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Les présidents africains contestent la Cour pénale internationale
Publié le lundi 14 octobre 2013   |  le figaro.fr


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© Autre presse par DR
Les présidents africains contestent la Cour pénale internationale


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Les poursuites engagées, pour crimes contre l'Humanité, par la Cour pénale internationale à l'encontre du président kényan Uhuru Kenyatta et de son vice-président, William Ruto, ont profondément agacé l'Union africaine.
L'Union africaine n'a finalement pas mis sa menace à exécution. Réunis samedi en sommet extraordinaire à Addis-Abeba, les présidents du continent n'ont pas retiré en masse leurs pays de la Cour pénale internationale (CPI). Ils ne l'avaient en fait jamais réellement envisagé. Ils ont néanmoins manifesté leur agacement vis-à-vis du tribunal de La Haye, qualifié de «raciste» et «d'impérialiste» par le président kényan, Uhuru Kenyatta. Au centre de ce début de fronde continentale, se trouvent précisément les poursuites engagées, pour crimes contre l'Humanité, par la CPI à l'encontre d'Uhuru Kenyatta et de son vice-président, William Ruto, élus l'an dernier. Il leur est reproché leur implication dans les affrontements postélectoraux de 2008, qui avaient fait un millier de morts. L'Union africaine a exigé que le procès contre le dirigeant kényan soit suspendu tant qu'il sera à la tête de son pays, en «vertu de l'article 16» du traité de Rome, fondateur de la CPI. Cet article permet au Conseil de sécurité d'ajourner des poursuites, pour un an renouvelable. Pour appuyer leur demande, les chefs d'État ont mis en avant des arguments juridiques mais surtout politiques. Assurant que les procédures l'empêchent d'assumer son mandat, Uhuru Kenyatta, qui jusqu'alors avait toujours collaboré avec la Cour, s'est lancé dans un violent réquisitoire contre cette instance, «jouet des pouvoirs impérialistes en déclin». Elle «agit sur demande des gouvernements européens et américain, contre la souveraineté des États et peuples africains». Le premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a demandé que l'ONU se prononce avant le 12 novembre, date prévue pour l'ouverture du procès.
Club de présidents

Cette colère trouve aussi sa source dans les poursuites contre un autre dirigeant africain, le Soudanais Omar el-Béchir, et dans une moindre mesure contre Laurent Gbagbo. Au risque de passer pour un «club de présidents» se protégeant les uns les autres, l'UA s'inquiète de ces procès contre des hommes en exercice. Les défenseurs kényans des droits de l'homme soulignent, eux, l'utilité de la CPI, la justice n'ayant pour l'instant jugé qu'une infime poignée d'exécutants. Les défenseurs de la CPI mettent aussi en avant le puissant effet dissuasif qu'elle a sur les chefs de guerre du continent.

Il n'empêche que les chefs d'État africains disposent d'un argument de poids: toutes les procédures ouvertes depuis 2003 - dans huit pays - concernent l'Afrique. La Syrie, l'Irak, la Birmanie ou l'Afghanistan restent, au moins officiellement, hors du champ de la CPI. «Tout le monde sauf l'Afrique semble exempt de rendre des comptes», a affirmé Uhuru Kenyatta. À La CPI «nous ne récoltons que des préjugés et une chasse raciale». D'autres présidents, comme l'Ougandais Yoweri Museveni ou le Rwandais Paul Kagame, avaient déjà souligné l'incongruité de cet afrocentrisme de la Cour.

En nommant la Gambienne Fatou Bensouda au poste de procureur générale l'an dernier, la CPI a essayé de s'éloigner de ces accusations de racisme. Ce n'est visiblement pas suffisant. Si l'Afrique, qui a adhéré en masse au statut de Rome - le Sénégal fut le premier signataire -, ne semble pas encore prête à claquer la porte, la colère se fait de plus en plus claire.

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