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Sidwaya N° 7273 du 11/10/2012

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Inondation a la vallée du Sourou : Une fin de saison dans la douleur
Publié le vendredi 12 octobre 2012   |  Sidwaya


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© Sidwaya
la vallée du Sourou


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Les périmètres irrigués de la vallée du Sourou sont submergés et les villages riverains sont en passe d’être absorbés par les eaux du fleuve. Cette inondation a causé la mort de deux personnes dans la commune de Lanfiéra.

Depuis le mois de septembre, les eaux du fleuve du Sourou ne cessent de monter. Sur les périmètres irrigués, 565 hectares (ha) de maïs, 88,87 ha de riz et le site d’exploitation de 24 ha de l’INERA ainsi que la station de pompage de Guiédougou sont déjà engloutis par les eaux. Au-delà des champs, ces eaux avancent lentement et sûrement vers les villages riverains. Face à l’imminence de l’inondation, les populations ont déployé des diguettes de fortune et des sacs remplis de terre pour freiner la montée des eaux. Les villages de Gouran, Yayo, Wérin, Yaran Touroukoro sont déjà coupés du reste du territoire. Selon le maire de Lanfièra, la commune a enregistré deux pertes en vie humaine par noyade. Il s’agit d’une fillette et d’un jeune homme, qui ont perdu la vie, respectivement le 6 septembre et le 6 octobre 2012. La population du village de Toma île ne sait plus à quel saint se vouer, car les eaux sont à leurs portes. Face à cette montée des eaux, les populations déjà affectées accusent les aménagements des périmètres en cours par le Millenium challenge account (MCA/BF). Mais une mission de cette structure conduite par son coordonateur, Joseph Bissiri Sirima est arrivée à Dî dans la matinée du lundi 8 octobre 2012 en compagnie du haut-commissaire du Sourou, Bakary Traoré. La mission a rencontré les délégués des villages, les responsables coutumiers, les responsables des structures associatives des producteurs, des pêcheurs et la jeunesse de la commune de Dî. D’autres acteurs impliqués dans la gestion de la vallée ont assisté à la rencontre. A l’adresse des participants, le coordonnateur du MCA/BF s’est dit offusqué d’apprendre que la montée des eaux du fleuve a été provoquée par les travaux d’aménagement entrepris par MCA/BF et que la population veut engager des actes de vandalisme contre les équipements de l’entreprise SATOM SARL, en charge des travaux. « Le MCA est innocent. La montée des eaux a été provoquée par l’abondance des pluies. La vallée fait face à une crue cinquantenaire, c’est-à-dire que la quantité d’eau de pluie reçue cette année arrive tous les 50 ans. Celle de 2012 arrive au moment des aménagements. Les conséquences sont aussi visibles au niveau du MCA/BF, car les travaux ne seront pas exécutés dans le délai imparti et le MCA est dans l’obligation d’engager des dépenses supplémentaires pour protéger les aménagements déjà réalisés », a expliqué M. Bissiri. Il s’est dit très inquiet, parce que le niveau de l’eau est sur le point de submerger le pont de Nonkui. « Si ce pont ne résiste pas à la furie des eaux, la crue va gagner de l’ampleur et les dégâts seront incommensurables », a-t-il indiqué.

Justification de la crue du fleuve

Selon Mamadou Cissé, manager eau irrigation du projet de développement de l’agriculture au MCA , le registre de surveillance du niveau de l’eau du fleuve Sourou fait ressortir qu’en 1999, la côte de l’eau était à 442 mm, 377 mm en 2006 ; 417 mm en 2007 et en début septembre elle était déjà à 427 mm. C’est dire que la crue du fleuve correspond à celle de 1999 où la localité avait connu aussi une inondation. « Les eaux vont continuer à monter tant qu’il pleuvra sur la zone de Samandéni, car le fleuve reçoit les eaux venant de ces lieux » a-t-il pronostiqué. Le directeur provincial de l’agriculture du Sourou, Dakoné Ki a, pour sa part, signifié que la pluviométrie de cette année est exceptionnelle dans les villages qui constituent le bassin versant du fleuve. Il est reconnu que la moyenne pluviométrique du Sourou est comprise entre 500 et 600 mm. Cette année, la province effleure déjà en fin septembre, les 1000 mm, d’où un écart positif d’environ 400 mm. La province du Sourou a donc été suffisamment arrosée et cela va de soi que l’eau du fleuve sort de son lit.

