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L’Observateur Paalga N° 8488 du 29/10/2013

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Eclipse solaire : Les risques oculaires
Publié le mardi 29 octobre 2013   |  L’Observateur Paalga




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Le dimanche 3 novembre 2013, le Burkina Faso vivra une éclipse totale du soleil. De 11h 27 mn à 14h 39 mn, le soleil sera masqué par la lune. Quels sont les dangers encourus dans l’observation de ce phénomène ? Un ophtalmologue éclaire notre lanterne sur les manifestations oculaires de cette éclipse. Vous lirez aussi l’appel du gouvernement y relatif.


Le 03 novembre 2013, une éclipse solaire sera observée au Burkina Faso. Le phénomène va se déplacer d'ouest en est, visible de Banfora à Fada N'Gourma. Le caractère spectaculaire de l'événement et l'engouement qu'il suscite en feront la cible visuelle principale de millions de Burkinabè, particulièrement les plus jeunes, dont les yeux sont particulièrement vulnérables aux rayonnements solaires.

L'observation prolongée de l'éclipse solaire peut effectivement être à l'origine de brûlure de rétine, membrane interne, photosensible de l'œil.




On parle alors de rétinopathie solaire, destruction de la rétine, le plus souvent définitive, due à l'échauffement local lié à l'action directe des rayonnements solaires dont certains, les ultraviolets (UV), sont particulièrement dangereux.



Mécanisme de la rétinopathie solaire



Les lésions rétiniennes de la rétinopathie s'expliquent par l'action directe de la chaleur des rayons solaires concentrés dans l'œil, mais aussi par des réactions photochimiques. Ainsi, l'observation des rayonnements avec les jumelles ou à travers un télescope provoque une élévation thermique de 4 à 25 degrés Celsius, suffisante pour provoquer une brûlure thermique grave. Le phénomène de la vision commence par une réaction photochimique résultant de l'action des photons sur les articles externes des cellules photoréceptrices de la rétine. La fixation prolongée de la cible solaire va entraîner des réactions biochimiques dont les effets sont néfastes pour la rétine.





Facteurs de risque de la rétinopathie solaire


De nombreux facteurs, individuels et/ou environnementaux conditionnent la susceptibilité à la rétinopathie solaire. On peut citer par exemple : la taille de la pupille, l'état de la réfraction, l'adaptation à l'obscurité, la pigmentation, la température du corps, le statut nutritionnel, l'angle d'inclinaison du soleil, les conditions atmosphériques et l'épaisseur de la couche d'ozone.

L'exposition fractionnée est plus dommageable que l'exposition continue, les courtes longueurs d'ondes étant plus nocives que les longues; les lésions sont cumulatives.

Il y a des groupes à risque particuliers : les enfants et adolescents: avant l'âge de 20 ans, le cristallin n'arrête pas les (et donc laisse passer) les courtes longueurs d'onde qui sont toxiques pour la rétine. Les sujets à antécédents ophtalmologiques particuliers (porteurs de dystrophie oculaire, albinos, opérés de la cataracte) sont plus sensibles aux effets des rayons solaires. Il en est de même pour les personnes suivant un traitement photosensibilisant ou les sujets fragilisés par un état général précaire.

En fait, la susceptibilité est variable : certaines personnes étant relativement résistantes tandis que d'autres développent les signes après 30 à 60 secondes d'exposition.



Signes de la rétinopathie solaire


La rétinopathie solaire ne provoque pas de douleurs au moment de l'exposition. Les symptômes se mettent en place quelques jours après et comprennent : une baisse de l'acuité visuelle, un trou (scotome) dans le champ visuel central, des dyschromatopsies (troubles de la vision des couleurs) et des métamorphopsies (déformation des lignes droites).

L'inspection ne montre aucune anomalie. C'est l'examen du fond d'œil qui permet de voir les modifications des deux côtés. Elles commencent par une tache jaunâtre sur la fovéa, entourée par un discret halo gris. La tache devient rougeâtre avec parfois un halo pigmenté. Après deux semaines d'évolution la tache fait place à un trou lamellaire bien circonscrit de 100 à 200 flm de diamètre. Dans certains cas, la lésion régresse proportionnellement à l'étendue des lésions initiaies, mais reste visible en tomographie à cohérence optique (OCT). L'angiographie rétinienne en fluorescence montre une fuite de produit aux temps précoces et un effet fenêtre aux temps tardifs.

Les études histologiques montrent des lésions au niveau apical des celles de l'EPR et des photorécepteurs. Ces lésions, réversibles au début, peuvent être définitives dans certains cas.

Les larges séries d'observations rapportent 50% de récupération de l'AV à 10/10 et 10% des yeux présentent une AV inférieure à 5/10 avec un scotome persistant. Cette BAV centrale ne constitue pas la cécité mais une entrave au choix professionnel des sujets jeunes.

Mieux, au vu du caractère cumulatif des lésions photochimiques, l'atteinte prédispose à des affections ultérieures. Il existe du reste une évidence épidémiologique entre DMLA et exposition aux lumières à courtes longueurs d'ondes.


Traitement

Aucun traitement curatif n'ayant montré son efficacité sur la rétinopathie solaire, on insistera sur la prévention, particulièrement au niveau des enfants. Ceux-ci doivent en effet faire l'objet d'une surveillance étroite au moment de l'événement. Le seul moment où l'on peut voir la lune en toute sécurité se situe autour des deux minutes que dure l'éclipse totale. On doit détourner le regard dès que le soleil apparaît sur les bords de la lune. En pratique, il faut porter des lunettes d'éclipse solaire certifiées.

Il est imprudent de regarder le soleil pendant les phases d'éclipse partielle ou totale du soleil.

Les jumelles et autres télescopes sont proscrits. Les verres fumés, les films photographiques, les CD, l'accumulation de plusieurs paires de lunettes et les capots solaires des instruments d'optiques n'apportent pas de protection adéquate.

Même avec les lunettes d'éclipse solaire, il faut prendre garde à ce que les lunettes soient de très bonne qualité (la couche d'aluminium qui recouvre leur surface ne doit pas être altérée par abrasions) et recouvrir parfaitement les yeux.


Conclusion

En tout état de cause, la rétinopathie solaire peut survenir rapidement après observation directe de l'éclipse solaire sans lunettes de protection efficace et se traduit par une baisse définitive de l'acuité visuelle. En l'absence de protection, il convient de détourner son regard de l'éclipse. Celle-ci sera enregistrée pour être visualisée secondairement sur les écrans.

Pr Méda
Ophtalmologue à Yalgado

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