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Etalons : La plus belle victoire que j’ai vue
Publié le mercredi 17 octobre 2012   |  Autre presse




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J’étais au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan le 22 janvier 1995. Ce soir-là, les Etalons conduits par Drissa Malo Traoré dit Saboteur avaient arraché un nul qualificatif (2-2) pour la CAN 96. Menés 2-0 dans un stade acquis à la cause des Eléphants conduits par Ben Badi, Sidi Napon et Seydou Traoré avaient été les valeureux buteurs de cette soirée. Je revois l’ambiance ! Ce nul aux allures de victoire propulsait ainsi notre pays, avant la fin des éliminatoires, aux phases finales de la CAN en Afrique du Sud. C’était la première qualification, balle au pied, des Etalons à une CAN. C’était l’extase ! Seize ans après, je revis encore un temps fort de ma carrière de reporter sportif. Oui, 16 ans après ! En effet, la date du 14 octobre 2012 restera une date mémorable dans ma vie de journaliste sportif. Je revis cette nuit de dimanche. Une nuit dominicale.

Déjà à 18h 08mn, j’ai failli tomber de ma chaise lorsque les Fauves centrafricains ouvraient le score. Que nous tombe-t-il sur la tête pour que nous encaissions un tel but en seulement 8 mn de jeu ? Les dribles chaloupées de « Pit » et le réalisme de Alain viennent me soulager. Et puis à 20h, mon cœur recommence à battre quand je réalisais que les Fauves de Bangui étaient en train de barrer la route aux Etalons. Il ne restait plus que 5 mn d’arrêt de jeu. Comme ces 30 000 spectateurs du Stade du 4-Août, je ne croyais plus à un miracle. Les Fauves, à 2-1 pour les Etalons, étaient qualifiés grâce à leur victoire (1-0) au match aller.

Les Fauves, à l’image de leur capitaine simulent des blessures qui me blessent le cœur. Tous, oui, tous avaient déjà perdu espoir quant à une qualification des Etalons. Tous, dis-je, sauf les Etalons. Et quand mon chrono indiquait 12 secondes pour la fin de la partie, je me mets à secouer la tête lorsque la déviation de la tête de Aristide Bancé dépose la boule sur une autre tête, celle d’Alain Traoré, qui libère tout un peuple qui était pris dans l’étau de l’angoisse. J’ai eu peur pour les cardiaques. Ouf ! Les Fauves sont en cage. Ils sont en larmes. Inconsolables, ils étaient. Un but assassin qui explose le temple du football burkinabè. C’est fait ! Ça y est ! Une qualification héroïque, comme celle du 22 janvier 1995. Cette fois, elle est davantage belle. Et comme par coïncidence, une qualification qui amène les Etalons en Afrique du Sud. Etalons, vous avez été héroïques. Etalons, vous avez été combattifs ! Etalons, vous avez cru.

La rançon de l’engagement, mais aussi la rançon du soutien, celui d’un public mobilisé. Un public qui, pour l’une des rares fois, sous l’impulsion des deux animateurs du stade, mon confrère « Bamos » et « Alain Alain », a supporté et est resté mobilisé jusqu’à la dernière seconde. Quand la pelouse a été envahie dès le coup de sifflet final, je revivais les émotions de la CAN 98 au Burkina.

C’est dans cette marée que nous avons essayé de nous frayer un passage pour rejoindre les vestiaires puis la salle affrétée pour la conférence de presse d’après-match. C’est là aussi que je retiendrai que mes portables, mes feuilles de match et même les clés de ma voiture ont été volés par des supporters malgré les précautions prises.

Ce voleur jettera par la suite les clés de la voiture que la sécurité me remettra plus tard. Je peux enfin quitter le stade, sans pouvoir émettre ou recevoir le moindre appel pour vivre cette fierté de la qualification en direct. Ce n’est pas grave. L’essentiel est fait ! Mes larmes coulent sur une chaussée de joie pour ces Etalons. Je frémis devant ce don de Dieu. Je suis reconnaissant de la baraka en sport. Je reste respectueux devant la classe de Jonathan Pitroipa qui a offert les deux premiers buts de son équipe à Alain Traoré et à Moumouni Dagano. Je respecte la lucidité et la classe d’Alain Traoré, auteur du doublé de la soirée. Lorsque je revois Florent superviser le milieu de terrain, quand je revois Wilfried Dah damer ses vis-à-vis dès qu’il a pris contact avec le gazon en deuxième période de jeu, je ne peux que saluer la cohésion du groupe.

Merci aux valeureux Etalons. Merci au public. Merci à la Fédération. Merci au ministère des Sports. Congratulations à tout le staff technique. Merci à tous les soutiens. Je vois et me convaincs davantage que les Burkinabè aiment le foot. Je revois ce monde fou, arpentant les rues de Ouaga, klaxonnant à décharger les batteries. Je revois ces acrobaties dangereuses à vous donner des sueurs froides, dues à cette victoire exemplaire. Tous étaient ivres de joie. Ivres de bonheur. Le foot est une solution à toute situation tendue. Etalons, remettez-nous ça car le peuple a besoin de tel bonheur. Etalons, vous nous avez rendu « fous », inconscients parfois, car drogués par cette victoire patriotique. J’étais heureux que cette femme évanouie sur la pelouse à la fin du match, toute couverte de sueur, se soit relevée. Je présente mes respects à la sécurité.

Je me retourne vers vous tous pour renouveler un merci : Paul, Bakari, Madi, Koffi, Florent, Charles, Wilfried Sanou, Wilfried Dah, Alain, Pitroipa, Dagano, Bancé, Préjuce, Soulama, Gnanou, Germain, Rabo, Razack, le peuple vous remercie. Paul Put, merci pour cette première et significative victoire officielle. Voilà Afrique du Sud 2013. Nous sommes en Afrique du Sud. Nous serons à la CAN 2013. Mais attention ! Il faut s’y préparer et durement pour espérer mieux faire que lors des huit précédentes CAN. Le peuple est derrière vous. Le peuple sera toujours derrière vous. Faites-nous rêver en vous battant toujours pour la patrie !

Alexandre Le Grand ROUAMBA

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