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Affaire Patrice Talon : Le Bénin nous avait habitués à mieux que ça
Publié le mardi 30 octobre 2012   |  L`express du Faso




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Le feuilleton béninois se poursuit : l’ancien ministre Moudjaidou Soumanou et le Docteur Cissé, désormais ex-médecin traitant du président Boni Yahi, ont été amenés hier soir (le 29 octobre 2012) de la prison civile de Cotonou vers une destination inconnue ; la nièce du Président de la République Zoubérath Kora est toujours gardée au même endroit. Rappelons-le, ils sont accusés de complicité dans la tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat du Bénin.

Le principal commanditaire, l’homme d’affaires Patrice Talon, lui, est toujours en cavale, visé par un mandat d’arrêt international. Sa sortie médiatique dans une radio internationale de la place fait par contre des gorges chaudes dans les rues enfumées de Cotonou.

Il a balayé d’un revers de la main les accusations à son encontre, parlant de conspiration. Son principal péché serait de s’être opposé à un projet de l’actuel président béninois de rester au pouvoir : «Oui. Pour pouvoir rester au pouvoir, se représenter… Le président m’a sollicité pour que j’accompagne son nouveau projet politique en utilisant mes relations, mes moyens pour obtenir auprès de l’Assemblée le nombre de députés qu’il faut pour voter ce genre de modifications, qui nécessitent une majorité qualifiée. Mais j’ai résisté. Comme nous sommes des amis, j’ai pu quand même lui faire comprendre que ce n’était pas indiqué, que ce n’était pas faisable, que ce n’était pas bien. Et même si j’avais voulu, ça n’aurait pas marché. Le peuple béninois est attaché à sa démocratie, donc j’ai refusé.».

Une explication qui vaut ce qu’elle vaut. Et pour abonder dans le sens de beaucoup d’auditeurs qui ont suivi, il faisait feu de tout bois, et son argumentaire volait au ras des pâquerettes. Côté pouvoir en place non plus, jusque-là, il n’y a pas de preuve imparable de la thèse du complot. Personne n’est donc convaincant, n’en déplaise au Procureur de la République et au ministre de l’Intérieur, qui font plus dans la gesticulation.

Avec morgue et véhémence, le dernier a invité «les esprits retords» à se calmer dans ce dossier. «Plus de conjectures tendancieuses sur le dossier … Il faut respecter le secret de l`instruction judiciaire», a-t-il dit. Dont acte. Qu’importe de savoir qui a tort et qui a raison, qui est la potentielle victime et qui est l’éventuel assassin.

En attendant, cette histoire, qui s’apparente au scénario d’un roman de gare, est pitoyable et n’honore pas le Bénin, réputé être le quartier latin de l’Afrique, qui a emprunté les rails de la démocratie après le premier départ du pouvoir de Mathieu Kérékou en 1990. Depuis cette époque, le Bénin vaquait paisiblement à l’organisation, réussie, de ses scrutins ; la preuve : Mathieu Kérékou, autrefois vomi, est revenu entre-temps au pouvoir avant de céder la place à Nicéphore Soglo.

Ce dossier, qui n’a donc pas pour le moment livré tous ses secrets, relance le débat sur les empoisonnements et tentatives d’empoisonnement d’hommes politiques célèbres, notamment le dirigeant palestinien dont la mort le 11 novembre 2004 à l`hôpital militaire français de Percy n`a jamais été élucidée, Sani Abacha, ce général nigérian à la tête de la dictature militaire dans son pays de 1993 à 1998, officiellement mort de crise cardiaque, sans oublier Viktor Yushchenko, candidat à la présidentielle de 2004 en Ukraine, qui s’est subitement porté mal pendant l’élection, qu’il a heureusement remportée après avoir échappé à la mort. Sous nos tropiques, il fut même un temps où le poison était utilisé pour la «bonne cause», à but thérapeutique, peut-on oser dire, puisqu’on l’administrait à l’empereur qui avait enfreint aux coutumes ; la cigüe a donc de beaux jours devant elle

Issa K. Barry

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