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Sidwaya N° 7551 du 27/11/2013

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Célébration de l’indépendance du Burkina Faso : Paix et harmonie, gage d’un développement durable
Publié le mercredi 27 novembre 2013   |  Sidwaya


52e
© Autre presse par DR
52e anniversaire de l’indépendance du Burkina


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Le Burkina Faso, depuis son accession à l’indépendance, œuvre inlassablement pour se développer. Cependant, des actions anthropiques sont à même de remettre en cause la paix et la cohésion sociales, élément fondateur d’un développement durable.

Yannick Ilboudo a 18 ans. En cette journée ensoleillée du 6 décembre 2012, il devrait être en classe pour suivre les cours. Et pourtant, il s’apprête à prendre part à la marche de protestation des scolaires de Ouagadougou. Devant le lycée Sainte Colette (l’ex-secteur n°28) où les grévistes ont établi leur quartier général, plusieurs élèves rallient la manifestation. Désormais en nombre impressionnant, ils mettent le cap sur les différents lycées de la ville de Ouagadougou pour « libérer » leurs camarades. A pied, à vélo ou à motocyclette, tous les moyens sont bons pour la farandole d’élèves de poursuivre son chemin. Illico presto, les voilà sur l’avenue Charles-De-Gaulle. Ils érigent des barricades et scandent des slogans. La circulation est bloquée. Des années durant, les mouvements de protestation, ont souvent éloigné, Yannick Ilboudo des salles de classe. Ce qui lui a fait fait goûter au fruit amer de l’échec. Aujourd’hui, en classe de 3e au lycée Saint Joseph de Ouagadougou, c’est avec regret qu’il raconte : « J’ai toujours pris part aux grèves, depuis mon arrivée au lycée. A chaque fois, un groupe d’élèves venait nous demander de quitter les salles de classe pour aller « libérer » les élèves des autres établissements secondaires ». Ignorant même les causes des mouvements de protestation, Yannick Ilboudo a toujours pris part aux mouvements d’humeur des scolaires de la capitale burkinabè. Il poursuit, en témoignant : « Avec mon jeune âge, j’ignorais ce pourquoi on grévait. Dans certains établissements, nous avons brisé les vitres des salles de classe et dans d’autres où on nous refusait l’accès, nous avons défoncé les portes d’entrée. Sur notre passage, des feux tricolores n’ont pas été épargnés ». Au Burkina Faso, malgré les efforts accomplis en matière de promotion des droits humains et de civisme, on assiste à une déperdition des valeurs sociales. Cela se manifeste par une progression de l’incivisme, de la pratique d’une justice privée, d’actes de vandalisme, du manque d’intérêt pour les biens publics, du non-respect de l’autorité de l’Etat, de l’intolérance. Ce déclin du comportement responsable du citoyen se situe à tous les niveaux de la société burkinabè, indifféremment de la classe d’âge et du statut social. Néanmoins, il sévit, de façon plus accrue, au niveau de la jeunesse. Cette situation, explique le Professeur Albert Ouédraogo, ancien ministre des Droits humains et de la promotion civique, constitue un danger pour le développement de la société burkinabè. Pour lui, le comportement de la jeunesse et de certains adultes trouve son fondement dans l’évolution de la société. « Elle est la résultante d’une perte de la morale traditionnelle, du développement d’une culture citadine », indique Pr Albert Ouédraogo. A cela, dit-il, s’ajoute l’influence des nouveaux médias avec pour corollaire la vulgarisation d’une culture mondiale au « pays des Hommes intègres ». Outre les médias, souligne M. Ouédraogo, la gouvernance, les récriminations contre l’appareil judiciaire, les revendications sociales sont devenues nombreuses, au regard de la montée d’une certaine précarité au sein de la population. « Tout ceci constitue des ingrédients qui forment le terreau à l’incivisme plus ou moins généralisé dans la société », justifie-t-il.

Comportement anti-républicain

Professeur de droit public à l’Université de Ouagadougou, Abdoulaye Soma a d’autres explications. Pour lui, ces actions sont la résultante du désengagement de l’Etat. « Dans une société, si un citoyen n’est pas capable de faire confiance aux procédures et aux règles qui sont fixées par l’Etat, s’il pense que ses semblables ne sont pas sur le même pied, au regard des règles établies par l’Etat, il peut se faire justice lui-même », tente-t-il d’expliquer. Et d’insister : « Ainsi, s’il se sent en position de faiblesse et qu’il estime que s’il active les règles et les procédures pour entendre sa cause, ces procédures ne seront pas respectées, il sera plutôt porté à agir hors des cadres législatifs et réglementaires ». Conscient que la république est par essence le garant de la stabilité, l’incivisme, affirme le Professeur Abdoulaye Soma, constitue un trouble grave à l’ordre public et au bon fonctionnement de l’Etat, en somme, une entrave au développement social et économique. « L’incivisme étant une violation de la loi, il est un comportement anti-républicain », ajoute-t-il. En toute situation d’injustice, la norme, soutient M. Soma, voudrait qu’il y ait une plainte, un procès et une sanction éventuelle prononcée par le juge. Mais, le constat, relève-t-il, est que des détenus sont libérés des geôles hors des cadres légaux. Par ailleurs, on assiste au développement d’une justice privée, de l’incivisme fiscale, etc. Propos que corrobore Fréderick Bassanou, habitant l’ex-secteur n°11 de Ouagadougou (quartier Ouidi). A son avis, les manifestations d’intolérance et le regain de l’incivisme sont des comportements qui remettent en cause les acquis en matière de droits humains et de construction d’une nation démocratique. Toute chose qui met à mal la cohésion sociale.

