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Sidwaya N° 7556 du 4/12/2013

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Paul Put (Entraîneur national des Etalons) : “On a été volés”
Publié le mercredi 4 decembre 2013   |  Sidwaya


Eliminatoire
© aOuaga.com par AO
Eliminatoire mondial 2014 : Le staf technique des étalons du Burkina donne une conférence de presse
Jeudi 30 mai 2013. Hôtel Joly. Ouagadougou. Le staf technique des étalons du Burkina à donné une conférence de presse sur les préparatifs des Etalons pour la coupe du monde et surtout sur leur match contre le Niger prévue pour le 9 juin au Niger. Photo : Paul Put entraineur des étalons du Burkina


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Depuis le match de Blida, le sélectionneur national est resté enfermé dans son cocon. Il a choisi les colonnes de Sidwaya Sport pour sortir de sa léthargie ; c’est donc une interview exclusive que le journal sportif de tous les Burkinabè a pu avoir avec lui.

Avec le recul, avez-vous le sentiment qu’il y avait bien de la place pour le Burkina à cette Coupe du monde Brésil 2014 ?

Je ne parlerai pas en terme de sentiment, je suis sûr. Ce qu’on a prouvé en une année est énorme. On a joué la finale de la CAN et on est arrivé en barrage. Si on doit comparer les deux matchs, nous sommes à égalité de trois buts partout. Mais vous avez pu le constater qu’au match retour, on a été vraiment volé et c’est dommage que ces genres de pratiques existent encore dans le football africain. S’il y a bien une équipe qui méritait d’être avec les autres nations africaines pour le rendez-vous du Brésil, c’est bien le Burkina.

Etes-vous donc aujourd’hui un coach frustré ?

Je suis beaucoup frustré. Cela fait une semaine que je ne mets pas le pied dehors. J’ai pris du recul pour mieux faire le vide dans ma tête et je n’ai contacté aucun joueur depuis notre retour. On a fait un travail impressionnant et moi personnellement je suis très fier de la manière dont on a joué en Algérie. On a fait un très bon match surtout les premières 45 minutes. Tout le monde était en place. On a fait un travail dur au Maroc et tous les joueurs se sont présentés avec volonté et une mentalité parfaite. Et c’est ce qu’ils ont montré pendant le match. On ne peut rien dire à ce niveau. On était bien en place car on a prévu de jouer avec des éléments rapides pour les contre-attaques parce que c’était à l’Algérie de chercher à marquer. Tout était excellent car on avait même prévu de marquer un but comme on le fait généralement ces derniers temps. On a réussi à le faire mais malheureusement notre but a été annulé mais nous sommes néanmoins restés sereins avec une certaine discipline. Mais c’est l’arbitre qui a décidé de notre sort car il a tué notre jeu en refusant qu’on entre dans le match. Après avoir pris le but, je dirais une réalisation suspecte car il y avait hors jeu et le but est entaché d’une main irrégulière, on a procédé à des changements qui nous permettaient de garder notre équilibre tout en restant forts. Mais l’arbitre a passé le temps à siffler de petites fautes quand nous sommes en possession de la balle. Cela coupait tout le temps notre élan et nous a tués. Mais je suis fier de ce qu’on a pu réaliser en cette année car cela relève du miracle.

Ne regrettez-vous pas de n’avoir pas attaqué les Fennecs d’entrée de jeu pendant que cette équipe était friable durant les 45 premières minutes ?

Non, on a tout fait. On était bien en place et on n’a pas offert d’occasion à notre adversaire. Mieux, on l’a contré intelligemment. Mais c’est le but qu’on a pris qui a faussé la donne. J’ai fait des changements offensifs car on était obligé de marquer. Mais la difficulté c’est que tu mets des joueurs techniques dans l’équipe comme Alain et son frère Bertrand Traoré et Bancé pour la puissance mais tu n’arrives pas à jouer car si on amorce une offensive, l’arbitre trouve le moyen de déceler une faute pour siffler contre nous. Même pour le temps additionnel, on devait aller au-delà de 5 minutes avec les remplacements et les blessures mais il ne nous a accordé aucun et tout cela nous a tués. On n’a pas aussi eu la chance avec ce ballon sur le montant du portier algérien. C’est dur d’accepter mais nous devrions être fiers des Etalons. On ne doit pas baisser la tête, on doit poursuivre le travail car 2015 n’est plus assez loin et on doit encore prouver des choses. Au niveau de la maturité, de la mentalité, de la technique de l’équipe et tout cela, on a véritablement progressé.

Mais c’est quand même rageant de rater un mondial à 45 minutes près ?

Oui j’étais complètement abattu et c’est la raison pour laquelle je ne sortais pas depuis 10 jours. C’est dur d’accepter mais la vie continue. Si on a des arbitrages comme cela, le football africain ne va pas avancer. J’étais autant malade que les joueurs. C’est vrai, au début, personne ne pensait à la coupe du monde car il nous restait quatre matchs et on avait zéro point. On gagne nos quatre matchs et on se retrouve en barrage. Là aussi à ce niveau, on a dominé l’équipe algérienne au match aller sauf les premières 20 minutes où on a eu des difficultés mais après, on a retrouvé notre jeu et on a dominé. Dommage, on rate un penalty et tout cela compte pour accéder aux phases finales. Mais aucune personne n’a pensé à ce scénario qu’on jouerait les barrages et qu’on aurait la qualification en main en moins de 45 minutes. On était tout proche d’entrer dans l’histoire de la coupe du monde mais Dieu en a décidé autrement.

