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BIB, membre d’UBA : Le collectif des travailleurs licenciés et déflatés lancent un appel au Président du Faso
Publié le lundi 29 octobre 2012   |  Autre presse


BIB,
© Autre presse par DR
BIB, membre d’UBA : Le collectif des travailleurs licenciés et déflatés lancent un appel au Président du Faso


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Dans la lettre qui suit, les travailleurs licenciés de la banque internationale du Burkina membre UBA (BIB/UBA) en appellent au Président du Faso pour une intercession dans le bras de fer qui les opposent à leur ancien employeur. Lisez plutôt.

Excellence monsieur le Président,

Nous avons l’honneur de vous faire parvenir par cet écrit des informations et notre cri du cœur de même que celui de nos familles durement frappées par des licenciements à la BIB/UBA, et demander votre intercession.

Excellence Monsieur le Président,

Courant 2008-2009, la BIB, première banque du pays, acteur majeur du financement de l’économie (SOFITEX, etc…), a été cédée par deux structures : Premier ministère et Ministère des Finances, au groupe UBA du Nigeria, sans se référer aux textes en la matière de notre pays (consultation de la Commission de Privatisation, de l’Assemblée Nationale, etc…).

Forts de cette entorse, les Nigérians ont continué sur leur lancée :
Non-respect de la convention de cession en ce qui concerne la gestion des ressources humaines de la banque (notamment la gestion des carrières des agents),
Débauchage massif d’agents d’autres banques, à des salaires qui ne respectent pas les statuts et le règlement intérieur…Les nouveaux arrivants se voyaient offrir des salaires deux à trois fois plus élevés (à postes et responsabilités égales…) que les anciens employés de la BIB. C’est ainsi que la « BIB, membre d’UBA » s’est retrouvée, de facto, avec… 2 grilles de salaires.
Refus de démarrer le Back-up (sauvegarde des données en cas de catastrophe) etc…

C’est dans ce contexte qu’en 2010, et sans respect des règles et procédures en la matière, la direction générale, licenciait 102 anciens agents au motif que la banque est déficitaire, que les créances compromises plombent les résultats, que la banque est en restructuration et que les agents n’avaient pas de diplômes : (que de contre-vérités…). En plus des indemnités qui furent versées, la banque a pris sur elle l’apurement de leurs crédits courts termes.

Il s’en est suivi alors une série de revendications du personnel à travers leurs délégués, entre autres :
Harmonisation de la grille salariale,
Amélioration des salaires ;
Participation au financement de l’économie nationale ;
Respect des statuts et règlement intérieur de la banque ;
Arrêt de l’externalisation de certaines opérations etc…

Les négociations, menées par le personnel de la banque, conformément à l’esprit de dialogue qu’il a toujours cultivé, ont été perçues par la direction générale comme une faiblesse. Elle opposa, dans le mépris, une fin de non-recevoir à nos sollicitations.

Face à cette attitude et afin d’éviter des troubles au pays, le dossier fut transmis à l’Inspection du travail, puis au tribunal du travail. Parallèlement à cela, le ministre du travail et de la sécurité sociale, celui des finances et de l’économie, et le premier ministre furent également saisis.

Mais l’attitude méprisante de la direction générale et du groupe UBA a conduit le personnel à un sit-in, désamorcé par le PCA (votre Conseiller : Justin D. BARRO ex-Vice-Gouverneur de la BCEAO), qui avait promis de tout régler.

C’est alors que nous attendions les résultats des actions conjuguées et la décision arbitrale que le Directeur des Ressources Humaines du groupe UBA et le Directeur Général, ont procédé, après intimidation ( « tu acceptes de partir avec tes droits légaux, plus 9 à 11 mois de salaires d’incitation, et tu règles tes crédits, ou tu refuses et tu es licencié tout de même avec tes droits car, de toute manière, ton poste sera supprimé »…), à un licenciement de 105 agents au point qu’à la date où nous vous formulons cet écrit, seuls 30 agents de la BIB originelle (sur plus de 300) restent à la banque malgré les « professions de foi » (à savoir : ne procéder à aucun licenciement…) du groupe UBA lors de la reprise de la banque.

Cette opération qui visait, selon eux, les anciens de la BIB de plus de 50 ans et plus, a, dans la réalité, touché des employés plus jeunes, recrutés avant la cession de la banque et qui avaient, pour certains, plus de 20 ans encore à travailler avant la retraite. L’opération a été bouclée en une journée de 7 h à 18 heures.

Le couteau sur la gorge, 59 agents capitulèrent et 46 autres furent licenciés (pendant que certains étaient en congés ou sur des lits d’hôpitaux), soit 105 agents au total. Et, dès le lendemain, curieusement, la banque a commencé des recrutements, qui se poursuivent jusqu’à date.

Excellence Monsieur le Président ;

UBA a, certes, 63,74% du capital de la banque mais face à l’Etat qui possède 10,23% du capital et aux droits des autres actionnaires, COFIPA 16,84%, privés nationaux 9,19% (dont certains agents licenciés qui aux moments douloureux, ont participé à sa recapitalisation), mais comment peut-elle se comporter de la sorte au mépris de tout un Etat et de ses règles et procédures ?
Comment l’Etat qui vient d’injecter plus de 13 milliards au titre du règlement de certaines créances compromises, ne peut-il réagir ? Nous nous posons des questions au regard de tout cela. Y a-t-il complicité ? Parce que les responsables du groupe UBA n’hésitent pas à dire à qui veut les entendre qu’ils ont vu les autorités avant de procéder aux licenciements, que l’argent mis pour acquérir la BIB pouvait leur permettre de créer 3 banques au Burkina…

Conformément à la volonté de ne pas créer des troubles, nous nous retrouvons sans emplois et sans revenus, en pleine rentrée scolaire et incapables de faire face à nos responsabilités familiales et sociales.

Excellence Monsieur le Président,

Nous avons à l’esprit l’exemple de Coris-Bank au Niger, nous savons aussi que seul le Burkina et le Bénin ont cédé une banque aux Nigérians. Dans les autres pays de la zone UEMOA, UBA a été obligée de créer ses filiales. Il faut donc craindre l’effet d’entraînement dans d’autres banques à capitaux majoritaires étrangers, dans notre pays.

Quel bailleur de fonds aura confiance pour intervenir dans un pays où le système est instable ?

Au regard de l’injustice dont nous sommes victimes, nous nous tournons vers votre Excellence, Premier Magistrat de ce pays, pour que le droit soit dit.

En attendant qu’il vous plaise de recevoir en audience nos représentants pour de plus amples informations, nous réclamons justice pour les licenciés (2010-2012) de la « BIB, membre de UBA » :
L’harmonisation des salaires avant les calculs des droits et incitations ;
Le relèvement de l’incitation à 10% ou 50% pour les employés à plus de 5 ans de la retraite et 24 ou 18 mois pour tout le reste ;
L’allocation d’une somme forfaitaire pour l’assurance maladie ;
La prise en charge des crédits (licenciés 2010-2012) ;
Le paiement d’un préjudice pour n’avoir pas respecté les lois en vigueurs de notre Etat souverain ;
La nomination d’un DG burkinabè pour la sauvegarde des intérêts du pays et participer à la gouvernance d’entreprise. Dans l’attente d’une suite à notre sollicitation, nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président, l’expression de notre déférente considération.

Ont signé pour le collectif :
OUEDRAOGO Dominique (70204052)
ZONGO Francis (70700674)
THIOMBIANO Claude (70232697)
OUATTARA/SANOU Angélique (70239932)

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