Rétablir la confiance

La recrudescence de l’incivisme, selon le Kamsongh Naaba, interpelle l’ensemble des composantes de la population quant à la nécessité de renforcer les actions de préservation de la paix sociale et du respect des droits humains. A l’en croire, cela passe par le renforcement des valeurs sociales cardinales et des principes générateurs d’une paix solide et durable. « De tous les temps, au Burkina Faso, les populations ont vécu en parfaite harmonie. Les problèmes, quelle que soit leur nature, ont toujours trouvé des solutions dans le dialogue. C’est ce qui a permis à notre nation de demeurer dans la paix, grâce à l’amour entre tous les fils du pays », se souvient-il. Pour venir à bout du phénomène de l’incivisme, le Kamsongh Naaba propose la mobilisation de toutes les énergies, en vue de trouver les meilleures stratégies d’action de promotion du civisme, de façon à restaurer les valeurs de tolérance, de paix et à consolider les efforts de développement. Pour ce faire, les autorités politiques, les organisations de la société civile, les autorités religieuses et coutumières ont le devoir de militer pour une société plus apaisée où le vivre ensemble est la chose la mieux partagée. Conscient du rôle des leaders religieux et des autorités coutumières dans l’instauration de la paix et de la cohésion sociales au Burkina Faso, le Kamsongh Naaba invite les fils et les filles du « pays des Hommes intègres » au civisme. Il propose l’enseignement de l’éducation civique aux jeunes et à la population. Il s’inscrit également, dans la vision du gouvernement qui est de promouvoir une culture du civisme, tout en privilégiant le dialogue avec l’ensemble des composantes sociales autour des questions de développement. En outre, il conseille d’éviter les comportements de nature à compromettre les fondements de la société et à hypothéquer les efforts de développement. Cela afin que le Burkina Faso demeure une nation où la paix et la cohésion sociales, l’entente, l’entraide et la solidarité, jadis des valeurs sacrées, le restent encore. « Je lance un appel à toutes les couches sociales à faire preuve de retenue et de dialogue en toutes situations », souhaite le ministre du Moogho Naaba.

Vivre ensemble, une nécessité

Quant à M. Bassanou, résident de l’ex-secteur n°11 de Ouagadougou (Ouidi) il attire l’attention de la classe politique et des citoyens sur la nécessité d’œuvrer inlassablement à une citoyenneté responsable, gage de paix et d’harmonie au sein de la société. En cela, il propose la montée des couleurs dans les institutions, écoles et certains lieux publics, pour que chaque citoyen prenne conscience de son appartenance à la nation avec ses valeurs qu’il convient de respecter. « Il faut réinstaurer la montée des couleurs dans les institutions, les lieux publics pour faire renaître en chaque citoyen, la fibre patriotique et l’amour pour sa nation », soutient Frederick Bassanou. Et d’ajouter : « Le Burkina Faso est notre patrimoine commun et nous devons travailler à le préserver et le faire avancer ». Paraphrasant le président américain John Kennedy qui exhortait le peuple américain à toujours œuvrer à bâtir une nation prospère, René Zongo, étudiant en maîtrise de phylosophie lance ceci : « Vous qui, comme moi, êtes Burkinabè, ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays…. ». De ce fait, il préconise aussi de multiplier les campagnes de sensibilisation au civisme fiscal en vue d’amener les citoyens à comprendre que payer ses impôts, respecter les droits des autres, etc., sont des actes qui visent à sauvegarder la paix et la cohésion sociales et à participer au développement de la nation. « Si nous payons nos impôts, préservons les biens publics, respectons les droits de l’Homme, il n’y a pas de raison que le Burkina ne soit pas une nation puissante », insiste-t-il. Yannick Ilboudo pour sa part, souhaite l’introduction des cours d’éducation civique et morale dans les programmes scolaires pour amener les élèves à connaître, dès le jeune âge, la nécessité de préserver les biens communs et semer en eux la graine du civisme et de la tolérance. En outre, il souhaite la vulgarisation des textes et documents relatifs aux droits humains, l’appui-conseil de la société civile aux actions de protection et de promotion des droits humains et d’une culture de la tolérance et de paix. Pour venir à bout de l’incivisme, le Professeur Abdoulaye Soma invite à une application stricte des normes républicaines, à veiller au respect des règles et des principes qui régissent le vivre ensemble. Il exhorte aussi à restaurer l’autorité de l’Etat, à travers une politique cohérente de développement économique et social inclusif qui intègre toutes les couches sociales sans discrimination. Cela, souligne-t-il, implique la lutte véritable contre les détournements des biens publics, la corruption et l’impunité et l’engagement pour la cause nationale. De ce fait, il s’agira de redonner confiance aux gouvernés et leur prouver que l’Etat veille à l’équité et à la justice sociale, tout en prouvant son efficacité, en étant juste face à certaines situations. Les citoyens, clame-t-il, doivent œuvrer dans le sens du civisme et accepter que la justice soit dite à tous les niveaux. Ceci nécessite une synergie d’action en vue de susciter, de l’avis du Professeur Soma, un changement de mentalité et de comportement, en vue de bâtir un Etat démocratique. Une Nation, qui sera fondé fondé sur une véritable culture du civisme, de la solidarité, de l’amour des uns pour les autres et l’unité de tous les fils et filles du Burkina, conditions sine qua non d’un développement durable. Un développement, poursuit t-il, qui se manifeste aussi par la célébration tournante de la fête de l’indépendance. A cet effet, il indique que les commémorations de l’indépendance sont l’occasion de mettre en exergue la fibre patriotique à même de catalyser harmonieusement les énergies de la diversité nationale et multiethnique vers le sentiment du vouloir vivre ensemble.

