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Modification annoncée du statut de l’opposition : « Le gouvernement veut fabriquer une opposition fantoche pour ses besoins »
Publié le mercredi 6 novembre 2013   |  actuburkina.com




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Dans la déclaration ci-dessous, le chef de file de l’opposition politique au Burkina, Zéphirin Diabré, informe les Burkinabè qu’à aucun moment le gouvernement n’a pris la peine ni de l’informer ni de la consulter au sujet de la modification du statut de l’opposition, dont le projet de loi a été examiné au cours du Conseil des ministres du 16 octobre 2013. Pour lui, les objectifs du gouvernement sont, entre autres, de diviser l’opposition en appelant certains partis d’opposition au gouvernement, de fabriquer une opposition fantoche qui servirait, d’une part, de cheval de Troie contre l’opposition réelle et, d’autre part, de caution à sa politique.


Lors de sa séance du 16 octobre 2013, le Conseil des ministres, présidé par le président Blaise Compaoré, a « examiné un projet de loi relatif à la modification de la loi n°009-2009 AN du 14 avril 2009 portant statut de l’opposition politique au Burkina. » Le compte rendu officiel ajoute, de manière laconique, que « Cette modification qui porte sur l’article 4, devra permettre aux partis politiques de l’opposition de s’exprimer confortablement aux dispositions constitutionnelles et sans aucune entrave à leur liberté ».

Pour l’opposition politique, il est capital que les Burkinabè reçoivent l’information juste sur ce projet de loi, déjà programmé pour un débat en plénière à l’Assemblée Nationale et qui touche à un aspect fondamental de notre vie démocratique.

Dans ses dispositions actuelles, l’article 4 dit précisément que :
« Pour être un parti d’opposition, il faut :
- faire une déclaration officielle de son appartenance à l’opposition et la transmettre au chef de file de l’opposition ;
- ne pas accepter que ses militants occupent des postes politiques du genre hautes fonctions.
Aux termes de la présente loi, sont considérées comme hautes fonctions, les fonctions de Premier ministre, de président du CES, de ministre, toute fonction de rang ministériel, de Directeur de cabinet des institutions et des ministères, les fonctions de représentation spéciale et toute haute fonction de nature politique dont l’occupation est incompatible avec le statut d’opposant ».
C’est cet article que le gouvernement veut remplacer par un nouvel article 4 libellé comme suit :
« Pour être un parti d’opposition, il faut faire une déclaration officielle écrite de son appartenance à l’opposition adressée au Ministre chargé des libertés publiques. Le Ministre chargé des libertés publiques établit et publie chaque année la liste actualisée des partis et formations politiques ayant fait leur déclaration comme parti ou formation politique de l’opposition. »

L’Opposition politique tient à informer les Burkinabè qu’à aucun moment, le gouvernement n’a pris la peine ni de l’informer ni de la consulter au sujet de cette modification d’une loi qui la concerne au premier plan. Cette manière de faire n’est pas nouvelle et l’opposition politique ne fait que constater, une fois de plus, cet état de fait déplorable. Le président Blaise Compaoré, que l’on félicite pour ses nombreuses médiations, et qui accorde de la considération aux opposants des autres pays, refuse paradoxalement de dialoguer avec l’opposition républicaine de son propre pays. Car c’est à la faveur de la transmission dudit projet de loi à l’Assemblée nationale que l’opposition politique a pu prendre connaissance de son contenu.
Il est important que l’opinion nationale et internationale soient situées sur les enjeux réels de cette manœuvre visant à modifier le statut de l’opposition. En effet, à la lecture des modifications proposées, on devine clairement et aisément les intentions du gouvernement. Ses objectifs sont :
- diviser l’opposition en appelant certains partis d’opposition au gouvernement ou à des hautes fonctions ;
- fabriquer, pour ses besoins, une « opposition fantoche » qui servirait, d’une part, de cheval de Troie contre l’opposition réelle et, d’autre part, de caution à sa politique. Cette opposition fantoche pourrait avaliser une modification de l’article 37 ou approuver une constituante chargée de passer à la Ve République et remettre ainsi les compteurs à zéro ;
- supprimer de fait le statut de l’opposition et la fonction de Chef de file de l’opposition, que la loi désigne comme étant le porte-parole attitré de l’opposition. Il est évident que cette tentative de modification s’explique par les actions récentes de l’opposition, notamment son offensive contre la mise en place du Sénat. Le président Blaise Compaoré et son gouvernement ont toujours rêvé d’une opposition inerte, docile, incapable d’opposer la moindre résistance, bref une « opposition mouton ». Celle qu’ils ont en face aujourd’hui ne répond pas à ces critères, d’où la volonté manifeste de la détruire.

Par delà la loi elle-même, cette ultime manœuvre du pouvoir s’inscrit dans la volonté désespérée du président Blaise Compaoré d’échapper à la limitation du mandat présidentiel telle que inscrite dans notre Constitution. Venant après d’autres initiatives telles que l’ entêtement à vouloir mettre en place le Sénat, le refus de se prononcer clairement sur son départ en 2015, cette tentative de passage en force confirme que le président Blaise Compaoré et son clan n’acceptent pas l’idée de quitter le pouvoir en 2015.
Face à toutes ces manœuvres sordides du pouvoir visant à briser l’unité de l’opposition et à faire échec à l’aspiration de notre peuple à l’alternance, l’opposition politique invite le peuple burkinabè à prendre ses responsabilités.
L’opposition politique tient à rassurer le peuple burkinabè que pour ce combat comme pour tous les autres combats en cours, elle continuera d’opposer la résistance qu’il faut et se battra avec lui pour préserver les acquis démocratiques arrachés de haute lutte.

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