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MACO : la GSP décide de la suspension de ses services
Publié le jeudi 3 octobre 2013   |  Le Faso


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© Autre presse par DR
La Maison d`arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco)


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La Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) vit depuis ce matin – 2 octobre 2013 – à un rythme inhabituel : les éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire en service en son sein n’assurent qu’un service minimum, les escortes de détenus étant suspendus.Sur les lieux, et avec Bayala Herman Zomnayé, Assistant GSP et Secrétaire général du Syndicat national des agents de la Garde de sécurité pénitentiaire (SYNAGSP), on en sait un peu plus sur les raisons de cet arrêt de services. En attendant d’entendre le ministère de la Justice qui, approché, répond « il faut attendre », M. Bayala nous livre les raisons de leur mouvement. Lisez plutôt !Lefaso.net : Pouvez-vous nous décrire le climat qui règne ce jour à la MACO ?
Bayala Herman Zomnayé (BHZ) : Ce matin, on s’est réveillé trouver que les éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire sur toute l’étendue du territoire national, en tout cas partout où il y a des GSP, sont en grogne parce que depuis pratiquement deux ans, ils ont de ces préoccupations qu’ils ont exposées au niveau du gouvernement. Et jusque-là, c’est comme si ces préoccupations n’existaient même pas pour le gouvernement.

Ils ont décidé de manifester leur mécontentement, juste en suspendant les escortes, les communiqués, les corvées, en refusant de recevoir de nouveaux délinquants.

Maintenant, la durée dépendra des réponses que le gouvernement va apporter à ces préoccupations.

Est-ce à dire qu’il y a eu concertation entre les différents postes de GSP du pays ?

BHZ : Tout ce que je sais, c’est que c’est une manifestation spontanée qui concerne toutes les prisons du Burkina. Et en tant que délégué syndical, je puis vous dire que la structure syndicale est solidaire à ce qui se passe, parce que nous vivons les mêmes réalités, nous avons les mêmes problèmes.

On a l’impression que les préoccupations qui concernent la GSP sont toujours reléguées au second rang. Comme si nous, on n’appartenait pas à l’administration burkinabè. On est solidaire à ce mouvement.

Avez-vous rencontrez votre hiérarchie pour lui rappeler les préoccupations qui sont les vôtres et dont la satisfaction semble trainer ?

BHZ : Je pense que depuis 2011, nous avons eu à la tête du ministère de la Justice trois ministres. Nous avons eu M. Jérôme Traoré, Mme Salamata Sawadogo, et M. Dramane Yaméogo qui est l’actuel ministre. Tous ces ministres ont, d’une certaine façon, tenter de gérer nos préoccupations, mais sans suite.

En marge du forum des corps constitués, il y a eu une rencontre présidée par le Premier ministre où on a soulevé nos préoccupations. A l’occasion du forum avec le chef de l’Etat, les mêmes préoccupations sont revenues.

Antérieurement, lorsqu’il y a eu les mutineries, le chef de l’Etat a reçu tous les corps, y compris la GSP. Les mêmes préoccupations lui ont été soumises. Il y a quelque chose que nous avons du mal à percevoir. Peut-être que les gens ne le savent pas ; mais disons que la GSP a été créée par le chef de l’Etat. C’est lui qui a porté le décret de création du corps en Conseil des ministres en 1984 quand il était ministre de la justice. Mais nous avons l’impression qu’il ne se souvient plus du corps qu’il a lui-même créé. On n’a même pas le minimum.

C’est vrai, le mouvement de ce jour est né de façon spontanée, mais nous disons que le syndicat est solidaire à ce que les éléments sont en train de faire.

A l’issue du débrayage d’un des vôtres en avril dernier, semble-t-il que les lignes ont bougé dans le sens de la résolution de vos problèmes. Qu’en est-il aujourd’hui ?

BHZ : Concrètement, je ne peux pas vous dire qu’il y a eu d’avancée. Ce que je sais, c’est qu’il y a un élément qui avait tenté de faire un mouvement. On l’a compris, parce les préoccupations qu’il a soulevées sont aussi les nôtres. Ce sont des revendications qui nous concernent tous. Et les autorités ont tenté de prendre cela comme étant un dossier sérieux. Mais jusque-là, rien.

Bien avant son mouvement, il était prévu que notre dossier de statut particulier qui a été soumis au gouvernement depuis 2011, allait être examiné au niveau du COTEVAL le 10 avril 2013 à la suite du mouvement de notre camarade le 6 avril.

Mais depuis l’examen du dossier au COTEVAL, on nous fait savoir que le Premier ministre a décidé d’observer un moratoire sur la question de notre statut particulier. Apparemment, le Premier ministre ne mesure pas encore l’ampleur de la situation. C’est comme si le Premier ministre n’a aucune considération du rôle que les GSP jouent dans ce pays. Nous demandons qu’il fasse marche-arrière, qu’il lève ce moratoire et qu’il laisse le dossier suivre son cours. C’est frustrant !

Il y a de ces choses qu’on ne peut pas se permettre de nos jours. Nous sommes tous des fonctionnaires de l’Etat burkinabè. Lorsqu’une partie de ces fonctionnaires, qui pensent eux aussi à leur niveau qu’ils apportent quelque chose pour la construction de la nation, se sentent en réalité exclus, je pense que ce n’est pas bien.

