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Le Quotidien N° 887 du 8/10/2013

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Gestion du pouvoir en Afrique : Tous des « présidents-fondateurs » !
Publié le mardi 8 octobre 2013   |  Le Quotidien




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L’humoriste Mamane a là un bon sujet pour sa chronique sur RFI. Henri Konan Bédié, 79 ans, à la tête du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) depuis 1993, vient d’être réélu à 93,29% des voix. Si on ajoute à ces « faits d’armes », le fait que Bédié ait changé les règles du jeu en plein match, alors on retrouve toutes les caractéristiques du personnage fictif de Mamane, le « président fondateur », dirigeant d’un pays imaginaire d’Afrique, la « république très très démocratique du Gondwana ». En effet, Bédié a fait réviser in extremis les textes du parti pour supprimer la limite d’âge maximum de 75 ans et pour instaurer une caution de 18 millions de FCFA pour tous les candidats à la candidature. En tripatouillant ainsi les textes, il n’avait qu’un seul objectif : rester coûte que coûte à la tête du parti. Avec une telle pratique, comment inculquer des valeurs de démocratie et d’alternace aux militants du parti ? Comment peut-on éviter de reproduire les mêmes préceptes une fois au pouvoir ?
Mais, le cas de Bédié est loin d’être isolé. Que ce soit en Côte d’Ivoire même ou ailleurs en Afrique, les partis politiques, toutes tendances confondues, sont généralement sous la coupe de véritables potentats. Les partis, de l’opposition comme du pouvoir, sont des « républiques très très démocratiques » en miniature. Les partis se confondent à leurs présidents dont le sport favori est de multiplier les astuces, les coups bas et les intrigues pour garder leur place (ou plutôt leur trône). La situation est encore plus déplorable pour les dirigeants des partis d’opposition qui réclament tous les jours l’alternance au sommet de l’Etat, mais évitent soigneusement de s’appliquer ce principe à eux-mêmes. La seule issue pour les ambitieux qui ne veulent pas passer leur vie à supporter les caprices du président, c’est de faire dissidence en créant leur propre parti. On nage ainsi en pleine contradiction : comment peut-on exiger des autres d’être des démocrates quand on est soi-même un petit dictateur dans son coin ? Résultat : le discours des partis d’opposition sur la démocratie n’a aucun effet sur les tenants du pouvoir. Les présidents-fondateurs étant à la fois au pouvoir et dans l’opposition, voire dans la société civile (syndicats et associations dirigées sans discontinuer par les mêmes personnes), c’est le peuple qui casque. Nombre d’opposants historiques ont ainsi fait preuve d’une boulimie incroyable du pouvoir une fois aux affaires. Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire et Abdoulaye Wade au Sénégal ont dû être poussés vers la sortie à l’issue d’élections. Si le second a eu un sursaut de sagesse pour se retirer, ce ne fut pas le cas du premier, qui fut chassé du pouvoir à coups de canon. Avec ces deux hommes politiques, le mythe de l’opposant au service de la démocratie s’est brisé. Ils n’ont pas mieux fait que ceux qu’ils vilipendaient.
C’est ainsi que se bâtissent des monarchies, grandes ou petites, à l’échelle d’un parti ou d’un Etat. Cette situation de stagnation, voire de régression de la démocratie en Afrique subsaharienne, en fait le résultat d’une confusion des genres. Beaucoup de dirigeants politiques se croient investis d’un pouvoir divin quand ils accèdent à la magistrature suprême. Depuis les pères de la Nation des indépendances jusqu’à nos jours, cette conception du pouvoir a peu changé. Seuls quelques pays émergent du lot, en inscrivant véritablement les vertus démocratiques dans la pratique politique et dans l’exercice du pouvoir d’Etat. Dans les autres, c’est un perpétuel recommencement. Les Constitutions sont tailladées au gré des humeurs et des calculs du président en place, le tout dans un seul et unique but : garder le pouvoir le plus longtemps possible. Et tant pis pour les bonnes consciences qui croyaient que le temps des alternances démocratiques et de la bonne gouvernance était arrivé en Afrique. Les professions de foi, les pressions occidentales (les fameuses conditionnalités) et même les manifestations des populations, rien n’y fait. La culture de présidents-fondateurs demeure encore solidement ancrée chez bien des dirigeants. Mais, c’est vrai qu’ils sont aidés en cela par le jeu trouble des opposants et aussi des acteurs de la société civile qui ignorent le mot « alternance » dans leur lexique.

La Rédaction

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