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L’Observateur Paalga N° 8506 du 25/11/2013

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Incivisme au Faso : on payera tous les pots cassés
Publié le mardi 26 novembre 2013   |  L’Observateur Paalga




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« Je me demande si on peut encore venir à bout de ce fléau ».Soupir d’un de nos supérieurs hiérarchiques lorsqu’en fin de conférence de rédaction hier, nous lui annoncions notre intention de revenir sur l’incivisme à l’occasion de la dixième édition de la semaine nationale de la citoyenneté célébrée du 22 au 29 novembre 2013 sur toute l’étendue du territoire.Si lui, qui d’habitude pousse les jeunes gens à l’optimisme, en vient à être habité par le doute, c'est que la situation est vraiment préoccupante. L’incivisme est entré dans la cité par portes et fenêtres.Alors, comment ne pas se féliciter de l’initiative gouvernementale de cette semaine nationale au cours de laquelle seront célébrées à but pédagogique les vertus de la citoyenneté, c’est-à-dire l’ensemble des comportements qui contribuent à la vie publique nationale et à sa bonne marche.

Mais voilà. Depuis dix ans que l’on sème la bonne graine, c’est l’ivraie qui continue de gagner du champ. La faute au terreau qui ne serait pas propice à l’éclosion du précieux semis ? Maladresse des semeurs ? Ou est-ce à cause de ce tropisme bien burkinabè qui consiste, depuis, à transgresser les valeurs qui ont toujours nourri une République, la vraie ?

Tout cela à la fois. En somme, nous sommes tous responsables de ce glissement dangereux qui entraîne la nation tout entière vers des lendemains incertains. Et tous, nous payerons les pots cassés si rien n’est fait pour arrêter la dérive.

Gouvernants, hommes politiques, travailleurs, commerçants, étudiants et élèves, tous coupables. A commencer par le gouvernement, qui ne doit s’en prendre qu’à lui-même. Du bas au haut de la société burkinabè, la vermine s’est installée. Se propage. Menace la communauté nationale.

A force de se complaire dans ce laisser-aller et ce laisser-faire qui ont pignon sur rue au sommet de l’Etat, à force de connivences avec les milieux d’affaires, à force de manœuvres pour le seul intérêt d’un clan ou d’une personne au mépris de l’intérêt général, bref, à force de comportements aux antipodes de la citoyenneté et du civisme, le pouvoir actuel a fini par perdre la crédibilité et la confiance dont il a besoin pour être entendu et respecté. Alors, il ne doit pas s’étonner de la perte à grande vitesse d’autorité dont il est aujourd’hui victime.

C’est le prix à payer lorsqu’en lieu et place de politiques audacieuses, voire téméraires, on se contente des demi-mesures concoctées par les demi-portions au service d’un régime. C’est le risque encouru lorsqu’on est champion olympique dans les engagements enflammés au moment des grandes crises, mais prompt à les contourner une fois le danger écarté ou considéré comme tel.

C’est la rançon à payer lorsque, des hautes sphères de l’Etat, des mandarins rusent avec la loi comme des trafiquants de tout acabit avec la réglementation douanière.

Il n’empêche, l’incurie des princes de la République ne saurait constituer un passe-droit aux autres groupes sociaux pour, à leur tour, s’adonner à cette chienlit rampante. C’est tentant, c’est vrai. Mais c’est inconvenant, il faut le dire, au grand dam de ceux qui serinent : « Sans la violence on ne peut rien obtenir de ce pouvoir ».

Hélas, chaque jour que Dieu fait, si ce n’est Satan, serait-on tenté de dire, les actes d’incivisme se suivent et se ressemblent : dans la bravade des lois qui sont censées nous gouverner.

Dans la rue, dans les écoles, dans la circulation, dans les lieux de services, c’est à qui décitoyennera le mieux.

En cas d’accident, par on ne sait quel nouvel instinct, les riverains de la voie sont poussés à incendier, sans autre forme de procès, la voiture concernée et à vouloir lyncher le malheureux conducteur.

En cas de manifestation scolaire ou estudiantine, collèges, lycées et campus sont pris d’assaut par une escouade d’insurgés à la petite semaine menaçant de faire la peau « aux briseurs de grève ». Quand ce ne sont pas les biens publics et les symboles de l’Etat qui sont jetés en autodafé à la colère des frondeurs.

Au centre commercial et autres abords des marchés et yaars de Ouagadougou, l’intérêt particulier des commerçants l’emporte sur la volonté générale. Au nez et à la barbe de la puissance publique préférant s’accommoder de la désinvolture d’une catégorie de personnes plutôt que de veiller au respect des principes régaliens.

Bienvenue dans la République de la jacquerie où tout est devenu une question de rapport de force.

Quand une communauté peu encline au respect de la loi est dirigée par un pouvoir prompt à reculer devant la moindre poussée de fièvre sociale, c’est la voie royale à la fin de l’Etat de droit.

Sur ce point, me revient à l’idée ce qu’écrivait Jacques Julliard, avec insigne pertinence, dans son éditorial paru dans l’hebdomadaire Marianne du 9 au 15 novembre 2013 : « Si insuffisante que soit la loi en démocratie, si néfaste qu’elle puisse être parfois, elle est la seule défense des faibles contre les forts et la seule garantie de la liberté de tous ».

Cependant par loi, entendez ici la vraie, celle qui vise l’intérêt général.

Alain Saint Robespierre

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