident dans ce sens. Et l’agent qui va s’amuser à ce jeu, s’il est pris avec des preuves, nous allons prendre nos responsabilités. Mais sans le soutien de la population nous ne pourrons pas y arriver, nous sommes là pour recueillir toutes les critiques, si elles sont constructives. C’est vrai que des fois, les gens critiquent négativement par manque d’information ou de méconnaissance des règles de soins dans une structure médicale. Nous le répétons, nous sommes au service des populations et nous sommes ouverts à toutes les critiques et suggestions, et c’est ensemble que nous pourrons changer le visage de Yalgado notre hôpital à tous car « votre santé, c’est notre raison d’être ». Interview réalisée par Grégoire B. BAZIE

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