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Le Quotidien N° 868 du 16/9/2013

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SENAT : attention à la bombe religieuse !
Publié le mardi 17 septembre 2013   |  Le Quotidien


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© Autre presse par DR
Mise en place du Senat : le soutien franc des musulmans du Burkina ...


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C’est un signe des temps. Les religieux hésitent désormais à fricoter avec le pouvoir politique au Burkina. Le non catégorique de l’Eglise catholique à une participation au Sénat est l’exemple le plus illustratif de cette nouvelle vision. Autre fait nouveau, ce sont les hésitations des Eglises évangéliques. Par le passé, elles ont toujours répondu positivement aux sollicitations du pouvoir pour participer à telle ou telle instance. C’est bien la première fois qu’elles prennent le temps d’une longue réflexion, preuve qu’en son sein existent des courants émergents qui prônent la prudence. Et que dire des associations islamiques ? Le coup de théâtre provoqué par l’AEEMB (Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina) et le CERFI (Cercle d’études, de réflexion et de formation islamiques), deux structures membres de la FAIB (Fédération des associations islamiques du Burkina), achève de convaincre sur l’évolution des mentalités au sein des mouvements religieux. Dans une lettre ouverte adressée au présidium de la FAIB, le 15 septembre dernier, les associations sœurs ont désapprouvé les propos tenus par le porte-parole de la FAIB, à la sortie de l’audience accordée par le président du Faso, le 14 septembre. C’est un désaveu cinglant, comme on peut le voir, dans l’extrait ci-dessous : « (…) Nos deux structures, très surprises par les propos devant la presse du Secrétaire Général de la FAIB, au sortir de l’audience accordée à la Fédération par le Chef de l’Etat, le 14 septembre 2013, se démarquent desdits propos qui ne reflètent pas la position de tous les musulmans, encore moins celle adoptée de façon consensuelle au sein de la Fédération. Du reste le Secrétaire général de la FAIB en tant que porte-parole désigné, n’a pas été mandaté pour tenir de tels propos ». Comment faut-il interpréter ces dissensions ? Est-ce le reflet d’une profonde division au sein du monde islamique sur la question du Sénat, ou un simple malentendu découlant d’un excès de zèle du porte-parole de la FAIB, Souleymane Compaoré ? Une chose est sûre, ces contradictions sont révélatrices d’un malaise au sein de la oumma islamique, dans la controverse autour de la mise en place du Sénat. Cette déclaration conjointe de l’AEEMB et du CERFI, deux organisations portées par des intellectuels musulmans majoritairement francophones, marque une rupture entre la jeune génération et l’ancienne, dans leur rapport au pouvoir politique. Cela est clairement perceptible depuis le début de la crise née de la mise en place du Sénat. Une césure nette sépare de plus en plus la hiérarchie musulmane et les jeunes musulmans, sur la question du Sénat. L’AEEMB et le CERFI, proches des milieux scolaires, estudiantins et des cadres de l’Etat comme du privé, sont bien conscients de cette réalité. Tel ne semble pas être le cas de bien d’autres chefs religieux qui risquent de se fourvoyer s’ils ne prennent pas une décision éclairée dans cette affaire.
Face à cette agitation qui s’est emparée du monde religieux, on est en droit de se demander ce qu’ils font de la laïcité. Au Burkina, certains religieux, à l’instar des catholiques, sont devenus les chantres de la laïcité, alors que ce sont les pouvoirs publics qui devaient le plus la défendre. C’est une sage décision que l’Eglise catholique a prise. Car en s’engouffrant dans une voie qui les engagerait politiquement, les associations religieuses risquent de perdre une valeur cardinale qui est l’indépendance vis-à-vis des forces politiques. Elles en deviendront des alliées ou des adversaires, selon leurs prises de position, et donc otages de tel ou tel bord politique. Elles doivent donc faire preuve de discernement, pour éviter de plonger leurs membres dans des querelles et des divisions dont on ne présage pas de l’issue. Qu’on se le tienne pour dit, politique et religion ne font pas toujours bon ménage. On l’a vu un peu partout où des expériences politiques se sont menées à l’aune d’une religion. Cela a mal fini. Les religieux ont un grand rôle à jouer dans nos pays. Mais leur place n’est certainement pas au milieu des acteurs politiques. Le risque est grand pour eux de se voir éclabousser par la boue infecte de la politique. C’est pourquoi, cette parole biblique devrait inspirer bien des guides religieux du Burkina, en ces moments où certains sont dans le doute : « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu » .


La Rédaction

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