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Communication de son excellence monsieur Blaise Compaoré, président du faso: a l’occasion de la semaine du congressional BLACK CAUCUS sur le thème, la paix et la sécurité en Afrique; médiation et réglement pacifique des conflits
Publié le mardi 1 octobre 2013   |  Présidence


Etats-Unis
© Présidence par DR
Etats-Unis d`Amérique : Blaise Compaoré rencontre la diaspora burkinabè
Samedi 21 septembre 2013. Washington DC. Le président du Faso Blaise Compaoré a rencontré les ressortissants burkinabè de la capitale fédérale des Etats-Unis d`Amérique et de sa région


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Docteur Gloria Bozeman HERNDON, Présidente et Directrice Exécutive de GB Group Global ;

Honorables membres du cercle des personnalités noires du Congrès des Etats-Unis d’Amérique ;

Mesdames, Messieurs ;

Je suis venu à Washington pour saluer l’immense œuvre accomplie par le Congressional Black Caucus dans le renforcement de la vie des institutions et de la démocratie américaines, ainsi que la consolidation de la coopération entre les Etats unis et l’Afrique.

Cette grande organisation, particulièrement attachée aux valeurs fondamentales de fraternité et de solidarité, est un des foyers féconds de réflexion, de proposition et de prise d’initiatives dont je loue les nombreux mérites dans l’édification d’un monde de prospérité partagé.

C’est donc avec beaucoup d’admiration et de sympathie que j’entends partager avec votre auguste auditoire, mes expériences et vues ainsi que les enseignements tirés des médiations et facilitations que j’ai eu l’honneur de conduire pour le règlement pacifique des conflits dans certains pays du continent africain.

Je saisis cette occasion pour exprimer au Docteur Gloria Bozeman HERNDON, Présidente et Directrice Exécutive de GB Group Global, ma gratitude pour l’invitation qui m’a été adressée afin de m’associer à cette rencontre d’échanges qui s’inscrit dans le cadre des manifestations marquant la semaine du Congressional Black Caucus.

Mesdames, Messieurs ;

L’humanité connait une paix relative depuis la fin de la deuxième grande déflagration mondiale.

Les conflits à l’intérieur des pays, les tensions entre communautés et guerres atypiques liées au terrorisme international et à la criminalité transfrontalière, ont marqué les deux dernières décennies, secouant de nombreuses nations en Afrique.
En outre les transitions démocratiques ouvertes au début des années 1990 ont produits des résultats contrastés sur le continent.

Elles ont été souvent inachevées et génératrices d’une mal gouvernance qui a conduit à de violentes protestations et parfois à des affrontements armés suscités par l’aspiration des peuples à plus de liberté, de démocratie, de justice et d’égalité dans la répartition des richesses.

Ces turbulences dont les impacts sont dramatiques au niveau humanitaire, constituent de sérieux obstacles à l’amélioration des performances des économies et à la concrétisation des ambitions d’intégration des peuples.
Elles appellent les africains et l’ensemble de la communauté internationale à intensifier les efforts de prévention des conflits et de consolidation de la paix et de la sécurité.


Mesdames, Messieurs ;

Fidèle à sa vision pour une Afrique de stabilité et de progrès solidaire, le Burkina Faso s’investit sous l’égide des Nations Unies, de l’Union Africaine et des organisations régionales, pour la restauration de la paix partout où elle est mise à rude épreuve.

Cet engagement fondé sur notre conviction que seul le dialogue sincère entre toutes les parties prenantes peut permettre un règlement pacifique des différends, a abouti à la résolution de crises politiques et armées, notamment au Togo, au Niger, au Soudan, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Mali.

Mesdames, Messieurs ;

La lourde responsabilité d’accompagner certains pays en crise, dans leur quête de paix, de réconciliation et de stabilité, m’a permis de prendre la mesure des considérations et exigences pour réussir la médiation.

Il s’agit d’abord de :
- l’implication forte et du soutien des organisations régionales, continentales et internationales pour conforter le leadership du médiateur,
- la nécessaire participation de ces institutions à la validation des acquis intermédiaires et résultats obtenus, et à la mise en œuvre des mécanismes de suivi des accords conclus.

Il s’agit aussi de :
- l’appropriation pleine du processus de sortie de crise par les parties en conflit,
- leur engagement à appliquer avec diligence et rigueur les dispositions des accords contractuels dûment signés.

Il s’agit enfin pour le médiateur, de :
- faire preuve de persévérance, de foi, de conviction, de capacité d’écoute et d’analyse, afin de créer les meilleures conditions pour l’accélération des pourparlers.

En outre, la bonne connaissance des réalités sociologiques et sociopolitiques du pays et de la région est un impératif pour définir avec pertinence, les différentes étapes du processus.
Elle constitue un tremplin majeur et essentiel à la perception des points de crispation et de rupture autour desquels il importe de bâtir des consensus intermédiaires et définitifs.

Mesdames, Messieurs ;

Chaque médiation présente ses spécificités :
Ainsi, au Togo et en Guinée, il s’est agi de graves crises de transition démocratique avec les prémices d’une guerre civile.

Dans ces cas, la médiation a permis d’établir le dialogue entre les différents protagonistes et de trouver un accord pour des élections justes, transparentes et apaisées.