Parer au pire

« Depuis que nos techniciens ont signalé la montée des eaux, j’ai attiré l’attention de la direction de la gestion des ressources en eaux sur l’éventualité d’une crue du fleuve Sourou ? Aussi ai-je demandé l’ouverture des vannes d’évacuation au maximum. Malgré cela, les eaux montaient », a dit le coordonnateur du MCA/BF. Afin de sauvegarder les réalisations, le MCA a déboursé plus de 40 millions de francs CFA pour faire démolir les vannes d’évacuation de crue. Ainsi, il a été engagé des travaux de déblayage des passages de l’eau, obstrués par les débris végétaux et d’élévation du niveau des digues de protection des périmètres. Le directeur des aménagements des infrastructures et équipements de l’AMVS, Abdoulaye Koudakidga a dit avoir identifié le 2 octobre dernier, deux périmètres à risque : le périmètre de 70 ha à Dî et celui de 475 ha à Débé. Sur ces périmètres, les producteurs ont commencé à colmater les zones érodées des digues de protection avec des sacs remplis de terre. Son service a également mis sur pied un comité de surveillance et de suivi journalier du niveau des eaux afin de prendre à temps les dispositions utiles pour amoindrir les dégâts. « Normalement, la décrue du fleuve Sourou commence vers le 15 novembre mais cette année, il est difficile de se prononcer. A ce titre, nous demandons aux populations de mettre leurs biens à l’abri, de demeurer vigilantes et d’observer la prudence en allant vers les eaux ». a averti M. Koudakidga.

L’espoir est permis

Selon les techniciens, l’élargissement des vannes d’évacuation de crue et le déblayage des passages des eaux peut minimiser les risques d’inondation. C’est lorsque les travaux du barrage de Samandéni seront achevés que la population de la vallée du Sourou sera à l’abri de la montée des eaux du fleuve. L’espoir est permis, mais la vigilance doit être de mise, car aux dires des techniciens, si une zone du bassin versant du fleuve recevait une pluie de plus de 50 mm, les eaux peuvent brusquement monter. Des échanges, il est ressorti que les représentants des populations des communes de Dî et de Lanfièra ont démenti d’éventuels actes de vandalisme contre les équipements SATOM SARL. Tous ont salué la démarche du coordonnateur du MCA et du premier responsable de la province. Cependant, ceux-ci ont souhaité être accompagnés dans leur lutte contre les eaux avec des sacs vides et de la terre. Le haut-commissaire a invité les participants à relayer les informations reçues à la population de leur localité. Il a par ailleurs, interpelé les représentants de la société SATOM SARL, à instruire les conducteurs des camions bennes à observer les règles de conduite dans les agglomérations. Le coordonateur du MCA, Joseph Bissiri Sirima s’est déclaré satisfait car pour lui, les leaders d’opinion de la localité ont compris que son institution a entrepris les aménagements pour leur bien-être et non pour leur attirer des ennuis. « Je rentre rassuré que l’entreprise pourra poursuivre les travaux, sans une menace de la population. Toutefois je suis inquiet pour la montée des eaux, car jusqu’à présent, les menaces existent, malgré les moyens déployés pour faciliter l’évacuation des eaux. J’exhorte la population des villages riverains à observer les mesures de prudence », a-t-il conseillé.

Paul DRABO
(AIB/Tougan)

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