Le Burkina n’a-t-il pas perdu sa qualification au match aller ?

Non. Je ne suis pas d’accord avec cette analyse car pour moi, on a fait un très bon match. Techniquement, tactiquement et mentalement on était en place. On avait présenté les mêmes aptitudes face au Congo ; mais là, on jouait contre une formation qui avait déjà participé au mondial à trois reprises et qui possède des joueurs qui évoluent dans des grands championnats européens. Devant cette formation, on a montré que le Burkina est une très bonne équipe et on était en place. Ce qu’on a fait au Maroc durant les huit jours de regroupement m’a donné entière satisfaction et pour moi, la plus grande victoire, même si on n’a pas eu la qualification, reste les résultats qu’on a obtenu sur cette période courte et cela me conforte sur le fait qu’on a une équipe qui frappe avec insistance à la porte des grandes nations du football. Et ce n’était pas comme cela avant.

Vous êtes à la base de ces performances des Etalons, mais vos résultats sont-ils suivis de près par votre pays, la Belgique ?

Oui. Notre match contre l’Algérie a été suivi de près en Belgique et la presse nationale belge en a fait grand écho. Dans l’ensemble, cette presse a reconnu que s’il y a une équipe qui méritait d’aller au Mondial, c’était bien le Burkina. Ils ont bien apprécié notre match en Algérie, surtout la première mi-temps et ils ont aussi relevé et fustigé le comportement de l’arbitre notamment le but qu’il nous a refusé et l’action de Bougherra qui méritait le carton rouge foncé. Il n’y a eu que des réactions positives en Belgique. Les grands quotidiens belges, les journaux français et même Canal+ ont reconnu que le Burkina a une très bonne équipe qui développe un beau football et c’est déjà important. Oui, la presse belge me suis bien que je sois au Burkina. On n’y est pas encore, il reste du travail à faire avec le Burkina et cela commence avec les jeunes car c’est la relève. Mais 2015 est très proche et on doit apporter de la nouveauté, quand bien même il faut revoir beaucoup de choses dans l’organisation. J’ai eu l’opportunité d’être reçu par le conseiller du président du Faso, Monsieur François Compaoré ; on a échangé et il a bien compris. Il m’a aussi dit que le président était content de la manière dont l’équipe du Burkina a évolué en une année. Il souhaite qu’on poursuive le travail pour avoir un bon résultat à la CAN 2015.

Le ministre des Sports a dit que maintenant les Etalons jouent dans la cour des grands. Est-ce votre opinion ou bien vous estimez que votre équipe a encore du progrès à faire ?

Moi, nous sommes en train de taper avec insistance à la porte. On est proche d’y entrer mais on a encore du travail à faire. Ce qu’on a réalisé en une année c’est déjà un grand travail. Aujourd’hui nous voyons une équipe burkinabè presque mature. Ce qui fait sa force, c’est qu’on n’a pas de vedettes comme certains pays mais on a une équipe qui veut jouer, qui veut mouiller le maillot pour son pays. Il nous reste encore du travail à faire au niveau organisationnel, structurel et analyse. Je pense que tout le monde a compris et veut le meilleur pour avancer encore. On tape à la porte mais on n’est pas encore rentré. Ce qui est sûr, on n’est plus loin.

Vice-champion d’Afrique avec les Etalons, barragiste du mondial 2014 alors que beaucoup ne s’y attendaient pas. Avez-vous encore d’autres challenges à relever ?

Oui, j’ai encore d’autres challenges et un grand travail à faire. S’il arrive à un moment où je dois quitter le pays, je voudrais que tout le monde retienne et reconnaisse que j’ai bâti quelque chose sur du solide. Je vais d’abord me focaliser sur la CAN 2015 mais je m’occuperais aussi des jeunes en commençant par améliorer le niveau du staff technique ce qui permettra un progrès certain du football burkinabè et lui assurera des lendemains meilleurs.

Vous êtes un technicien expérimenté, a-t-on fait recours à vous pour aider les locaux qui entameront bientôt leur préparation pour le CHAN qui a lieu sur les terres de vos exploits ?

Le président de la FBF et le ministre des Sports m’ont demandé d’assister Brama Traoré pour l’aider à préparer les locaux pour le CHAN. Je n’ai pas trouvé d’inconvénient. J’ai même déjà établi un programme et on va commencer le 9 décembre avec des tests physiques pour voir les conditions des joueurs. On fera un travail spécifique à Ouagadougou avant de nous rendre en Afrique du Sud et précisément à Cape Town, le 2 janvier 2014, pour parfaire cette préparation. Cette approche avec cette équipe me donnera l’opportunité de mieux connaître les locaux qu’avant et en même temps, cela m’offre l’occasion de travailler avec eux pour apporter un peu de professionnalisme. C’est aussi le souhait de Brama Traoré qui m’a demandé cela depuis longtemps. C’est avec plaisir et bon cœur qu’on essaiera ensemble de bonifier les performances des joueurs locaux. Je suis un entraîneur et je suis passionné du terrain, donc si je peux aider les locaux en plus de ma fonction d’entraîneur de l’équipe A, je n’y vois pas d’inconvénient. Si on a besoin de moi pour les aider, ça voudrait dire qu’ils ont confiance en moi et cela me donne le courage. Le conseiller du président m’a dit qu’il n’a jamais un entraîneur comme moi qui est resté toujours modeste et calme et cela me motive à donner le meilleur de moi pour le Burkina.

Entretien réalisé par
Béranger ILBOUDO

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