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Sidwaya N° 7547 du 21/11/2013

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40 ans de la BOAD : Deux Burkinabè reviennent sur le contexte de création de la banque
Publié le jeudi 21 novembre 2013   |  Sidwaya




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Du 13 au 14 novembre 2013, s’est tenue à Lomé, au Togo, la célébration des 40 ans de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Deux burkinabè qui ont participé et qui ont vu naître cette institution reviennent sur son contexte de création.

La Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, a joué un rôle très important dans la naissance de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) au milieu des années 1970. Selon le général Tiémoko Marc Garango, de 1973 à 1975, il a assuré la présidence du comité des ministres des Finances qui devait réformer les institutions de l’Union monétaire ouest- africaine (UMOA). Une des premières décisions qui a été prise par le comité était que la BCEAO devait être transférée en Afrique, notamment à Dakar et le gouverneur, un Africain et non un Français. Le regretté Abdoulaye Fadiga de la Côte d’Ivoire a été nommé comme premier président africain de la BCEAO. La deuxième décision était la création de la BOAD qui allait bénéficier des revenus d’exploitation de la gestion de la BCEAO. « Il nous fallait, en plus de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), un instrument de financement du développement que la Banque centrale qui est une institution d’émission, ne pouvait pas faire », a-t-il indiqué. M. Garango a révélé que le Burkina Faso a eu la chance d’être le premier à présider cette institution à travers Pierre Claver Damiba. « Quand j’ai été nommé par mon pays, avec l’instigation de la Côte d’Ivoire du président Houphouët et du Sénégal du président Senghor, je suis arrivé à Lomé avec le document de création et avec les deux milliards qu’on avait mis à la disposition de la BOAD. Aucune étude de faisabilité n’avait été faite et aucune structure n’existait... », a déclaré Pierre Claver Damiba.
Il a souligné que la première des choses qu’il a faite, a été d’ouvrir une boîte postale à ses frais. Par la suite, il a commencé ses activités avec son vice-président, un Nigérien, dans un bureau de la BCEAO à Lomé. Logés dans une chambre réservée aux visiteurs de la Banque centrale, c’est quelques semaines après qu’ils ont pu louer un bâtiment. Alors, il a entrepris de rendre visite à chacun des six Etats membres de l’UMOA que constituait le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Bénin, le Togo et la Haute- Volta à l’époque. « Je leur ait demandé de ne pas m’imposer les cadres de la banque, sinon, ce sera des fonctionnaires où des politiciens qui ne sont pas des banquiers, mais de me laisser recruter des jeunes au niveau des universités de la sous-région. Ils ont accepté et j’ai recruté des jeunes dont le président actuel. Je suis allé à Washington et le président de la Banque mondiale à l’époque m’a détaché quatre cadres supérieurs, extrêmement expérimentés. La Banque de France m’a détaché une cinquième personne », s’est-t-il rappelé.

« On est allé dire à Eyadéma que je construisais une raffinerie »

M. Damiba a eu essentiellement deux priorités. Premièrement, construire un pipeline de projets à financer pour le bénéfice des économies des Etats membres. Deuxièmement, édifier la Banque de l’intérieur. Il a donc eu l’idée de construire un bâtiment selon une écriture architecturale africaine. « Je suis allé à l’UNESCO demander à des amis de m’écrire, en deux pages, les lignes architecturales africaines. C’est un architecte français qui a dessiné, sous ma supervision, le schéma de la Banque tel qu’il existe actuellement à Lomé », se réjouit-il. M. Damiba a expliqué qu’il a voulu également que l’institution bancaire contienne, non seulement le démarrage des activités de la banque, mais aussi qu’au bout de 20 ans, on puisse faire une extension. Il a pour ainsi fait réaliser le dessin architectural de l’extension de la banque quand il était président. Et effectivement, 20 ans après, l’extension a été faite telle qu’il l’avait souhaitée. Pierre Claver Damiba a révélé qu’à l’époque de la construction de l’infrastructure bancaire, feu le président Eyadéma avait pensé qu’il pouvait contrôler le marché. Il lui a poliment fait savoir que les procédures qui s’appliquaient au choix de l’architecte et des entrepreneurs ne pouvaient pas obéir aux procédures nationales car c’était un projet régional. Selon lui, le président togolais a été obligé d’admettre cette réalité. « Mais pendant la construction, un certain nombre de conseillers sont allés dire au président que je construisais une raffinerie, ce qui ne l’a pas trop plu. Et le jour de l’inauguration, quelle n’a pas été sa surprise. Il a lui-même confié que c’était le plus beau bâtiment de Lomé à l’époque », a-t-il affirmé. Il a reconnu que ces successeurs ont fait un travail colossal, en augmentant le capital à plus de 1000 milliards de FCFA et ont fait des engagements de plusieurs milliers de millions de FCFA dans les pays membres.
Toutefois, il a proposé que la BOAD puisse s’assurer d’avoir des ressources concessionnelles. Il a souhaité que la banque puisse développer des synergies avec des institutions de micro-finance pour pouvoir mettre des ressources qui puissent répondre aux besoins des plus démunis. « La BOAD doit travailler avec les banques commerciales et les grandes institutions de micro-finance pour structurer ce qu’on appelle, la mésofinance (partir des institutions financières comprises entre la micro-finance et la macro-finance pour régler le problème des petites et moyennes entreprises) », a-t-il ajouté. Enfin, il a émis l’idée que la BOAD fasse de la prospective stratégique pour identifier le type de banque que les Etats aimeraient avoir, dans 40 ans.

Raphaël KAFANDO

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