Les infrastructures du développement

« Cette logique de contribution citoyenne à l’essor de la patrie est déterminante pour impulser une dynamique de développement des régions d’accueil », relate-t-il. Quatre années après la célébration de l’indépendance à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, Ouarwatou Tontorogobo s’en souvient toujours. Résidant au secteur n°2 de la cité de Naaba Kango, elle raconte avec émotion : « Les investissements pour la fête qui ont coûté 1 milliard de FCFA ont changé fondamentalement, le visage de la ville de Ouahigouya et sont aujourd’hui, un héritage précieux de la commune. Des feux tricolores en passant par les infrastructures routières, l’aérodrome, la cité des forces vives, le stade, etc. ». Voilà, dit-elle, quelques réalisations de la fête nationale qui ont donné un coup de fouet au « véritable » décollage économique de la cité de Naaba Kango. « Les voies de communication ont permis de développer davantage les activités génératrices de revenus et de participer au désenclavement de la ville avec d’autres localités », explique-t-elle, fièrement. Soubassements du développement économique, soutient, Assieta Siemdé du secteur n°5 de Koudougou, la célébration tournante de la fête de l’indépendance est aussi due à la stabilité et à la paix qui règnent au Burkina Faso. Initialement prévue pour le 11 décembre 2011, la célébration des festivités de l’indépendance du Burkina Faso a été reportée une année plus tard, pour raisons de troubles. « Si la paix n’était pas revenue à Koudougou après les manifestations qui ont endeuillé plusieurs familles, la fête n’aurait jamais eu lieu dans cette partie du Burkina. Ce qui aurait privé la cité du cavalier rouge d’infrastructures dont elle a bénéficié et qui sont des atouts favorables à l’investissement dans les domaines agricole, commercial, maraîcher, etc. », développe Mle Siemdé. La cité des forces vives, la salle de spectacle, la Place de la nation, dit-elle, ont changé le « look » de la cité du cavalier rouge. Décision républicaine, poursuit-elle, la célébration du 11-Décembre 2013 à Dori, sur le thème : « Civisme et cohésion sociale : fondamentaux d’un développement durable » est une invite à tous les filles et fils du Burkina à toujours œuvrer à la construction d’une nation prospère où le civisme et la cohésion sociale seront les piliers d’un développement durable. Le choix de la décentralisation de la fête, insiste-t-elle, participe de la politique d’insertion de toutes les régions hôtes dans le processus de développement du Burkina Faso, en dotant les chefs-lieux de régions d’infrastructures à même d’impulser un vrai dynamisme économique. M. Albert Ouédraogo, tout en saluant cette initiative qui a permis respectivement à Fada N’Gourma, Ouahigouya, Bobo-Dioulasso, Koudougou, de disposer d’infrastructures importantes, au regard des investissements réalisés lors des cérémonies commémoratives, la fête de l’indépendance doit essaimer toutes les localités du Burkina Faso, afin d’impulser le développement à la base.

Abdel Aziz NABALOUM
emirathe@yahoo.fr

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