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L’Observateur Paalga N° 8483 du 22/10/2013

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Projet de loi sur l’opposition : A quoi tout cela rime-t-il ?
Publié le mercredi 23 octobre 2013   |  L’Observateur Paalga


Marche-meeting
© Autre presse par Bénéwindé Bidima
Marche-meeting de l`opposition contre le Sénat
Dimanche 28 juillet 2013. Ouagadougou. Des élections ont été organisées pour élire les représentants des collectivités territoriales au futur Sénat


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Quel avenir pour la CFOP ? Recommandé par le Collège de sages et épousée dans une ferveur quasi-religieuse par une bonne partie de l’opposition burkinabè, le statut de Chef de file de l’opposition (CFOP) est aujourd’hui à la croisée des chemins. Disposant depuis son institution de quelques commodités (bâtiment, administration et petits moyens), elle a servi de lien à une partie de l’opposition et constitue un véritable cadre de concertation. Mieux, dans l’ordre protocolaire, celui qui en est le patron a rang de président d’institution. Ce n’est pas rien, dans un pays où, il n'y a pas longtemps, les empêcheurs de gouverner étaient de véritables galériens.



C'est pourquoi l’existence du CFOP a toujours été saluée par tous les acteurs de la scène politique nationale. Dans un Etat en quête de démocratie, sa création n’est pas que garniture, elle est très justifiée. Ce n’est pas pour rien que le statut de chef de file de l'opposition est gravé dans le marbre de la loi fondamentale qu’est la Constitution. Il confère une grande touche de reconnaissance aux regroupements politiques et contribue fortement à les discipliner.

Ces derniers temps, il est cependant question d’apporter quelques changements à l’organisation. Et l’idée provient de l’exécutif. Le mercredi 16 octobre 2013 en effet, le Conseil des ministres a ainsi examiné un projet de loi relatif à la modification de l’article 4 du statut de la CFOP qui précise dans ses disposition actuelles les deux conditions obligatoires à remplir pour être un parti de l’opposition, à savoir «faire une déclaration officielle de son appartenance à l’opposition et la transmettre au chef de file de l’opposition et ne pas accepter que ses militants occupent des postes politiques du genre hautes fonctions». L’Etat propose aujourd’hui que, désormais, les partis politiques se réclamant de l’opposition fassent leur déclaration officielle au … ministère en charge de l’Administration territoriale.

Renversant. D’aucuns diront que toute réforme désarçonne au premier abord. Certes, une structure, à l’image d’un organisme vivant, ne peut rester figée, mais doit évoluer dans le temps et l’espace pour tendre vers la perfection, et le Chef de file de l’opposition burkinabè ne peut y faire exception. Mais tout de même … En attendant que le projet de loi arrive à son terme, l’on est fondé à se poser un certain nombre de questions sur les desseins du gouvernement. En s’appropriant le droit de recevoir la déclaration officielle d’un parti, l’Administration ne devient-elle pas le garant tutélaire de l’opposition, qui risque de perdre son âme ? Ne serait-ce pas une façon de la dépouiller de sa substantifique moelle avec ce risque de la transformer en coquille vide ? Pendant qu’on y est, ceux de la majorité doivent-ils aussi déclarer au MATD qu’ils sont de la majorité ?

Quelque part, le sujet a l’avantage de réveiller de vieilles scènes de ménage : c’est le cas de l’ancienne guéguerre entre l’opposition et l’ADF-RDA, ce parti qui avait préféré attacher son éléphant (le symbole du parti) dans le parc animalier de Ziniaré en soutenant le candidat Blaise Compaoré à une présidentielle et qui disposait de portefeuilles ministériels tout en revendiquant son appartenance à l’opposition. Le beurre, l’argent du beurre et la fille de fermière ? Il y eut également l’haletant épisode du forum CCRP (Comité consultatif sur les réformes politiques), avec ces organisations politiques se réclamant de l’opposition qui y ont participé, avec bien sûr la bénédiction de qui on sait, à la grande vexation du chef de file de l'opposition, Zéphirin Diabré. Y a-t-il un agenda caché dans ce nouveau projet ? Attention cependant à ne pas donner raison à un de nos brillants constitutionnalistes et grand débatteur devant l’éternel, Luc Marius Ibriga, qui avait prévenu dans une récente interview que «le pouvoir veut à chaque occasion avoir SON opposition» ! L’on ne peut dénier à l’exécutif le droit de s’écrier Eureka ! en faisant de bonnes propositions; mais c’est à l’opposition qui sait le mieux ce qui est bien pour elle. Il siérait de donner les coudées franches à la CFOP pour travailler que de lui tailler des croupières par des artifices juridiques. Il ne faut pas l'oublier, le dynamisme d'une démocratie se mesure aussi à l'aune de la vitalité de l'opposition.



Issa K. Barry

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