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Le Quotidien N° 893 du 16/10/2013

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Justice populaire au Burkina: SOS, nation en danger
Publié le jeudi 17 octobre 2013   |  Le Quotidien




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Il ne se passe plus un jour sans des règlements de comptes au Burkina. Les actes extra-judiciaires entachés de violences sont en train de devenir la règle. Un automobiliste a-t-il commis un accident mortel ? Son véhicule est immédiatement incendié. Et s’il n’est pas un bon athlète, sa vie peut être menacée. Une personne est-elle victime d’une agression ayant entrainé des blessures graves ou même la mort ? Une vendetta est tout de suite organisée par ses proches pour lui « rendre justice ». Au moment même où ces lignes sont en train d’être tracées, la ville de Bittou, dans le Boulgou, connaissait une situation de crise avec des risques d’affrontements entre deux familles. Rien que le 13 octobre dernier, des biens privés, en l’occurrence un maquis (Le Kremlin) et une boulangerie, propriétés d’une même personne, ont été saccagés à Ouagadougou par des individus en furie et hors de contrôle, pour se faire justice. En principe, en cas de conflit quelconque, si les structures traditionnelles de médiation échouent, il est fait recours à la justice pour trancher. Au Burkina, ce réflexe se perd peu à peu. Chacun préfère se rendre justice soi-même, advienne que pourra. La conséquence, c’est le désordre généralisé qui met à mal la cohésion sociale. Car dans la justice expéditive, il y a toujours de fortes chances que des innocents soient pris dans la spirale de violence. Et le risque est grand qu’une jeunesse, qui grandit dans un tel contexte, ne s’exprime qu’avec le langage de la violence. Certains justifient cette nouvelle forme d’incivisme, en l’imputant à un ras-le-bol généralisé des populations face à l’impunité et à la mal gouvernance. C’est peut-être vrai. Car après les violentes émeutes de 2011, le Burkina de la corruption et de la gabégie a repris le dessus sur les promesses d’une gestion saine et profitable à tous des deniers publics.

Si donc malgré tout, les populations ne semblent pas avoir été convaincues de la nécessité, dans un Etat de droit, d’éviter la justice expéditive, que faut-il faire ? Il ne reste plus qu’à mobiliser les forces de l’ordre pour la défense de l’intégrité physique des personnes et la protection de leurs biens. En attendant que les actions de sensibilisation sur le civisme fassent leurs effets, l’Etat est bien obligé de protéger les citoyens. Cela relève de son devoir régalien. Le Burkina est sur une pente dangereuse avec ces règlements de comptes et ces conflits intercommunautaires à n’en pas finir. On ne peut plus fermer longtemps les yeux sur ce véritable poison social. Ce qui suppose qu’il faut donner aux forces de sécurité les moyens de prévenir, d’intervenir et au besoin de réprimer. Leur rôle, ce n’est pas de venir garder les biens déjà saccagés, mais d’éviter que de tels dégâts n’arrivent. Les forces de l’ordre ont pour mission de travailler à assurer la sécurité publique. Bien entendu, on ne peut occulter la situation difficile que ce corps lui-même a vécue, avec les sanctions qui ont frappé bien des policiers surtout. Eux aussi ont besoin d’être réarmés, non pas seulement matériellement, mais aussi moralement. En tout état de cause, le citoyen lambda ne se pose pas ces questions sur le moral de la troupe. Pour lui, une République, incarnée notamment par la police et la gendarmerie, doit être prête à agir pour protéger les citoyens. C’est tout.

Il faut cependant se rendre à l’évidence : la police n’est qu’un maillon de la restauration de l’autorité de l’Etat. L’autre maillon important est la justice. Car tant que les populations n’auront pas confiance en cette justice, il faut s’attendre aux actes extra-judiciaires. L’on doit parvenir à la situation où le recours aux médiations ou à la justice soit un réflexe en cas de problème. Cela passe forcément par une réhabilitation de l’institution judiciaire, afin de lui donner toutes ses lettres de noblesse. Dans le cas du maquis Le Kremlin, à Ouagadougou, justice doit être rendue à la victime qui a perdu la vie, suite à une altercation, mais aussi au propriétaire du maquis qui a vu ses biens détruits. Si rien n’est fait, il ne faut pas s’étonner de voir prospérer le recours aux règlements de comptes,au détriment des structures traditionnelles ou modernes de gestion et règlement des conflits .

La Rédaction

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