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Sidwaya N° 7510 du 27/9/2013

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Marché à bétail de Fada N’gourma: une infrastructure d’envergure sous-régionale à intérêts multiples
Publié le vendredi 27 septembre 2013   |  Sidwaya


marché
© Autre presse par DR
marché de bétail


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La région de l’Est est réputée zone d’élevage. L’activité qui demeure le premier choix dans cette partie du Burkina Faso, y est florissante. L’existence du marché à bétail de Fada N’Gourma permet d’écouler des milliers de têtes de bœufs et de petits ruminants chaque année vers certains pays de la sous-région. Principalement le Nigéria.Dimanche, jour de marché à Fada N’Gourma. La ville est particulièrement animée. De toutes les contrées, des vendeurs, des acheteurs convergent vers ce lieu. A côté, le marché à bétail ne désemplit pas.Construit en 2006 sur une superficie d’environ huit (8) hectares, le marché à bétail se localise à l’extrême Est de la ville. Il constitue pour de nombreuses personnes, un véritable pôle d’attration. Certains y viennent pour vendre, d’autres pour acheter ou tout simplement pour visiter cette vaste zone commerciale approvisionnée en bétail par une quarantaine de villages. Bœufs, cabris, moutons, ânes sont hebdomadairement embarqués de ces lieux en direction du Togo, du Bénin, du Niger et principalement du Nigéria. Entre 40 000 et 45 000 têtes de bœufs sont écoulées en moyenne par an à des prix variant de 150 000 à 600 000 F CFA l’unité. Ce qui laisse entrevoir que ce sont, au bas mot, 20 millions de F CFA de taxes que le trafic de bovins génère annuellement. Le marché possède 32 box avec des aires d’embarquement gérées par une association de183 courtiers (communément appelés intermédiaires) dont 20 femmes. Chaque box est géré par un courtier et quatre aide-courtiers désignés par l’association. La moitié des box, construits avec des hangars, est louée à 75 000 F CFA chacun et par mois à l’association. L’autre moitié revient à 70 000 FCFA le mois. A en croire Kolado Maïga président du marché à bétail, la location des box n’a pas été aisée pour l’association au début de l’activité, en 2006, quand il fallait puiser les fonds dans la caisse sans rationalisation préalable. Ce qui a conduit à l’adoption d’une nouvelle méthode de travail en vigueur depuis quatre ans. Cette methode consiste à mettre systématiquement 500 F CFA dans la caisse sur chaque bœuf vendu.
Dans les faits, les collecteurs perçoivent 750 F CFA sur chaque bœuf vendu. Mais 150 F CFA vont au Trésor public. 100 FCFA à l’association pour son fonctionnement. Les 500 F CFA restant pour la location des box. Les vendeurs et les acheteurs paient respectivement 1 000 et 2 000 F CFA par tête comme droit de marché. Cette somme revient entièrement aux coutiers responsables des box et à leurs aides.

Si « la période morte » pouvait être évitée !

