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Le Quotidien N° 930 du 29/11/2013

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Conseils Municipaux : Des crises entretenues par la soif du pouvoir
Publié le samedi 30 novembre 2013   |  Le Quotidien




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En moins d’un an de fonctionnement, six conseils municipaux du Burkina ont connu tellement de dysfonctionnements et de blocages qu’ils ont été dissous. C’est du moins la justification que donne le gouvernement pour motiver sa décision. Ainsi, les conseils municipaux de Yamba, de Soubakaniédougou, de l’arrondissement n°4 de Ouagadougou, de Bagré, de Pensa et de Dandé sont passés à la trappe pour des querelles internes ayant paralysé l’exécutif local.
De toutes ces localités, c’est bien sûr l’arrondissement 4 qui a, le plus, fait parler de lui. Des rivalités internes au parti majoritaire sont à l’origine des malheurs de cet arrondissement.
Le Congrès pour la démocratie et le progrès n’a pas digéré l’élection surprise d’un candidat dissident. Dès lors, il a mis en place une véritable stratégie de sape du travail du maire élu. Mais cette façon de vouloir imposer ses candidats, même s’ils sont impopulaires, peut comporter de grands risques pour la paix sociale. Quand les populations ont fait un choix à travers leurs conseillers municipaux, il faut le respecter.

Comme toutes les autres communes sanctionnées, le problème principal de nos municipalités, rurales comme urbaines, réside dans le mode d’élection du maire. Même au sein d’un parti, on voit que le système actuel peut être source de blocages. C’est dire que les nouvelles élections ne vont pas régler comme par enchantement les difficultés, puisque les protagonistes demeurent les mêmes, les contradictions aussi. Le Burkina doit, à ce titre, prendre l’exemple sur la Côte d’ivoire où l’élection des conseillers municipaux et du maire se font concomitamment. Chaque liste comprend les candidats au conseil municipal et celui qui doit occuper la mairie en cas de victoire. Dès lors, une fois les municipales passées, plus question de dissensions et de déchirements autour de la personne appelée à diriger le conseil. On fait l’économie de ces querelles intestines, pour s’occuper du seul combat qui vaille, celui du développement communal.

Malheureusement, au Burkina, beaucoup d’élus ont perdu de vue leur rôle premier qui est d’être à l’écoute des populations et de leurs préoccupations. Ils n’ont d’yeux que pour les intérêts de ceux qui les ont faits rois et assourdis par le tintanmarre de leurs prochains deals de parcelles. D’où toutes ces manœuvres politiciennes qui ne grandissent la fonction d’élu local. C’est une fois la bagarre autour des postes terminée –cela peut prendre un an ou plus- que l’on songe enfin à s’occuper de son travail, si ce n’est de son deal. Et dans la plupart des cas, la priorité, c’est le lotissement, car pourvoyeur de fonds. La santé, l’éducation, l’emploi, le cadre de vie des populations sont relégués à l’arrière-plan. Il y a eu les états généraux des lotissements justement à cause des nombreuses dérives qui y étaient constatés. Il faudra peut-être aussi tenir d’autres états généraux, pour cette fois, poser la question fondamentale, celle du rôle de l’élu local. Car cette mission a été totalement dévoyée par des pratiques politiciennes malsaines. Lorsque la tête du maire ne plait pas aux puissants du jour, une pagaille organisée est mise en place, avec pour finalité d’amener le gouvernement à sévir, comme on vient de le voir avec la dissolution des six conseils municipaux. Mais au finish, qui gagne, qui perd ? Quelle fierté y a-t-il à paralyser une commune pour une question d’ego ? C’est avoir une courte vue que de croire que l’on a gagné une bataille politique en faisant « sauter » un adversaire pourtant élu à la régulière. Car au bout du compte, les conséquences sont désastreuses pour les localités concernées et plus généralement pour le Burkina. C’est le développement à la base, tel que voulu par la décentralisation, qui est ainsi plombé.

En définitive, la dissolution et la reprise des élections dans certains conseils municipaux sont l’expression des tâtonnements de la décentralisation. Un processus encore mal compris par ceux-là mêmes qui l’ont conçu ou qui sont appelés à le mettre en œuvre. A ce rythme, la fin de crise de la gouvernance locale au Burkina n’est pas pour demain.

La Rédaction

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