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Le Quotidien N° 888 du 9/10/2013

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Cotisations APE : Un business sur le dos des parents d’élèves
Publié le jeudi 10 octobre 2013   |  Le Quotidien




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Au Burkina, les cotisations des parents d’élèves semblent prendre le pas sur les frais de scolarité. A tel point que dans certains établissements, les inscriptions sont impossibles sans le paiement de ces fameuses cotisations destinées être prélevées par l’Association des parents d’élèves. Il est aussi arrivé que des élèves soient exclus en cours d’année, surtout dans le public, pour n’avoir pas honoré ces frais. D’où vient-il que ces cotisations soient aussi précieuses aux yeux des APE et des fondateurs ou des directeurs d’établissements privés comme publics ? Pourquoi le non-paiement d’une cotisation APE est-il perçu comme un délit ? C’est que cette manne est une aubaine pour beaucoup de gens. En effet, elle est répartie à hauteur de 40% pour l’APE, 40% pour l’établissement et 20% pour l’Union nationale des associations des parents d’élèves. Mais le problème n’est pas seulement cette clé de répartition, même si on peut trouver à en redire. Car les 40% alloués directement à l’établissement ne sont rien d’autres que des frais supplémentaires pour les parents d’élèves, qui s’étaient déjà acquittés de la scolarité. Cela pousse aussi les fondateurs et les chefs d’établissements à faire une fixation sur ces cotisations qui deviennent même plus essentielles que les frais d’inscription. Mais le plus grave, c’est l’opacité qui entoure la gestion de ces fonds. Très peu d’APE font, au cours de leur mandat, des bilans exhaustifs réguliers de leur gestion. Il en est de même de la part reversée aux établissements. Bref, les parents d’élèves, dans cette affaire, sont les plus grands perdants, car considérés comme des vaches à lait par de petits malins. C’est à ce système mafieux savamment entretenu par certains prédateurs, que le gouvernement devrait s’attaquer, plutôt que de s’agiter autour d’une éventuelle augmentation des cotisations APE. On ne peut en effet pas comprendre que l’Etat laisse s’instaurer cette arnaque organisée et ces abus, alors même qu’il a décrété l’obligation et la gratuité de la scolarité jusqu’à l’âge de 16 ans. Si on parle aujourd’hui d’augmentation des cotisations, alors qu’on devrait les baisser, c’est parce que l’Etat n’exerce pas son droit de regard sur la question.
Il y a donc lieu, pour mettre fin aux dérives, de ramener les cotisations à leur vraie raison d’être. Comme le dit le ministre des Enseignements secondaire et supérieur lui-même, l’Etat doit « veiller à ce que la contribution volontaire des parents au fonctionnement des établissements ne devienne pas une très lourde charge pour eux ». Mais on voit bien qu’on est loin du compte ; car ce qui préoccupe le gouvernement, ce n’est pas d’assainir le milieu des APE mais seulement d’éviter une augmentation des cotisations. Même ce combat, du reste, est perdu d’avance, si le laisser-aller actuel perdure. A défaut d’une refondation des APE et d’une reconsidération de l’esprit des cotisations, il appartient aux parents d’élèves, à l’échelle de chaque établissement, d’exercer une vigilance acérée sur l’utilisation des fonds APE. Ils doivent prendre le destin de leurs enfants en main, en exigeant une gestion saine et transparente de leurs sous. Cela suppose qu’ils s’impliquent dans la vie de l’association, participent aux réunions et suivent de près le programme d’activités de l’APE. Car pour le moment, les parents d’élèves ne font pas du fonctionnement des APE leur affaire. D’où les abus que l’on constate souvent au sein de ces structures. Devenues de véritables cavernes d’Ali Baba, les APE font l’objet de convoitises, chacun voulant aller à la soupe. Finalement, on se bagarre autour de l’argent généré par les cotisations, plutôt que de se mobiliser pour l’amélioration des conditions d’études des élèves, par la réalisation d’infrastructures ou l’organisation d’activités d’éveil et de détente. Abandonnés par l’Etat, les parents d’élèves, qui suent sang et eau pour que leurs progénitures acquièrent la science de la connaissance, n’ont d’autre choix que de s’organiser à l’interne, pour veiller à leurs intérêts .

La Rédaction

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