Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 927 du 26/11/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Civisme au Burkina : La pédagogie par l’exemple
Publié le mardi 26 novembre 2013   |  Le Quotidien




 Vos outils




La 10e édition de la Semaine nationale de la citoyenneté (SENAC) se déroule du 22 au 29 novembre 2013 au Burkina. Le thème choisi cette année est plus que d’actualité : « Droits humains, citoyenneté et revendications sociales : quelles convergences pour une société de paix ? ». Le questionnement est juste. Il y a en effet un sérieux décalage entre aspirations à la justice et moyens de revendications. De nos jours, au Burkina, les populations ont abandonné les instances traditionnelles et républicaines pour emprunter la voie de la justice populaire comme mode de règlement de leurs contentieux ou d’expression de leur colère.

D’où, la justesse donc du thème 2014 de la SENAC. Mais y apportera-t-on les bonnes réponses ? Et si oui, seront-elles mises en œuvre ? D’abord, en ce qui concerne les justes mesures à prendre, elles sont connues de tous. Il ne s’agit plus seulement de mettre à l’index les pratiques inciviques des populations, qui sont d’ailleurs l’expression d’un ras-le-bol, mais aussi celles des dirigeants. Car, la déliquescence de l’autorité de l’Etat actuellement observée est aussi le fait des gouvernants eux-mêmes. La réaction des citoyens face aux messages publics sur l’incivisme en dit long sur leur état d’esprit. Dans la campagne télévisée actuelle contre les actes d’incivisme, il a été fait appel aux services de leaders d’opinion, pour demander aux populations d’éviter la justice populaire comme les incendies de véhicules après un accident. Que croyez-vous que les gens ont comme réaction après les avoir vus ? Beaucoup disent à haute voix, comme s’ils parlaient aux leaders d’opinion, qu’il faut avant tout réformer la justice pour lui donner toute son indépendance et sa droiture.

C’est dire que les populations sont peu réceptives à cette campagne de sensibilisation. La preuve, les différents actes déplorables se poursuivent comme si de rien n’était. C’est dire qu’il faut plus pour convaincre les citoyens. Et que faire d’autre, sinon la pédagogie par l’exemple ? Seul un comportement exemplaire de tous ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir dans ce pays, à commencer par le sommet de l’Etat, peut adoucir peu à peu les mœurs trop vindicatives des Burkinabè. Les détournements, la gabegie, l’injustice, la corruption et tous les maux qui minent le pays sont un terreau fertile pour les actes de révolte contre l’Etat. Seule une lutte sincère contre ces fléaux peut restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernés et par conséquent, endiguer l’incivisme. Les évêques ont mis le doigt sur le mal burkinabè dans leur lettre du 15 juillet 2013, lorsqu’ils ont appelé à un « sursaut éthique et moral ».
Ils estiment, à juste raison, que « c’est le déficit de démocratie sociale qui explique les tensions sociales qui agitent aujourd’hui le Burkina Faso. La démocratie pluraliste, que nous étions censés construire, s’est transformée en scepticisme, en désespoir, voire en colère, du fait que ce changement politique ne rime pas suffisamment avec l’espoir d’un meilleur devenir. » Il ne faut donc pas voir dans les violences sociales actuelles seulement un manque de culture de la paix et de la tolérance. C’est aussi et surtout la manifestation d’une révolte contre un système.

C’est pourquoi la problématique du civisme doit prendre aussi en compte la gestion des deniers publics par ceux qui en ont la charge et pas seulement le comportement du petit peuple qui brûle les véhicules ou barricade les voies.

Les responsabilités sont donc partagées : autant les citoyens ne doivent pas inscrire leurs revendications dans la violence et le déni du droit, autant les autorités doivent être propres et irréprochables à tous points de vue. Or cette transformation positive de la gouvernance, aux yeux de nombre de Burkinabè, ne s’est pas encore opérée. Un acte vaut mieux que mille mots.

Au lieu donc de tous les discours sur le civisme dont les résultats sont mitigés, il faut un changement de comportement des dirigeants. Le jour où il y aura « plus d’équité dans la redistribution des richesses, plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, plus d’éthique dans les comportements sociaux et politiques », comme le recommandent les évêques, alors l’incivisme de masse, tel qu’on le vit de nos jours, s’estompera de lui-même .

La Rédaction

 Commentaires