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Le Pays N° 5218 du 16/10/2012

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Enlevement d`Africains au Niger : La stratégie de démoralisation
Publié le mardi 16 octobre 2012   |  Le Pays




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Cinq Nigériens et un Tchadien sont tombés dans les mailles du filet de ravisseurs, le 14 octobre dernier, dans la localité de Dakoro dans le Sud-Est du Niger. L’enlèvement de ces fonctionnaires de l’ONG « Bien-être de la famille et de l’enfant », ainsi que leur chauffeur, n’a pas encore été revendiqué. Mais les moyens utilisés et la destination prise par les kidnappeurs après leur forfait, orientent plus vers la piste terroriste. Selon le témoignage d’Abou Mahamane, secrétaire général du département de Dakoro, les ravisseurs étaient bien armés, roulaient à bord de deux véhicules tout-terrain et parlaient arabe, tamasheq et haoussa. Le correspondant de Radio France internationale (RFI) à Niamey, Moussa Kaka, a également rapporté que les malfrats qui ont été brièvement poursuivis par des militaires de l’armée nigérienne avaient pris la direction de la frontière malienne. Ce rapt peut donc être l’œuvre d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), qui en a déjà commis d’autres, notamment sur le sol nigérien. Le changement de cibles a cependant de quoi intriguer, les preneurs d’otages ayant toujours été friands de ressortissants occidentaux, plus cotés à la bourse des rançons. Chinkafa Hachinou, conseiller de la présidence nigérienne, a, du reste, laissé entendre qu’ils étaient à la recherche de responsables occidentaux. « Il n’y en avait pas et ils ont enlevé nos compatriotes et un Tchadien », a-t-il déduit. Les six Africains qui travaillaient pour l’ONG américaine dans les locaux où ils étaient logés, ont donc été enlevés à défaut d’Occidentaux, qui pèsent plus lourd sur la balance du marché des otages. Mais pourquoi, bien que conscients que la « peau noire » s’achète moins bien que la « peau blanche », les chasseurs de peau humaine ont-ils néanmoins emmené leur butin « nègre » ? Se sont-ils résolus à se contenter de merles faute de grives ? « A défaut de la mère, on tête la grand-mère », dit-on. Peut-être ont-ils décidé de repartir avec ce qu’ils ont sous la main, l’idée étant de ne pas rentrer bredouilles de leur expédition. Ils pourront ainsi tenter une autre expérience pour voir ce que vaut réellement un otage africain en termes de rançon. Les ressortissants occidentaux commencent visiblement à observer les consignes de sécurité qui leur ont été conseillées concernant les zones dans lesquelles opèrent les extrémistes. Ils sont ainsi devenus une denrée rare dans ces localités. Le terrorisme se nourrissant aussi de rapine, il fallait s’attendre à ce que ses adeptes explorent d’autres moyens de subsistance. L’enlèvement des travailleurs humanitaires africains qui intervient surtout dans un contexte de finalisation de l’opérationnalisation de l’intervention militaire contre les terroristes du Nord-Mali, peut répondre aussi à une stratégie de démoralisation. AQMI peut vouloir se servir des otages africains pour décourager les pays africains, notamment ceux voisins du Mali, de soutenir l’opération militaire dans ce pays. Tout comme il a réussi, par la détention d’otages français et la menace de porter atteinte à des intérêts français, à limiter la participation de la France à la future action militaire au Mali à une simple assistance technique et logistique. Les terroristes ont, en tout cas, déjà prouvé leur capacité à déstabiliser des régimes. Les chefs d’Etat doivent-ils pour autant, de peur de perdre leur pouvoir, céder à leurs menaces et tentatives d’intimidation ? Ce serait alors juste remettre à plus tard l’avènement d’un problème qu’on aurait pourtant pu résoudre pour de bon, ou au moins pour longtemps, pour peu que l’on fasse montre d’une réelle volonté politique. Certes, le Sahel est immense et les territoires sous contrôle terroristes assez vastes et très complexes. Il n’en demeure pas moins vrai que, si des groupes armés irréguliers ont pu dompter ces espaces sauvages, il est évident que si les pays concernés par la lutte contre le terrorisme se donnent la main, ils peuvent aussi les apprivoiser et y installer des bases. Ils pourront ainsi poser les jalons de la sécurisation de ces contrées très favorables à l’expansion terroriste et dans lesquelles se replient toujours les ravisseurs qui en ont la parfaite maîtrise. Une maîtrise qu’ils doivent à un exercice de longue haleine mais qui n’est pas du tout au-dessus des moyens de pays coalisés et prêts à mutualiser leurs stratégies et potentialités.
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