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Forces armées nationales : Le procès des mutins se fait toujours attendre
Publié le lundi 29 octobre 2012   |  Journal du Jeudi




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Après le retour des démons de la mutinerie qui les ont secouées, les forces armées nationales peuvent se targuer d’avoir passé une année 2012 en toute quiétude. Du moins, la sérénité semble-t-elle être revenue dans les rangs, même si tous les problèmes soulevés par les mutins n’ont pas totalement encore trouvé de solution. La patate chaude reste et demeure l’organisation du procès des plus de 300 militaires détenus depuis le mois de juillet 2011. Le tribunal militaire avait promis de boucler le dossier au plus tard « au dernier trimestre » de cette année. Ce rendez-vous très attendu par l’opinion nationale et internationale sera-t-il respecté ?

Difficile de répondre par l’affirmative. En effet, depuis que les choses sont revenues quelque peu à la normale, très peu d’infos échappent véritablement des persiennes du tribunal militaire. Et c’est de bonne guerre. La grande muette a horreur du bruit autour de ces affaires-là. Les épouses et parents des mutins détenus ayant baissé la pression qu’ils mettaient à l’époque, on assiste plutôt à un calme plat. Une situation qui ne devrait pas signifier que tout va pour le mieux. Pour emprunter l’expression consacrée à la justice en général, on peut supposer que « le dossier suit son cours », tout en espérant que l’instance judiciaire militaire respectera son engagement, celui de tenir le procès avant la fin de cette année.

C’est une question d’honneur, mais aussi d’engagement pris au plus haut niveau de l’Etat, d’exorciser les démons de la mutinerie par le biais de la justice. On se rappelle que la radiation de plus de 500 bidasses, en juillet 2011, avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les mutineries ont foutu le désordre au sein de l’armée qui s’est retrouvée sens dessus sens dessous. Des chefs militaires à qui a été logiquement imputé la responsabilité des événements se sont vus tous remplacés de leurs postes de commandement. De nouveaux patrons ont émergé à la tête de l’armée et tout le monde attend de les voir impulser les réformes nécessaires pour éviter de retomber dans les mêmes travers. Le Blaiso national s’est lui-même proclamé sinistre de la Défense et des Anciens combattants dans le gouvernement de Lucky Luc I. Tout cela suffit-il pour exorciser les vieux démons ?

Une année après ces mutineries qui ont lourdement ralenti l’élan du « Burkina émergent » promis par l’enfant terrible de Ziniaré qui venait d’être ré-réélu pour son dernier mandat constitutionnel, on ne devrait pas se contenter seulement de dire que l’essentiel, c’est le retour à la paix. En cela, l’organisation du procès des militaires mis en cause constitue une étape importante pour faire, autant que possible, la lumière sur les motivations de ces mutineries qui ont causé beaucoup de tort à l’économie et au prestige national. Si ces assises sont autant attendues par les parents des prévenus que par l’opinion, c’est bien parce qu’elles détiennent une partie de la clé de l’énigme qui a amené une bonne partie de l’armée nationale à s’en prendre à certaines personnalités de l’Etat, aux sièges d’institutions importantes comme l’Assemblée nationale, et surtout aux biens privés comme de vulgaires malfaiteurs. Certes, c’était une affaire de justice supposée mal rendue contre certains militaires qui a mis le feu aux poudres. Mais l’enchaînement de violences qui a suivi la révolte des militaires contre l’appareil judiciaire a été largement disproportionné.

Au moment où l’armée est appelée à panser ses plaies, force est de reconnaître que la sous-région ouest-africaine, notamment les principaux voisins du Burkina, sont toujours dans la tourmente. Dans la Côte d’Ivoire d’Alassane Dramane Ouattara, les cœurs et les esprits se hâtent lentement pour se désarmer. La longue crise d’une décennie que connaît ce pays continue d’affecter profondément le Faso. Lorsque l’armée burkinabè avait pris la douloureuse décision de radier plus de 500 militaires, donc de les balancer dans la nature, on s’est logiquement inquiété que ces gens n’aillent grossir les rangs des mercenaires qui écument les foyers de tension. La circulation anarchique des armes aidant, tous les ingrédients étaient néanmoins réunis pour que ces hommes soient tentés d’aller vendre leurs services au-delà des frontières. A propos de la proximité, voire de la promiscuité des armées de la sous-région, c’est un secret de Polichinelle que de soutenir que parmi les hommes qui ont livré l’offensive qui a délogé l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, il y avait des combattants qui se targuent d’être burkinabè. Selon des informations distillées dans la presse d’ici et de Côte d’Ivoire, ceux-ci ont attendu longtemps avant de percevoir les primes qui leur avaient été promises. Ce serait désormais chose faite depuis la dernière visite de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, au Burkina. C’est tant mieux.

Engagé dans la mise à disposition de troupes pour l’opération de libération du Nord-Mali, l’armée burkinabè est à nouveau et officiellement sollicitée. L’opération de charme qui est organisée en ce moment à l’endroit d’anciens militaires serait destinée à repêcher quelques retraités pour aller gérer les sables mouvants de Tombouctou, Gao et Kidal... En attendant, le 1er novembre prochain -qui marque le 53e anniversaire de l’Armée- devrait être une bonne occasion pour dresser le bilan des différents engagements, et situer l’opinion sur le dossier du très attendu procès des mutins.

F. Quophy

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