Au Niger où l’objectif était le rétablissement de la paix et la sécurité dans une grande partie du territoire, à la suite d’une rébellion touareg, elle a permis d’obtenir l’arrêt des hostilités, l’ouverture d’un dialogue politique avec la rébellion, l’adoption d’un plan de paix incluant la réinsertion économique des combattants.

Mesdames, Messieurs ;

Je voudrais à présent, insister sur les situations les plus complexes que sont celles de la Côte d’Ivoire et du Mali, en raison de leur ampleur, de leur nature et des graves menaces qu’elles faisaient peser sur l’Afrique de l’ouest dans son ensemble.


Le cas ivoirien
La crise ivoirienne, née d’une gouvernance politique et démocratique faite d’exclusion, a provoquée la partition du pays.

Elle a connu un regain d’hostilités avec le conflit armé postélectoral.

La médiation entamée dès la première phase de la crise s’est déroulée sur près de six ans.

Les points forts et les acquis majeurs de cette action sont :
- la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou ;
- l’arrêt des hostilités, la restauration de la sécurité et la mise en place de forces d’interposition des Nations Unies ;
- la constitution d’un Gouvernement inclusif dont le Premier Ministre est le Chef de la rébellion armée ;
- la tenue de l’élection présidentielle sur la base d’un accord formel obtenu sur les questions de l’identité, de la citoyenneté, de l’éligibilité ;
- l’élaboration d’un plan de réinsertion des combattants.

La médiation en République de Côte d’Ivoire doit également son succès de l’efficacité remarquable du mécanisme de suivi, composé du Comité d’évaluation et d’accompagnement de l’Accord Cadre et d’un Organe consultatif international.

Le cas malien
La crise malienne s’explique par trois facteurs majeurs que sont :
- l’interruption le 22 mars 2012, de l’expérience démocratique du Mali par un coup d’Etat militaire ;
- le déclenchement d’une rébellion armée touareg dont les premières manifestations remontent au début des années 1960 ;
- l’occupation d’une partie du territoire par des groupes terroristes et des extrémistes religieux.
Réunis le 27 mars 2012, les Chefs d’Etat de la CEDEAO me confiaient la médiation dans ce pays pour restaurer la légalité constitutionnelle, concilier les parties par le dialogue et la concertation, en vue de parvenir à une paix durable.

La démarche générale suivie dans la réalisation de cette mission, a d’abord consisté à amener les groupes armés à se démarquer des mouvements terroristes et criminels et à inscrire leurs revendications dans une logique républicaine pour un Mali laïc et uni.

Elle a ensuite privilégié avec l’appui déterminant du Tchad, de la France et du Conseil de sécurité, le recours à la force afin d’éliminer les groupes armés terroristes et criminels.

Les points forts et les acquis majeurs de cette médiation ont été les suivants :
- le rétablissement de la légalité constitutionnelle ;
- la signature, le 6 avril 2012 à Ouagadougou, d’un Accord Cadre qui instaure et organise la transition politique et institutionnelle, consacrée par l’installation d’un Président par intérim de la République, conformément à la Constitution et à la mise en place d’un gouvernement de transition;
- la déclaration du 04 Décembre 2012 par laquelle les protagonistes sont convenus de l’arrêt des hostilités, de la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, du rejet de l’extrémisme religieux et de leur engagement à lutter contre le terrorisme ;
- la signature de l’Accord du 18 juin 2013, qui a permis la tenue de l’élection du Président de la République et ouvert la voie aux pourparlers inclusifs de paix définitive.

Mesdames, Messieurs ;

Les médiations conduites pour le règlement pacifique des conflits en Afrique révèlent l’importance capitale du dialogue et des compromis dans la restauration de la paix et de la sécurité, le rétablissement de la cohésion au sein des nations hier déchirées, la relance des dynamiques de transition démocratique et de stabilisation des institutions.

Ces résultats confortent la foi et la confiance, qui doivent être accordées à la formule des médiations, comme voie privilégiée de règlement de différends politiques.
Car toutes les parties en conflit à l’exception des mouvances d’idéologie terroriste, sont réceptives au dialogue, ainsi qu’au compromis et acceptent le principe des médiations.

Honorables membres du cercle des personnalités noires du Congrès des Etats-Unis d’Amérique ;

Mesdames, Messieurs ;

La médiation renvoie aussi à la recherche d’un équilibre entre le règlement des conflits et les actions de la justice pénale internationale.

Elle exige d’appréhender la question de la paix et de la sécurité en Afrique, dans la problématique globale des menaces qui pèsent sur le monde entier.

Dans la crise malienne, la dimension religieuse qui est une transposition en Afrique de l’extrémisme a été fortement présente, servant de vecteur au terrorisme. C’est un aspect important à prendre en compte dans la construction de la paix.


Le Burkina Faso reste attentif et partie prenante à la lutte menée contre les actions criminelles et la prolifération des armes de destruction massive dont la probabilité d’utilisation est grande, dans les situations de guerres animées par des régimes dictatoriaux et des mouvements radicaux.

Je vous remercie.

Washington, le 20 septembre 2013.
Blaise COMPAORE
Président du Faso

(© La Direction de la Communication de la Présidence du Faso)

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