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L’Observateur Paalga N° 8526 du 24/12/2013

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Chamboulement chronologie 11-Décembre : Quelle mouche a pu bien les piquer ?
Publié le mercredi 25 decembre 2013   |  L’Observateur Paalga


Chamboulement
© Autre presse par DR
Chamboulement chronologie 11-Décembre : Quelle mouche a pu bien les piquer ?


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S’il y a un vocable qui rime avec homme politique, c’est bien le mot bourde.Tant les dirigeants du monde entier sont coutumiers de maladresses les unes plus graves que les autres.Mais s’il fallait décerner la palme d’or des bévues monumentales, le gouvernement burkinabé y serait un prétendant sérieux.Tant les princes de la Quatrième République enchaînent les gaffes politiques à un rythme à vous donner le tournis.Si bien qu’on en vient à se demander si tout cela ne trahit pas une certaine incompétence dans la gestion des affaires publiques.Dernière manifestation en date de l’amateurisme au sommet de l’Etat, l’impair gouvernemental qui a manqué de mettre le feu aux poudre à Kaya ce dimanche 22 décembre 2013.

Tenez !

A la stupéfaction générale, le ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité (MATS), Jérôme Bougouma, pour ne pas dire Jérôme Lagaffe, répondant à une question orale le vendredi 20 décembre dernier, a affirmé que c’est Ziniaré qui accueillerait la commémoration du 11-Décembre en 2015, en lieu et place de Kaya, naguère prévue à cette date.

Une annonce au mépris de la chronologie de la célébration tournante des festivités du 11-Décembre. Il n’en fallait pas plus pour que les populations de la ville des brochettes au koura-koura crient, en toute légitimité, à l’injustice et descendent dans la rue. Un avertissement reçu cinq sur cinq à Ouagadougou, puisque, dans la même nuit du dimanche, un communiqué laconique du gouvernement a remis, fissa, les choses à l’endroit.

Quelle mouche a bien pu les piquer de vouloir bousculer Kaya au profit de Ziniaré, le patelin du président Compaoré ? Simple zèle de courtisans prêts à tout pour s’attirer les grâces du chef de l’Etat, si tant est que ce dernier ne soit pour rien dans cette tentative de coup de force ?

En effet, le principe du roulement de la commémoration de la fête nationale a prévu depuis 2007, année de son adoption, l’ordre suivant : Fada N’Gourma en 2008, Ouahigouya en 2009, Bobo-Dioulasso en 2010 (le cinquantenaire de l’indépendance de notre pays), Koudougou en 2011 (qui fut un rendez-vous manqué par suite de la crise et reporté en 2012), Dori en 2013, Dédougou en 2014 et Kaya en 2015. En attendant le tour des autres chefs-lieux de région.

Jusque-là l’ordre a été respecté et on espère qu’il en sera de même l’année prochaine, puisqu’à Dori, le flambeau a été transmis officiellement au gouverneur de la Boucle du Mouhoun dont la principale ville, Dédougou, doit être l’hôte de la célébration du 54e anniversaire de l’indépendance.

Il est vrai que dans ce Burkina, où la parole donnée aujourd’hui ne vaut plus un clou demain, des rétropédalages, des dénis et des parjures de toutes sortes, on en a vu et entendu.

Si on peut d’ailleurs tailler et retailler la Constitution sur mesure, ce n’est pas un simple décret ou arrêté qu’on hésitera à frapper d’estoc et de taille.

Mais, tout de même !

N’eût été la réaction immédiate des Kayalais, l’affaire serait passée comme une lettre à la poste ou plus simplement comme une loi à notre Assemblée nationale.

Il faut croire que la raison n’habite pas suffisamment certains milieux. La couleuvre aurait été moins difficile à avaler si le bénéficiaire de cette tentative de forcing n’était pas Ziniaré, et l’année choisie 2015.

Ziniaré, la ville du chef de l’Etat ?

2015, avec tout ce que cette année représente dans l’imaginaire populaire ?

Ah oui, qui sait si ce n’est une manière d’aménager une porte de sortie honorable à Blaise Compaoré en lui faisant honneur à hauteur d’homme : sabrer son ultime champagne, en tant que président, sur ses terres d’enfance. Ça vous fait sourire ? Alors, donnez-nous d’autres explications.

Mais restons sur cette dernière hypothèse, aussi saugrenue puisse-t-elle paraître. Oui si tel était le cas, qu’ils aient le courage de le dire et on ferait tous fait le pèlerinage à Ziniaré en 2015 à l’image du monde francophone qui fera le voyage du Sénégal au prochain Sommet de la Francophonie en hommage à Abdou Diouf à la fin de son mandat de secrétaire général de cette organisation internationale.

Plus sérieusement, Kaya étant la capitale de la Région du Centre-Nord, région natale du Colonel-major Komyaba Pascal Sawadogo, Secrétaire permanent du comité national d’organisation de la fête du 11-Décembre, on n’aurait voulu livrer le pauvre officier en pâture à ses propres parents que l’on ne s’y serait pas pris autrement.

Il faut croire que la gestion des affaires d’Etat fait perdre au plus intelligent des hommes le sens de la raison et de la mesure. Enfin !

Pour avoir osé l’ « inosable », les voilà obligés, tête basse, queue entre les jambes, de revenir sur leur décision à travers un communiqué lapidaire passé au journal de 20h de la RTB du dimanche 22 décembre 2013. «… Le gouvernement, tout en félicitant les populations pour l’appropriation de cette manifestation tournante, réaffirme le respect strict du calendrier préétabli pour le choix des villes-hôtes. Dédougou, qui a déjà pris le flambeau pour 2014, et Kaya, programmée pour 2015, sont les prochaines villes-hôtes de la célébration tournante du 11-Décembre. Le gouvernement invite, par ailleurs, les populations au calme et particulièrement celles des villes en instance d’accueillir les festivités à la retenue et au dialogue en vue de renforcer la cohésion nationale et l’esprit des célébrations tournantes ». Message signé du porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré. Point barre. Pas d’excuses et donc pas de faute reconnue, car comme on dit en milieu judiciaire, pas de cadavre pas de crime.

Autre question : Jérôme Bougouma a-t-il à son «petit niveau» pris la décision comme un «grand» ou est-ce que, comme on est enclin à le penser, il n’a été que la bouche de son « maître » ?

Par cette tentative foireuse de contourner une règle qu’ils ont eux-mêmes fixée en toute liberté, quelle leçon de civisme les auteurs de cette maladresse donnent-ils au Burkinabé ? C’est trop facile d’appeler les populations à faire preuve de soumission à la loi quand on est soi-même le premier rebelle à la légalité.

Pour parler comme le vieux (Houphouët-Boigny), le civisme n’est pas un mot, c’est un comportement.

Hyacinthe Sanou

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