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Blaise Compaoré : Médiateur francofrustré ?
Publié le lundi 29 octobre 2012   |  Journal du Jeudi


XIVe
© Autre presse
XIVe Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : le president Burkinabé SEM Blaise Compaoré Ouattara


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Invité au dernier sommet de la Francophonie tenu en République démocratique du Congo (RDC), Blaise Compaoré et sa suite ont joué les premiers rôles chez Kabila fils. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à vendre les mérites d’une diplomatie de crise dont ils sont devenus les spécialistes. Aux côtés de François Hollande, Blaise Compaoré a tranquillement pris ses points comme on dit sous les tropiques, en dépit de la conjoncture politique et diplomatique. Il aura été sans aucun doute l’un des chefs d’Etat les plus sollicités à “Kin” lors des retrouvailles de la famille francophone. A cela deux raisons principales peuvent être trouvées. La première tient au menu principal de ces rencontres, qui aura fait encore une fois la part belle à la gestion et à la résolution des crises sur le continent africain.

Et plus particulièrement à l’intérieur de cet espace géographique, politique et culturel construit autour de la langue de Molière. Dans cette logique, le conflit malien pouvait-il ne pas être au centre des débats entre les dirigeants réunis pour la circonstance ? Difficile à imaginer, surtout que la question (malienne) a pris une tournure très internationale, avec l’implication directe et sans concession des Nations unies et de son Conseil de sécurité dans la recherche de solutions rapides, pouvant permettre au Mali de recouvrer son unicité territoriale.

Naturellement, tous les pays de la zone sont concernés par cette affaire et ont donc tout intérêt à ce que les négociations aboutissent le plus rapidement. Dès lors, et en sa qualité de Médiateur dans le conflit, l’homme du 15 octobre 1987 (il vient de célébrer officiellement le 25e anniversaire de son accession au pouvoir) s’est retrouvé sous le feu des projecteurs. Place de choix parmi le “syndicat” des Présidents “francofilés”, service VIP, sollicitations permanentes avec un agenda surbooké, en un mot le capitaine était à son aise de l’autre côté du continent, au pays des Patrice Lumumba, Mobutu, Kabila père et autres dirigeants qui ont marqué l’histoire de l’Afrique, chacun à sa manière et avec des fortunes diverses bien entendu.

Loin des tapages de la rue ouagalaise, loin des contradictions politiques entre acteurs manifestement incapables de prendre et d’assumer leurs responsabilités devant l’histoire, loin des délestages et des pénuries de gaz si ce n’est de la vie chère, Blaise Compaoré s’est plutôt livré, comme à son habitude, à une entreprise de séduction de la communauté internationale. En montrant notamment qu’il reste un élément essentiel dans les discussions sur le sort du septentrion malien.

Cette zone, faut-il le noter, est vaste de plus de 800 000 km2, soit plus de quatre fois la superficie du Burkina à recouvrer de gré ou de force, dans des conditions particulièrement hostiles. Plus facile à dire qu’à faire, surtout que les dernières informations disponibles font état d’une mobilisation massive de renforts dans les deux camps, dans la perspective d’une confrontation éventuelle.

Militaire de formation et doyen des chefs d’Etat de la sous-région ouest-africaine, le facilitateur burkinabè ne pouvait qu’avoir son point de vue sur la question. Un point de vue tourné et retourné dans tous les sens, afin d’y déceler le moindre indice. On en aurait presque oublié qu’il y a encore quelques semaines de cela un pavé médiatique lancé dans la mare prétendait que des armes avaient été opportunément livrées via le Burkina aux rebelles du Mujao. Une information derrière laquelle une partie de l’opinion et proche du pouvoir en place croit voir une main française. L’objectif de cette manœuvre étant selon, elle, de mettre les bâtons dans les roues de Ouagadougou afin de mieux reprendre la main.

L’on notera au passage que les dirigeants français et burkinabè, à travers leurs présidents respectifs, ont pu (enfin) se rencontrer officiellement à l’Elysée. Ce qui avait coupé court aux rumeurs. Quant à Laurent Fabius et Djibril Bassolé, les deux chefs de la diplomatie, ils n’ont de cesse de multiplier les cadres d’échange, même si parfois les sourires sont de circonstance. En effet, comment ne rien laisser paraître alors que les couacs se multiplient entre les deux capitales ? Pas si simple...

C’est dans ce contexte qu’il faut situer le “discours de Kinshasa”, à l’opposé de celui de Dakar. Dans ses bonnes feuilles, le socialiste a cherché ainsi, cinq ans après, à effacer l’image désastreuse laissée par le “néogaulliste” aux Africains. L’adresse de François Hollande prônant de nouveaux types de rapports fondés sur le respect des principes démocratiques a été en fin de compte diversement appréciée. Saluée par les uns, rejetée par les autres, elle a au moins gagné sur un point précis : ne pas faire l’unanimité contre elle, comme ce fut le cas avec les déclarations de Nicolas Sarkozy en 2007.

Nouveau type de collaboration, nouvelle approche linguistique, nouveau mode d’emploi ? En tout cas, le chef de l’Etat burkinabè n’a pas craché sur l’anglophonie. Sans forcer le passage, comme certains de ses pairs qui ont préféré s’attacher d’autres partenariats stratégiques, Blaise Compaoré préfère pour l’instant mettre en avant la nécessité d’une ouverture sur un monde de communication. Fidèle à sa démarche habituelle, il ne tranche pas la question de manière directe. Bien évidemment, ses propos pourraient bien être interprétés dans un sens comme dans un autre...

A. TraorÈ

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