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Sidwaya N° 7286 du 31/10/2012

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Education nationale : Au cœur des maux de l’école burkinabè
Publié le mercredi 31 octobre 2012   |  Sidwaya


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© Autre presse par DR
Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao et un expert de l’éducation nationale


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Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a reçu le mardi 30 octobre 2012 à Ouagadougou, deux rapports sur l’état des lieux de l’éducation au Burkina Faso.

Le répertoire des maux qui minent les institutions d’enseignement supérieur burkinabè, les solutions à y apporter, les propositions de rattrapage des retards accumulés dans des établissements, constituent les points essentiels du premier rapport remis au Premier ministre. Intitulé « L’enseignement supérieur au Burkina Faso : diagnostic, défis et normalisation de ses institutions », ce rapport est le fruit du travail du Comité ad hoc de réflexion sur l’université burkinabè (CAR) mis en place par le gouvernement. Ce comité devait faire l’état des lieux de l’enseignement supérieur au Burkina Faso et proposer des pistes pour la normalisation de ses institutions, en vue de l’avènement d’un enseignement supérieur pertinent et de qualité. L’étude a été réalisée sur la période de juillet à août 2012.

Avec comme coordonnateur, le Pr Alfred Traoré, le CAR, composé d’enseignants-chercheurs, de responsables d’institutions d’enseignement supérieur et d’experts du domaine, a soumis un rapport de 234 pages, qui établit le diagnostic portant sur la gouvernance, la qualité et les offres de formation, les infrastructures et les équipements, l’intégration des TIC dans les institutions d’enseignement supérieur (IES). Le diagnostic a porté également, sur l’introduction du système LMD, les propositions de rattrapage du retard accusé, ces dernières années académiques. Le CAR a ensuite procédé à l’analyse critique du diagnostic et à l’identification des défis des IES, en tenant compte des avis et suggestions de l’ensemble des acteurs du système éducatif. Ces défis sont, entre autres, l’hostilité de l’environnement socioéconomique, la modernisation de la gouvernance, l’insuffisance des infrastructures et des équipements (3 à 4 étudiants se partagent une place en amphithéâtre), la gestion des flux (50 à 60 étudiants par enseignant, alors que la norme est de 25). L’analyse a également touché l’insuffisance et la mauvaise répartition du financement, les TIC, les conditions de travail et la revalorisation des salaires des personnels, le financement des études et l’amélioration des conditions sociales des étudiants, le renforcement de la coopération et l’assurance qualité.

De la politisation à outrance du supérieur…

Le coordonnateur du CAR, le Pr Alfred Traoré, a indiqué que le rapport attire l’attention des autorités sur la politisation à outrance des IES ou l’instrumentalisation des acteurs des IES à des fins politiques. Il a insisté aussi sur le souci de préserver le caractère laïc des IES, tel que consacré par la loi d’orientation de l’éducation au Burkina. Le CAR a, par ailleurs, proposé un plan d’action à court, moyen et long terme (2013-2017), d’un coût global de 1910 milliards de F CFA, dont 60 % pourraient venir des caisses étatiques et 40% des autres sources. Le coordonnateur a noté l’adhésion de la plupart des personnes et des structures questionnées ou rencontrées dans le cadre de cette étude, à l’initiative du gouvernement. Elles ont, toutefois, exprimé leurs attentes, à savoir que le gouvernement œuvre à renverser la tendance actuelle de l’évolution du système d’enseignement supérieur public et privé. « En contrepartie, elles souhaitent que le gouvernement engage des pourparlers avec l’ensemble des acteurs pour un moratoire sur une période bien définie qui ne verrait aucune perturbation des activités académiques au Burkina Faso, condition sine qua non de la résorption des retards », a relevé le Pr Traoré. Ce rapport est le deuxième du genre, après celui d’août 2012 portant sur les mesures urgentes à prendre pour la régularisation du calendrier d’activités normales des IES du Burkina Faso.

