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Sidwaya N° 7273 du 11/10/2012

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Les traces de la décentralisation : commune rurale de diapangou : Plus de trois milliards de F CFA d’investissements en six ans
Publié le jeudi 11 octobre 2012   |  Sidwaya




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La commune rurale de Diapangou, située dans la province du Gourma (région de l’Est), à 202 km de Ouagadougou et à 18 km de Fada N’ Gourma, est dans une dynamique de développement. Les habitants de ladite localité, rencontrés les 13 et 14 septembre 2012, le reconnaissent. Ils saluent d’ailleurs le travail du conseil municipal qui a permis de changer le paysage physique de la cité.

Les acteurs de développement de la commune rurale de Diapangou sont unanimes : « la municipalité applique un modèle de gestion participatif ». Sont de cet avis, des responsables de mouvements associatifs, au nombre desquels le coordonnateur de Untaani, Diassibo Idani, les présidentes de Soalimani, Adissa Idani et de Tin Buaba, Aminatou Wombo/ Natama. « Les autorités communales associent toutes les sensibilités sociales aux sessions du conseil municipal », affirme Mme Wombo. A la différence des autres communes, dit-elle, « nous donnons nos points de vue qui, lorsqu’ils sont pertinents, influencent les décisions ». Et le secrétaire général de la commune, Moumouni Sodré, de soutenir que la mairie joue pleinement son rôle d’accompagnement dans la mesure où tout projet de développement est bien reçu par le conseil municipal qui s’implique dans la réalisation. Il cite l’exemple de la foire d’exposition de produits agropastoraux (des outils aratoires, des semences, des produits de l’élevage, etc.). Initié par l’association Untaani, cet évènement, qui est à sa deuxième édition, permet de rassembler les producteurs des 31 villages de la municipalité et des communes proches. Selon le coordonnateur de la structure organisatrice, Diassibo Idani, près de 2 000 personnes ont pris part à la dernière foire qui a permis d’interpeller les paysans sur l’utilisation abusive des produits chimiques et de renforcer leurs capacités. Il précise que son organisation, dont la mairie est le premier partenaire, s’en est tirée avec un chiffre d’affaires de 2 200 000 F CFA en deux jours d’exposition-vente. C’est un exemple de réussite qui suscite de l’émulation chez bon nombre de structures.
L’association Tin Buaba (en langue nationale Gulmacema « non à la discrimination »), qui œuvre dans le domaine de la transformation des produits forestiers non ligneux (le Karité, le Balanitès, le Nimier, le Morenga, etc.), n’est pas aussi performante dans ses activités. Aminatou Wombo/ Natama, la présidente, confie qu’en cinq jours, 40 femmes ont suivi une formation et sont parvenues à produire seulement trois litres d’huile de balanitès, d’une valeur de 9 000 F CFA. La faiblesse du rendement, révèle Aminatou Wombo/ Natama, participe du fait que les membres de son organisation, au nombre de 400, utilisent des outils rudimentaires, notamment des mortiers, des meules, des pierres et des marmites. Elle sollicite de ce fait une concasseuse et une presse afin d’être à même de produire davantage d’huile et maximiser leur profit. Ainsi, elle révèle que la mairie promet de les aider avec un montant de 1,5 million de F CFA pour l’achat du « petit matériel », allusion faite aux seaux, marmites et moules, destinés à la transformation du savon. Mme Wombo renchérit que le conseil municipal a obtenu de l’Organisation non gouvernementale (ONG) Fonds pour l’environnement mondial (FEM), un financement pour la construction d’une unité de transformation. « Le problème de cette association est en passe d’être résolu », souligne le bourgmestre de Diapangou, Salif Yada, qui admet que l’association Tin Buaba et les autres contribuent au développement de la localité.

La fierté du maire

De façon globale, le maire de Diapangou, Salif Yada, estime que le bilan de sa municipalité est satisfaisant : « après six années d’exercice, le coût du Plan communal de développement (PCD) évalué à près de 2 milliards de F CFA, a été largement dépassé avec un investissement supérieur à 3 milliards de F CFA ». M. Yada se dit fier, au regard des infrastructures qui ont été réalisées : le jardin communal en 2011, le centre d’animation rural, d’un coût de 33 millions de FCFA, financé par le Programme national de gestion des terroirs, phase 2. Il indique que le centre construit l’année dernière, non encore inauguré, est destiné à l’épanouissement de la jeunesse de la localité. C’est dans cette même logique que huit écoles ont été érigées à Komampelgou, Kouloungou, Louargou, Bassabliga, Tchiomboado et Diapangou, ajoute le secrétaire général de la mairie, Moumouni Sodré, qui cite d’autres ouvrages dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’aménagement. Il s’agit d’une Adduction d’eau potable simplifiée (AEPS) desservant le chef-lieu de la commune, Diapangou et le village voisin de Bandiabougou. C’est un financement de 60 millions de F CFA qui a été consenti par le Programme hydraulique villageois (PHV) de l’Est.
En plus de cela, il y a la réalisation d’une vingtaine de forages dans l’ensemble des 31 hameaux de la commune, sans compter l’aménagement de plusieurs barrages dont le plus illustratif est celui de Pampangou qui a nécessité plus de 900 millions de FCFA. Ce barrage, réalisé par l’ONG Ile de paix, dévalant sur 20 hectares irrigués, occupe près de 1000 exploitants, souligne le secrétaire général. Le chef du groupement Gabidogo, Yempabou Idani, trouvé sur l’aire d’exploitation, soutient que chaque paysan a bénéficié d’une parcelle de 25 m2 sur laquelle il cultive du riz. Il avoue que les récoltes ne sont pas prometteuses. Raison pour laquelle, il affirme que ses camarades et lui vont développer des cultures maraichères, comme la tomate, le chou, la salade, etc., dès qu’ils auront fini de moissonner le riz. Il invite alors les autorités communales à les doter de semences et d’engrais. Mieux, de bétonner les canalisations coulées en terre qui, présentement, s’effritent au passage de l’eau.
Le maire répond que l’ouvrage n’est pas encore achevé. Il précise que l’entreprise en charge des travaux doit reprendre des aménagements. Puis de dire que l’Ile de paix est un partenaire privilégié dans les investissements durables, en ce sens qu’elle intervient dans l’encadrement de la maîtrise d’ouvrage en suivant les chantiers jusqu’à la finition. Cette structure est à l’origine de l’aménagement d’une trentaine de bas-fonds en exploitation sur l’ensemble de la commune, relève le secrétaire général. M. Sodré déclare que cela fait de Diapangou, la zone de l’Est qui produit le plus de cultures de contre-saison. « Les revenus des ventes ont permis d’améliorer notre vie quotidienne », reconnaît Natindja Idani, maraîcher et conseiller municipal de Pampangou.

