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Le Quotidien N° 896 du 19/10/2013

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Appel au retour desrefugies ivoiriens du Liberia : Alassane Ouattara met la charrue avant les boeufs
Publié le lundi 21 octobre 2013   |  Le Quotidien


20ème
© présidence CI par DR
20ème anniversaire de l`OHADA: arrivée du Président ivoirien à Ouagadougou
Mercredi 16 octobre 2013. Ouagadougou. Le Président ivoirien SEM. Alassane OUATTARA est arrivé, en vue de prendre part à la célébration du 20è anniversaire de l`OHADA.


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L’ambition du président ivoirien pour ses compatriotes exilés au Libéria est noble. Rien de tel pour un réfugié que de retrouver son pays natal, ses parents et sa vie tranquille d’antan. Il n’y a non plus aucune gloire pour un chef d’Etat de voir ses concitoyens vivre l’enfer de l’exil forcé. Pour le pays hôte aussi, le soulagement sera grand de voir enfin les réfugiés retourner au bercail. Il en est de même pour les organisations humanitaires qui pourront enfin souffler. Tout compte fait, chaque acteur, dans la gestion des conséquences liées à une crise, a intérêt dans la normalisation de la situation des réfugiés. Seuls bien sûr les pêcheurs en eaux troubles souhaitent que cette situation perdure, pour mieux brocarder le régime de Alassane Ouattara. En effet, c’est un échec de la réconciliation pour tout pays sortant d’une guerre que d’avoir un important contingent de réfugiés à l’extérieur. Cela signifie qu’il y a toujours problème. Le voyage du président ivoirien au Libéria ce samedi avait donc, entre autres, pour objectif, de combler cette lacune, en faisant rentrer tous les Ivoiriens qui du fait de la guerre se sont retrouvés volontairement ou non de l’autre côté de la frontière. Mais, une chose est de vouloir rentrer d’exil et une autre est de pouvoir le faire en toute quiétude.
Les stigmates d’une crise aussi grave que celle que la Côte d’Ivoire a connue, sont encore profonds, malgré tous les efforts consentis. Bourreaux et victimes, dans bien des parties du pays, continuent de se regarder avec méfiance. Et les fuyards sont toujours considérés, sans discernement, comme ayant quelque chose à se reprocher. Ils sont donc mal vus, s’ils ne sont pas rejetés. L’Ouest qui a connu le plus grand nombre de massacres demeure particulièrement fragile. Ce n’est pas pour rien si les attaques contre la Côte d’Ivoire sont surtout perpétrées dans cette région. Un ancien pro-Gbagbo peut-il rentrer sans crainte chez lui et reprendre une vie normale ? C’est la grande question. Outre les questions judiciaires et sécuritaires, il y a aussi le problème de l’accès des réfugiés à leurs terres. Dans ces zones rurales, un individu n’est rien sans son lopin de terre. Or dans l’Ouest, les terres des exilés ont été bradées. L’ONG Human Rights Watch s’en est même inquiétée, redoutant des conflits liés au foncier avec le retour des réfugiés. Le gouvernement et les autorités locales doivent donc prendre le temps de régler cette question essentielle qui est un préalable à une bonne cohabitation entre populations. C’est même une condition majeure pour que s’établisse la réconciliation. On a beau appliquer toutes les recettes possibles, tant que des gens s’estimeront lésées et dépossédées de leurs terres, la concorde nationale demeurera une illusion. Après la crise post-électorale, la Côte d’Ivoire ne peut pas se payer le luxe de nouveaux conflits liés cette fois-ci aux accaparements des terres.
On ne peut pas appeler les gens à rentrer sans avoir pris toutes les mesures nécessaires à leur sécurité, à leurs droits et à leur réinsertion sociale. En principe, cette tâche de remise en confiance des réfugiés devait être confiée à Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR). Mais on voit bien que cette structure n’est plus que l’ombre d’elle-même. Désormais, c’est le président Ouattara qui gère en personne les questions de réconciliation, avec les risques qu’une telle implication directe pose. Soit il réussit le processus et il est applaudi, soit la machine s’enraye et il en est le premier responsable. Or tel qu’on voit la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire, rien n’est encore acquis en matière d’apaisement des cœurs quand on sait que le Front populaire ivoirien de l’ex-président Laurent Gbagbo reste en marge du processus de réconciliation. Le retour de tous les exilés, une obsession pour Alassane Ouattara, ne sera sans doute pas pour demain .

La Rédaction

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