L’organisation dans le marché à bétail est telle que seuls les courtiers ont le droit de procéder à la vente des animaux.
« Les animaux sont obligatoirement confiés aux courtiers pour la vente. On ne peut pas venir directement vendre un animal parce qu’il m’appartient ni le confier à une personne qui n’est pas courtier et membre de l’association. Mais pour une question de transparence, les prix sont discutés en présence des propriétaires des animaux », précise M. Maïga.
Tous les acteurs voient le marché à bétail comme un véritable pourvoyeur d’emplois à la population et de devises à la commune de Fada N’Gourma. « Le marché a créé beaucoup d’emplois car, en plus des courtiers, il y a des jeunes qui viennent vendre les bâtons utilisés pour guider les animaux à 25 ou 50 F CFA l’unité. Il y en a qui viennent pour couper les cordes des animaux, les faire embarquer dans les camions ou les estampiller à l’aide de la peinture pour permettre aux propriétaires de les distinguer. Grâce à cette activité, certains se sont acheté des vélos, même des motos et d’autres arrivent à payer leur scolarité. A cela s’ajoutent les femmes qui entreprennent le petit commerce aux abords du marché », confesse Kolado Maïga.
Pour sa part, le président de l’association des exportateurs de bétail de Fada N’Gourma, Adama Kinda, subdivise l’année en deux périodes. Une dite « morte » qui va de février à juillet et l’autre "active", d’août à janvier. Selon lui, chaque dimanche de la période active, son association charge entre douze et quinze camions de quarante têtes chacun et pendant la période morte, le nombre de camions oscille entre quatre et dix. La destination principale, est Saabé au Nigéria même si certains vont au Ghana ou au Togo. Mais ils ne sont pas nombreux.
Pourquoi le Nigéria ? La réponse sonne nette. « Nous n’aimons pas aller au Ghana ou au Togo parce que là-bas, nos animaux sont achetés à crédit et il faut attendre parfois un mois pour être payé alors qu’au Nigéria, on est payé sur-le-champ. On préfère être payé cash, même s’il n’y a pas assez de bénéfice ». Selon M. Kinda, l’activité est parfois rentable même s’il estime qu’il y a trop de dépenses collatérales à faire. Pour chaque bovin embarqué, la taxe s’élève à 2750 FCFA au bénéfice de la mairie, du Trésor public et des courtiers. 2 500 FCFA sont reversés à l’association pour chaque camion chargé. Pour le convoyage, il faut débourser 350 000 à 400 000 F CFA par camion pour les frais de location (selon la période).
A cela s’ajoutent les frais de route qui sont payés « sans le moindre reçu ». Ce qui n’est pas du goût de Adama Kinda qui souhaite que la méthode change. « Le fait que nous payons les taxes sans reçu ne nous permet pas d’évaluer clairement les dépenses que nous effectuons sur la route. Et si tu es envoyé par quelqu’un, tu n’as rien à lui présenter comme preuve des dépenses. En plus, on ne sait pas si l’argent payé va vraiment dans les caisses de l’Etat », déplore-t-il.
El Hadj Ali Tandamba courtier, se frotte les mains. Pour lui, "le travail se déroule très bien". Néanmoins, il soulève les cas de vol d’animaux qui sont récurrents. Et pour y faire face, un comité de sages de quatre personnes est mis en place. Quand ce comité n’arrive pas à trancher une affaire, elle est transférée à la police.

« Toutes les recettes ne sont pas reversées
à la commune »

De l’avis du maire de la commune de Fada N’Gourma, Moumouni Kocty, il y a un conseil d’exploitation et un comité de gestion du marché composés principalement d’acteurs (éleveurs, acheteurs, courtiers, agents de la santé animale…). Contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, tous les revenus monétaires ne sont pas directement reversés à la commune dit-il. « Le marché a son budget annuel élaboré et soumis au conseil d’exploitation. Cest ce budget qui paye le personnel recruté pour sa gestion. A chaque fin d’année, il y a un audit qui est fait et on apprécie les résultats obtenus ». La mairie perçoit 25% des recettes annuelles pour son fonctionnement. Ce qui s’élève à quatre ou cinq millions de F CFA, cinq à six autres millions sont affectés au Fonds d’appui au développement des communes (FADEC) et environ 8 millions de F CFA sont perçus pour l’établissement des certificats d’origine.
L’activité de commerce de bétail est vraiment florissante à Fada N’Gourma. L’envergure sous-régionale du marché à bétail en est la raison, même si l’insuffisance de zones de pâture dans la région conduit la plupart des éleveurs à effectuer des transhumances dans les pays voisins. Ce qui ralentit le trafic pendant les périodes dites mortes. Les conflits agriculteurs-éleveurs sur les zones de pâture constituent une difficulté. « Les zones de pâture créées par l’administration, même balisées, ne sont pas respectées par les agriculteurs. Il en est de même des pistes à bétail qui sont parfois obstruées par les champs. Ce qui oblige les éleveurs à amener leurs troupeaux paître ailleurs et du coup, notre marché se vide presque », a expliqué le président du marché, Kolado Maïga.
C’est pourquoi M. Maïga lance un cri du cœur à l’Etat burkinabè pour qu’il leur vienne en aide en créant de nouvelles zones de pâture et des points d’eau pour permettre aux éleveurs de se sédentariser. Seule solution, à son avis, pour que le marché à bétail de Fada N’Gourma fonctionne en plein temps toute l’année.


Daniel ZONGO

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