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Le Pays N° 5506 du 18/12/2013

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Référendum sur l’article 37: Chronique d’une dictature annoncée
Publié le mercredi 18 decembre 2013   |  Le Pays


Dori
© aOuaga.com par A.O
Dori : le chef de l`Etat face à la presse
Jeudi 12 décembre 2013. Dori. Le président du Faso, Blaise Compaoré, a animé une conférence de presse au lendemain de la célébration de la fête nationale de l`indépendance


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Le peuple burkinabè sera appelé à se prononcer à travers un référendum sur l’article 37.En tout cas, le chef de l’Etat, Blaise Compaoré, a été on ne peut plus clair lors de sa rencontre avec les hommes de médias, à l’occasion de la célébration du 53e anniversaire de l’indépendance de notre pays à Dori.Tous ceux qui redoutaient un référendum sont donc désormais situés.Bien des messagers du pouvoir l’avaient plus ou moins annoncé et cette sortie du président himself vient ainsi mettre fin à toutes les supputations. En tout cas, le pouvoir a trouvé la meilleure formule pour un passage en force. Ce, d’autant que la voie parlementaire comporte trop de risques. Car, on sait bien qu’au sein du parti, le CDP, tous ne sont pas d’accord pour trucider l’article 37. Et le vote étant secret, il pouvait y avoir des surprises désagréables pour les tenants du maintien au pouvoir du président. Au regard des dissensions actuelles internes au sein de ce parti, un vote à l’Assemblée nationale et de surcroît à bulletins secrets, ne garantirait pas forcément au CDP, une victoire. Loin s’en faut. Et la formule toute trouvée est le référendum. Ainsi donc un référendum aura lieu. Cependant, quel sera l’enjeu d’un tel référendum pour le citoyen lambda burkinabè ? Absolument rien, est-on tenté de dire. Que signifie un référendum pour un paysan de Niankorodougou dans les Cascades ou pour un habitant du village de Komandougou à l’Est ?
C’est tout simplement triste. A-t-on réellement besoin d’une telle consultation quand, de surcroît, on imagine ce que son organisation va coûter aux contribuables burkinabè ?

Pour qui connait l’organisation des consultations au Burkina, ce référendum va déboucher sur une mascarade

Pour sûr, des centaines de millions de F CFA seront ainsi dilapidées et permettront même à certains de se remplir une fois encore les poches. Tout cela dans le seul but de permettre à un seul individu de prolonger son bail, voire de régner à vie. C’est la chronique d’une dictature annoncée. Car, si toutefois le locataire de Kosyam parvenait à passer le cap de 2015, ce serait, pour lui, un boulevard ouvert pour toujours. Admettons même qu’il y ait référendum. S’il se passait dans la transparence, ce serait tant mieux. Mais pour qui connait l’organisation des consultations au Burkina, ce référendum va déboucher sur une mascarade. Même l’avènement de la biométrie n’a pas mis fin aux fraudes et l’on a encore en mémoire l’élection présidentielle et les législatives passées. Si l’on se réfère à la présidentielle qui n’a pas connu une forte participation, qu’en sera-t-il de ce référendum qui pointe déjà à l’horizon ? C’est sans doute encore une minorité qui sortira. Mais peu importe, au Burkina, on se préoccupe plus de légalité que de légitimité. Et ce serait dommage pour un pays qui se dit une république qui se veut normale. L’on en vient souvent à se demander pourquoi cette obstination de Blaise Compaoré. Pourrait-il gouverner dans la quiétude et en toute tranquillité s’il venait, malgré tout, à opérer le passage en force ?
Face à cette nouvelle donne, l’on se demande ce que fera l’opposition politique dans son ensemble. Dispose-t-elle de moyens suffisants pour contrecarrer l’organisation d’un référendum ? Déjà, les différentes campagnes de sensibilisation sur le civisme ne sont pas fortuites. Elles visaient d’une certaine manière à préparer les esprits pour un appel au calme face à la bravade que s’apprête à commettre le pouvoir. En la matière, le pouvoir a déjà pris une longueur d’avance. Qu’en sera-t-il de l’opposition qui, il faut le dire, aura fort à faire. Quelle stratégie concoctera-t-elle ? Pauvre de nous. Avec ça, nous rêvons d’être un pays émergent. Encore une illusion qu’on nous vend. L’émergence est avant tout une affaire de mentalité, de gouvernance, d’acceptation de renouvellement des classes politiques, de vision et d’altruisme. Toute gouvernance qui s’appuie sur l’ignorance, la misère, la veulerie des populations, mène tôt ou tard à des impasses tragiques caractérisées par des reculs et des recommencements. Le référendum aura sans aucun doute lieu et la victoire du pouvoir en place est assurée.

Sous nos tristes tropiques, on ne se lasse jamais de la gloire et des honneurs, en dépit des enseignements de Mandela

Mais ce sera une victoire à la Pyrrhus, une victoire sans gloire dont l’essentiel sera assuré par la grande majorité obscure formée de nos pères, mères, sœurs, fils et filles de la communauté rurale, qui ne comprennent rien à l’enjeu d’une consultation électorale. La sociologie politique n’a pas tort de traiter ce monde rural de bétail électoral. Et dans cette expression, il n’y a ni mépris ni condescendance. C’est une expression qui résulte d’un constat cruel face auquel le patriote de bonne foi reste impuissant. Assurément, sous nos tropiques, se perpétue de génération en génération, une démocratie au rabais. Sous nos tristes tropiques, on ne se lasse jamais de la gloire et des honneurs, en dépit des enseignements de Mandela. Et c’est bien là la source intarissable des drames que des nations innocentes sont contraintes de vivre.

SIDZABDA

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