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Loi fondamentale : Comment dit-on Constitution dans nos langues nationales
Publié le jeudi 5 decembre 2013   |  L’Observateur




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L’Institut national des sciences des sociétés a procédé à la traduction de la Constitution du Burkina dans 10 langues nationales. Les textes de ces traductions ont été présentés au président de l’Assemblée nationale le lundi 2 décembre 2013.

Il y a 7 ans de cela soit, en 2006, que l'on a présenté pour la première fois des traductions de la Constitution du Burkina en 3 langues nationales, à savoir le dioula, le mooré et le fulfuldé. Le président du Conseil constitutionnel à l’époque, Drissa Traoré, avait souhaité que ce document régissant la vie constitutionnelle de notre pays soit traduit dans 10 autres langues nationales. C'est désormais chose faite, car les chercheurs de l'Institut national des sciences des sociétés (INSS) se sont impliqués et ont abouti à cette fin : outre les 3 langues, notre loi fondamentale, grâce au soutien de l'ambassade du Canada, est disponible en nouni, bobo, lyelé, gulmancema, bissa, bwamu, san, kasséna, dagara et lobiri.

Pour y parvenir et selon le directeur de l’INSS, Mamadou Sanogo, ont été mobilisés les chercheurs en sciences humaines et sociales, qui en ont fait d’ailleurs une de leurs missions et de leurs préoccupations. Par moments, l’on a même dû avoir recours aux magistrats, aux avocats, aux communicateurs et aux administrateurs afin de stabiliser le vocabulaire technique. Et cette harmonisation des différentes compétences a permis d’assurer, de l’avis de Mamadou Sanogo, une traduction lexicologique et lexicographique fiable.

Celui-ci a rappelé que l'équipe des chercheurs va faire les mises à jour nécessaires pour prendre en compte l’évolution des langues. Il a même affirmé que son institut est prêt à traduire les documents utiles à la gouvernance locale, et si on le lui demandait, l’INSS souhaiterait mobiliser ses compétences pour aller au-delà des 10 langues, pour en atteindre 20.

Mais pour y parvenir, cela n’a pas été facile quand on sait que certains termes du droit, empruntés au latin, sont intraduisibles dans nos langues ; il a donc fallu, selon le porteur de ce projet, Gérard Tiendrebéogo, organiser un atelier pour valider les documents finaux, qui prenaient en compte les préoccupations des uns et des autres. Celui-ci demeure convaincu que si rien n'est fait d'ici là pour valoriser nos langues nationales, elles pourraient disparaître avant la fin du 21e siècle au profit des langues importées, ce qui constituerait un suicide pour nos sociétés. Et la traduction de la Constitution dans les langues permet d'atteindre le plus grand nombre de Burkinabè.

Lors de la cérémonie, séance tenante, l'article 1, alinéa 1 de la Constitution : "Tous les Burkinabè naissent libres et égaux en droits. Tous ont une égale vocation à jouir de tous les droits et de toutes les libertés garantis par la présente Constitution" a été traduit dans les 10 langues.

Ce ne serait plus un problème que de dire que nul n’est censé ignorer la loi. Mais s’il se trouve que cette loi fondamentale est écrite dans une langue inaccessible au commun des Burkinabè (75% ne comprennent pas le français, la langue officielle), cela pose des problèmes. C’est ce qui a fait dire au ministre de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Gnissa Isaïe Konaté, que la diffusion de la Constitution dans les 13 langues (10+3) permettra sa compréhension par plus de 80% de la population. Mais encore faut-il que cette population arrive à lire dans sa propre langue ! Cela passe par l'intensification de l'alphabétisation, comme l’a dit le président de l’Assemblée nationale, Soungalo Ouattara.

Après, la Constitution traduite sera apportée aux différentes communautés, et une campagne de sensibilisation suivra pour une meilleure diffusion de celle-ci. «Il faut se convaincre que c'est avec les langues nationales que l'on peut accéder au développement, à l'enracinement de l'esprit citoyen et à la consolidation de l'identité et de la personnalité nationale. Nos langues nationales peuvent améliorer la communication entre les gouvernants et les gouvernés», a dit le ministre Konaté. Tous les canaux pour la divulgation de la Constitution seront exploités. D'ores et déjà, on table sur des campagnes axées sur le théâtre-forum pour la sensibilisation.

Kader Traoré

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