L’éducation de base, entre statu quo et rupture

« L’éducation au Burkina Faso, entre statu quo et rupture : nouvelles interpellations et inquiétudes », c’est le titre du second rapport remis au Premier ministre par un groupe de spécialistes en éducation, mandaté en juillet 2011, pour mener la réflexion sur les problématiques essentielles auxquelles doit faire face le Ministère de l’éducation nationale. Selon le coordonateur du groupe, Anatole Nyaméogo, le statu quo s’explique par le fait que malgré tous les efforts consentis, « rien de fondamental n’a changé dans le système éducatif burkinabè ». Les tares identifiées sont le pilotage, l’équité, la pertinence. Les experts ont ensuite abordé la question de la rupture, telle que recommandée par la loi d’orientation de l’éducation de base, au triple plan des concepts et principes, des structures et des contenus. Ils ont alors interpellé les autorités burkinabè à la mise en œuvre adéquate des politiques éducatives, afin de marquer concrètement cette rupture, qui doit être de fait et non de discours. Le groupe de travail a exprimé des inquiétudes dont la principale est : « avec le PDSEB (Programme de développement stratégique de l’éducation de base), va-t-on manquer le rendez-vous de la réforme de l’éducation ? » Cette inquiétude tient au fait que, selon les experts, le document du PDSEB ne donne pas la garantie d’une réforme substantielle et irréversible. « Bien au contraire, la réforme apparaît comme une éventualité pour après 2020 ou 2025 ». Les experts estiment, en outre, qu’il manque dans les structures du MENA, « une tête pensante » pour appuyer le bras armé qu’est le secrétariat permanent du PDSEB. Cette tête pensante pourrait être, selon le coordonnateur, un institut de la réforme de l’éducation et de la formation.

Pour une autre gouvernance des IES

Le Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, après avoir reçu les rapports, a félicité les experts pour la qualité du travail. Au CAR, Luc Adolphe Tiao a indiqué que le rapport sur l’enseignement supérieur qui fait la radiographie de cet ordre, contient des orientations et des recommandations pertinentes pour une bonne décision et une action audacieuse. Tous les acteurs de l’éducation y ont contribué et pour le chef du gouvernement, « ce document incarne la capacité de notre peuple à s’asseoir et à dialoguer pour trouver des solutions aux questions d’importance nationale ». Il a interpellé les uns et les autres à un engagement collectif, inclusif et participatif autour de l’intérêt général. « La résolution de ce qu’il convient d’appeler la crise de nos universités publiques passe résolument par un contrat social qui engage toutes les parties prenantes au développement du secteur de l’enseignement supérieur dans notre pays », a soutenu le Premier ministre. Il a rassuré que le gouvernement va jouer sa partition, donc appelle les responsables d’établissements, les enseignants, les étudiants, les parents et les organisations faîtières à assumer leur rôle pour un enseignement supérieur de qualité. Le grand défi, selon M. Tiao, demeure le dialogue, qui seul, permettra de réussir le moratoire de cinq ans. « Aussi pertinente soit cette recommandation, son effectivité dépendra de la capacité des acteurs à se parler franchement, à concevoir une vision pour l’avenir, à agir ensemble et à produire, chaque jour, des résultats dans le respect des règles du jeu », a-t-il martelé. Et de poursuivre : " (…) Il est temps que nous gouvernions autrement nos institutions d’enseignement supérieur au plan pédagogique, institutionnel, social et financier », a recommandé le Premier ministre. Il a indiqué aux experts que leur document constitue une référence et que le gouvernement en fera un outil de travail.

S’adressant à l’équipe d’experts sur l’éducation, Luc Adolphe Tiao a déclaré que c’est, ensemble, qu’ils doivent répondre aux préoccupations soulevées dans le rapport. « Le gouvernement prend acte de vos propositions », a-t-il dit. Pour lui, il faut plus que de la volonté politique, il faut de l’audace, pour marquer véritablement la rupture escomptée. « Votre rapport nous encourage dans la voie de la réforme et de la rupture. En dehors de celles-ci, il n’y a point d’avenir pour l’école burkinabè », a soutenu le Premier ministre.

Assétou BADOH

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