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L’Observateur Paalga N° 8516 du 9/12/2013

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Mandela et les chefs d’Etat africains : Toujours adulé, rarement imité
Publié le mardi 10 decembre 2013   |  L’Observateur Paalga




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Décidément c'est un paradoxe bien établi chez certains de nos chefs d'Etat : toujours vanter les mérites des autres en matière d'alternance mais rechigner à suivre leur exemple.

Dernière manifestation en date de cette absurdité, le torrent de louanges déclenché par la mort, jeudi 5 décembre 2013, de Nelson Mandela. Celui-là même qui, au terme d’un seul mandat de cinq ans, a renoncé à la charge suprême.
En effet ils sont nombreux à vouer un respect quasi dévotionnel au grand architecte de la nation arc-en-ciel, mais aucun ne veut s'approprier ses qualités relativement à la gestion du pouvoir d'Etat.

Quelques exemples parmi tant d’autres :

- Tchad : en 1988, Zine El Abidine Ben Ali modifie la Constitution et limite les mandats présidentiels à 3. Mais en 2002, sous la "pression" des militants du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et des Amis du Cheval Berbère (Association) il tourne casaque, charcute la Loi fondamentale et brigue un 4e mandat. Il aura fallu la bourrasque printanière de 2011 pour mettre fin à cette faim d’éternité.
- Tunisie : en 2001, Idriss Deby disait : "Ce qui me reste à faire au cours de ce dernier mandat, c'est de préparer le Tchad à l'alternance au pouvoir, une alternance démocratique et pacifique, sans rupture" (1). Depuis lors, l’eau du Chari a coulé sous les ponts de Djamena, puisque le 3 mai 2005, Déby Itno a obtenu l'aval du peuple pour un énième mandat. En 2013, avec 23 ans de pouvoir au compteur, l'ex-com chef d’Hissène Habré est toujours le maître du Tchad.

- Gabon : en 2003, le Parlement a déverrouillé la clause limitative du nombre de mandats présidentiels à deux, à quoi il faut ajouter que, 6 ans auparavant, le septennat avait déjà remplacé le quinquennat.

- Cameroun : quant à Paul Biya, depuis 1982 qu'il tient la barre du pays, les élections se suivent et se ressemblent, si bien que l'identité du locataire du palais d'Etoudi reste inchangée.

Et voilà qu’a l'occasion de la chute du dernier grand baobab africain, Nelson Mandela, beaucoup de nos dirigeants ont loué à l’unisson son inégal parcours. Et pourtant...
Ainsi, le président Pierre Nkurunziza, qui a décrété 3 jours de deuil au Burundi, ne proclamait-il pas urbi et orbi s’inspirer du modèle Madiba alors qu’on le suspecte de vouloir jouer les prolongations en 2015, terme légal de son mandat ?
Les Ecritures saintes nous conseillant de nous préoccuper de la poutre qui est dans notre œil avant de regarder la paille qui est dans celui d’autrui, arrêtons-nous donc au Burkina Faso, où 2015 est dans toutes les têtes, y compris celle du principal concerné :

va-t-il bousculer l’article 37 pour un lenga (2) d’au moins cinq ans comme semblent l’y pousser ses farouches partisans de la FEDAP/BC ?
Cultivant un mutisme de sphinx sur la question ou bottant en touche lors des rares occasions où il consent à y répondre, le locataire de Kosyam s'est pourtant lâché ce 8 décembre 2013 à Paris, où, pour la première fois, il a avoué qu'il se pourrait qu'il saute le verrou constitutionnel pour demander encore une fois l'onction de ses compatriotes en 2015. Et pourtant, lui non plus n’a pas été avare en dithyrambes au sujet de Madiba : "Sa vie aura été pour moi une école ".

Devant la presse internationale et à deux ans de l'échéance fatidique, Blaise Compaoré a commencé à tomber le masque dimanche matin à Paris. On ne sait pas s'il va y aller vraiment, car l'homme est passé maître dans l’art des leurres, et certains subodorent qu'il n’a fait que lâcher un faux lièvre. Alors que le plan B est toujours enfoui dans sa tête. Mais pour l’heure, on ne peut pas ne pas longuement méditer sur ses confidences à la presse internationale, relayées par notre confrère RFI : "Pourquoi voulez-vous qu'un peuple qui a élu un chef d'Etat le fasse partir alors qu'il lui apporte la stabilité politique, institutionnelle, la paix... ?", (Sic).
Que ceux qui ont un peu de bon sens comprennent.
Depuis la capitale française et à l'occasion du sommet sur la paix et la sécurité, et dans le contexte de la disparition de Madiba, toutes ces déclarations de ceux qui nous gouvernent paraissent étranges et surréalistes.
En quoi l’exemple de Mandela aura sincèrement inspiré ceux qui rêvent d’un pouvoir ad vitam aeternam ?

Certains étaient déjà aux affaires lorsque Mandela cassait toujours des cailloux sur l'île de Roben Island.

Mais il n’y a pas qu’en matière d’alternance que Madiba a donné l’exemple. Car il y a bien d’autres domaines où il ne demande qu’à être imité. Nous pensons par exemple à sa gestion de la chose publique et à son délicat rapport à l’argent. Ne dit-on pas qu’il mettait une bonne partie de son cachet présidentiel dans des œuvres humanitaires au profit des déshérités, notamment l’enfance souffrante ?

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

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