Parlant de ces préoccupations, que demandez-vous précisément ?

BHZ : Nous demandons que notre statut particulier soit adopté. Nous demandons au gouvernement de prendre en compte le fait que de nos jours, on ne peut pas se dire homme de sécurité sans un minimum de matériels.

A ce jour, la GSP n’a aucun moyen de communication. Même ce que les gens appellent couramment talkie- walkie, ça n’existe pas à la GSP. Et cela est très dangereux. Aujourd’hui vous ne trouverez pas, même une société de gardiennage qui n’en a pas. Actuellement, en dehors de Ouagadougou et de Bobo –Dioulasso, les escortes se font à pieds. Je pense qu’en termes même de respect des droits humains, cela n’est pas acceptable.

Nous avons des éléments qui ont leur dossier en justice, dont certains depuis 1999, 2008 ; ils ne sont pas situés. Ils sont suspendus. Alors qu’au constat, les autres fonctionnaires qui ont des litiges en justice, ne sont pas suspendus ; seuls les GSP subissent la rigueur de loi en pareille situation. Nous ne sommes pas contre la suspension, parce que c’est une mesure légale. Mais si on doit l’appliquer, je pense que ça doit s’appliquer à tous les fonctionnaires qui se retrouvent dans les liens de la justice, et non à nous seulement. Nous sentons cela très mal, cela est inconcevable, surtout que nous appartenons au ministère de la justice. Cela n’est pas bien.

En termes de dotations, un GSP, sauf s’il est en mission, il est rare de le voir en tenue. Simplement parce que la dotation fait défaut. Il y a du matériel spécifique que nous devons avoir. La liste est très longue. Je pense qu’aucune de nos autorités hiérarchiques ne dira qu’elle n’a pas reçu la liste de nos préoccupations.

Avez-vous songé à créer un climat de dialogue avec le ministère de la Justice spécifiquement autour de ces préoccupations ?

BHZ : Comme je vous l’ai dit, c’est un mouvement spontané. Mais, n’empêche qu’on est organisé. Nous avons tenté de prendre le dessus, parce qu’on ne peut pas agir pour des causes de ce genre en rang dispersé. Les éléments sont solidaires de toute action que nous entreprendrons. Nous sommes ouverts. Si éventuellement l’exécutif veut échanger avec nous, il trouvera un cadre approprié aux échanges.

Ne vous trompez-vous pas d’adversaire en décidant de suspendre l’escorte des détenus ?

BHZ : On ne se trompe pas d’adversaire. Je vais vous dire pourquoi. Si vous vous souvenez, le Premier ministre a fait un passage récemment à la Rtb. Il a passé tout le temps à parler de la sécurité, sans jamais faire allusion au rôle que joue la GSP. Est-ce qu’on peut imaginer la chaîne pénale sans la GSP ?

A la limite, nous ne savons même pas où est logé. Lorsque vous prenez le ministère de la Justice, on a du mal à savoir la place réelle qui est la nôtre.

Lorsqu’on revient dans le cadre même de la sécurité, on parle de grand banditisme. Tout le monde connaît la destination finale de tous ceux qu’on prend comme étant de grands bandits. Mais notre rôle n’est pas considéré.

Je pense qu’en suspendant les escortes, lorsqu’il n’y aura pas de déferrement, les gens seront obligés soit de laisser les gardes-à-vue au violon en attendant qu’il y ait possibilité de les déférer, soit ils essayeront de libérer ceux qu’ils estiment être des délinquants mineurs pour pouvoir continuer d’arrêter d’autres personnes. Nous tenons à ce que le gouvernement sache qu’on ne peut jamais parler de la sécurité sans nous, parce que nous constituons une pièce sans laquelle le système pénal ne peut pas fonctionner.

Quelle sera, en termes d’actions, la suite du mouvement ?

BHZ : La suite du mouvement dépendra du gouvernement. Aujourd’hui, venir s’arrêter dire que ça va aller, ce n’est pas acceptable. Car en attendant, nous, on est en train de mourir.

On a l’impression que nous avons commis des infractions en devenant GSP. Plutôt que d’être vus comme des gens qui se sont mis à la disposition de leur pays, qui ont voulu servir leur pays en postulant au concours de la GSP, on se voit en train d’être considérés comme des détenus. C’est en tout cas ce qu’on ressent vis-à-vis du gouvernement. Ce gouvernement nous confond aux détenus.

Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où la balle est dans leur camp. Nous voulons prioritairement que le dossier de notre statut particulier suive son cours normal.

Irez-vous jusqu’à émettre des coups de feu pour vous faire entendre ?

BHZ : La GSP est un corps très organisé, très sérieux. Quelle que soit la durée de ce mouvement, nous mettrons tout en œuvre pour que ces dérives n’arrivent jamais. Nous sommes des personnes responsables, des personnes sérieuses. Nous n’allons pas nous livrer à de telles dérives. Je n’irai pas loin dans l’annonce des actions susceptibles d’être déployées pour la suite du mouvement, mais je pense que ce que nous sommes en train de faire, c’est largement suffisant.

Entretien réalisé par Fulbert Paré

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