Un marché central désert

Soucieux d’offrir un cadre de commerce adéquat aux populations, les autorités communales ont entrepris de revaloriser le marché central en construisant 36 boutiques, des étals et une boucherie à hauteur de 65 millions de F CFA. Le hic, c’est que les commerçants qui s’étaient rués sur ces infrastructures ont vite fait de les abandonner. Les explications fusent. « Les femmes sont reparties dans leurs anciennes installations, car ça ne marche pas ici », martèle Awa Idani, vendeuse de tomate, sel, mil et arachide en poudre, la seule rescapée des étals construits par la mairie. Même son de cloche chez les tenanciers des boutiques qui estiment que les coûts de location mensuelle, 5000 F CFA pour les magasins qui font face à la rue et 4 000 FCFA pour ceux dont la porte est orientée vers le marché, sont élevés. Le président de l’association des commerçants, Ali Naba, déclare qu’il a demandé aux autorités communales de réduire ces montants à raison de 3000 FCFA pour les premiers commerces cités et 2000 FCFA pour les seconds. Il souligne qu’il a introduit la requête, depuis quatre mois, mais depuis lors, c’est un silence- radio au niveau du conseil municipal.
L’édile de Diapangou répond ne pas comprendre les commerçants qui, selon lui, ont été associés à toutes les étapes du projet, de la conception à la réception en passant par les études de faisabilité et la réalisation. Il souligne que les prix avaient été fixés de concert ainsi qu’il suit : 7500 FCFA pour les boutiques, 3 000 F CFA pour les étals des commerçants et 2 500 FCFA pour ceux des bouchers. Il a expliqué que dés la fin des travaux, les commerçants ont demandé de diminuer les frais de location. Après une série de rencontres, le maire indique qu’ils se sont accordés sur les prix appliqués actuellement. A l’entendre, pour la matérialisation de ce projet financé par le Fonds d’investissement pour les collectivités décentralisées (FICOD), la marie devait verser une part contributive de 5 millions de FCFA et les commerçants, 2,5 millions de F CFA. « Au final, ils n’ont donné que 350 000 F CFA », contraignant la mairie à verser le reste du montant, confie M. Yada. Qu’à cela ne tienne, le premier adjoint au maire, Pampandia Idani, donne l’espoir aux commerçants, leur faisant comprendre que le conseil municipal va statuer sur leur requête. « Le problème a été posé après un conseil municipal. Il faut attendre un autre. Si les conseillers venaient à l’accepter, nous n’hésiterons pas à les satisfaire », rassure-t-il.
L’évaluation de la rentabilité des infrastructures à réaliser est primordiale
Les doléances des commerçants vont au-delà des prix de location des boutiques. Le premier responsable de leur structure soutient qu’ils ont urgemment besoin d’une gare. Son explication est toute simple, les cars vont marquer l’arrêt de Diapangou et les passagers vont faire des achats. Il relève qu’un site a été identifié à cet effet. Le maire le reconnaît. Toutefois, il fait montre d’une démarche pédagogique, en expliquant qu’il faut voir comment les habitants s’approprient les infrastructures réalisées, évaluer leur rentabilité avant de se lancer dans un projet. Ce faisant, il annonce qu’en attendant la réalisation de ce projet qui requiert de gros financements, le conseil municipal a formulé un projet de construction d’un parking à l’entrée et à la sortie de la ville. Avec cette infrastructure, il compte régler la question du stationnement des gros porteurs qui s’alignent sur la voie publique, toutes les nuits. Aussi, espère t-il que les populations vont s’approprier et s’impliquer davantage dans le processus de la décentralisation en interpellant le conseil municipal sur tous les dérapages. C’est tout le sens que le premier adjoint au maire donne au tableau d’affichage fixé au cœur du chef-lieu de la commune. Selon lui, ce dispositif a motivé les populations à venir s’informer auprès de la mairie afin de relayer les nouvelles entre elles, à travers des causeries. Oumarou Idani, un jeune bachelier, le confirme : « Récemment, la mairie a affiché des informations sur le recrutement militaire. A la différence des années antérieures, de nombreuses personnes sont allées se faire enrôler ». Il apprécie cette démarche du conseil qui, dit-il, permet de répercuter « efficacement » l’information aux administrés.


Adama BAYALA
badam1021@yahoo.fr

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