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Le Quotidien N° 898 du 22/10/2013

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Burkina - Quelle émergence avec des paysans miséreux?
Publié le mardi 22 octobre 2013   |  Le Quotidien




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Rarement, campagne agricole n’a fait l’objet d’une aussi grande attention au Burkina. Depuis l’installation de la saison pluvieuse jusqu’à ces jours où le ciel semble déverser ses dernières gouttes de pluie, le gouvernement, avec à sa tête le Premier ministre, a parcouru les quatre coins du pays pour encourager les producteurs. Si le succès d’une campagne se mesurait à la mobilisation sur le terrain des dirigeants politiques, alors on peut dire que l’on aura à boire et à manger. Mais la logique agricole et le cycle de la faim n’obéissent malheureusement pas souvent à cette règle. C’est ainsi que chaque année, en dépit des annonces de bonnes moissons, la faim finit par rattraper le monde paysan. Pourquoi un tel paradoxe ? La raison est très simple. Les greniers des petits agriculteurs, pleins au moment des récoltes, se vident au fur et à mesure que la saison sèche, avec son cortège d’évènements socioculturels, avance. Funérailles, mariages, fêtes coutumières mettent à rude épreuve les provisions des paysans. Sans compter que très souvent, il faut vendre ses céréales pour inscrire un enfant à l’école ou soigner un malade. En somme, cette récolte, destinée à la consommation, est utilisée à d’autres fins. Résultat des courses : les prévisions sont faussées. Le maigre bétail dont l’on dispose devient dès lors l’ultime recours pour tenir jusqu’aux prochaines récoltes. Ce cycle prospérité-précarité subsiste depuis des lustres sans que les gouvernants successifs n’aient pu en changer le cours. Voilà le sort de bien des paysans au Burkina, où l’on survit plus qu’on ne vit, malgré toutes les politiques agricoles mises en œuvre.
On a beau donc parler de bilan satisfaisant de la campagne agricole, les paysans demeurent dans une situation précaire. Cela parce qu’ils n’ont pas d’autres revenus qui leur éviteraient de vendre leurs récoltes pour tenir le coup. Il faut tenir compte de cela en favorisant le développement d’activités rémunératrices pour les paysans. A ce sujet, de nombreuses initiatives ont été prises pour permettre au monde paysan de s’en sortir. On a ainsi lancé l’idée des cultures de contre-saison dont il faudra aujourd’hui faire le bilan. Si à ses débuts le projet suscitait l’enthousiasme, on ne sait pas ce qu’il en est exactement de nos jours. En tant que pays sahélien, le Burkina s’était donné le label de pays d’élevage. Mais là aussi, les résultats demeurent mitigés. La nouvelle dynamique impulsée par le ministère des Ressources animales et halieutiques pour accompagner les femmes et les jeunes ruraux à développer des activités d’élevage participe sans doute de constat. L’agriculture et l’élevage, sous leurs diverses formes, demeurent, quoi qu’on dise, le socle de notre développement. Le Burkina ne doit pas se laisser éblouir par les nouvelles richesses naturelles comme l’or dont on sait qu’elles sont éphémères et aléatoires. Si les autorités l’ont compris, à travers la débauche d’énergie rarement égalée de cette année, c’est tant mieux. Mais comme toujours, à l’instar de Saint-Thomas, il faut attendre de voir les résultats pour croire à une véritable mobilisation générale pour offrir de meilleures conditions de vie à la majorité des Burkinabè, c’est-à-dire celle des campagnes.
Parmi les obstacles au plein épanouissement du monde paysan, et que les gouvernants n’ignorent pas, figure le problème de l’écoulement des produits, notamment maraîchers. Il ne sert en effet à rien de produire sans pouvoir vendre, ou de vendre à perte. Or, beaucoup de producteurs se sont découragés du fait des pertes qu’ils subissent en bradant leurs légumes. La solution va du désenclavement des zones de production à la transformation des produits, en passant par une politique des prix attractive pour les paysans. Si l’on prend le cas de la tomate dont le Burkina est un grand producteur, on perçoit tout le gâchis qui entoure le secteur. Faute parfois d’acheteurs, les produits pourrissent dans les champs. La filière doit quelque peu sa survie aux acheteurs venus du Ghana. Une fois transformée, cette tomate nous revient avec l’estampille « Made in Ghana ». On nous annonce l’ouverture prochaine d’une telle usine à Loumbila. Espérons qu’elle saura répondre aux attentes des producteurs. Une chose est sûre, l’émergence dont on parle tant ne peut être atteinte en laissant sur le bas-côté le monde paysan .

La Rédaction

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