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Art et Culture

Culture burkinabè: à la découverte de la diaspora burkinabè excellant dans le Showbiz à Istanbul

Publié le samedi 13 fevrier 2021  |  FasoZine
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De nouveaux jeunes artistes africains font une percée singulière à Istanbul en Turquie. Des Angolais, des Congolais, des Nigérians, des Camerounais et, bien entendu, des Burkinabè ; ce sont-là les nationalités de ces jeunes talents montants de la musique africaine au pays d’Erdogan. Le mardi 09 février 2021, nous sommes allés à la découverte de cette diaspora Burkinabè du Showbiz à Istanbul. Il s’agit notamment de Bouba Bara dit «Bebiss Bara», de Nikièma Yvonne dit «Queen Evana» et d’Enoch Yara dit «Enoch B» qui sont les ambassadeurs de la musique burkinabè dans la métropole bi-continentale Istanbuliote.

Nikièma Yvonne, de son nom d’artiste « Queen Evana » est artiste chanteuse et coiffeuse installée à Istanbul depuis 2017. Parlant de son aventure sur le sol turc, Evana nous confie : « Au départ j’étais juste de passage en Turquie en tant que businesswoman. Ce n’était pas pour rester. Après quelques temps j’ai constaté que le niveau de vie n’était pas du tout mal. J’ai remarqué que la Turquie n’était pas si mal que ça parce que je pouvais gagner ma vie en faisant quelques activités en plus de la chanson que j’aimais tant. J’ai donc décidé d’y rester ».

Pour elle, le showbiz est une question passion. « Je me sent plus à l’aise dans le showbiz. Je peux dire que c’est ma vie !» a-t-elle ajoutée. Queen Evana a présentement deux morceau intitules respectivement ‘Original’ et ‘Pretty girl’. Son morceau le plus connu (Original) par les mélomanes est disponible sur sa chaine officielle YouTube (https://www.youtube.com/watch?v=VrHSnoNBpNo&feature=youtu.be&ab_channel=QueenMinoofficial) depuis le 03 Janvier 2021. Revenant sur les répercussions de la pandémie sur ses activités du Showbiz, Evana affirme que «l’épidémie du Covid-19 a causé beaucoup de bouleversement dans nos activités. Tout est devenu compliqué tant au niveau de mon business au salon de coiffure qu’au niveau du Showbiz». Pour des questions de prudence, Queen Evana refuse jusque-là de collaborer avec les artistes locaux.

Pour elle, «il faut être très prudent avec eux. Parfois j’ai même peur…(Rire). Sur les réseaux sociaux comme Facebook et surtout Instagram par exemple, je reçois beaucoup d’invitations de la part des artistes Turcs qui veulent collaborer avec moi. Mais le problème est que la plupart d’entre eux ne parlent pas le Français ni l’anglais». Ce qui complique davantage la collaboration pour Evana Queen puisqu’elle ne parle pas non plus la langue Turque. Après la pandémie du Covid-19, Evana compte se lancer davantage sur les réseaux sociaux pour se créer de la visibilité.

Enoch Yara, connu sous le pseudonyme de « Enoch B », quant à lui, est artiste manager évoluant également dans le domaine du Showbiz à Istanbul. Il fait notamment du business et des prestations de service depuis son arrivée dans plus grande métropole Turque. L’objectif d’Enoch B c’était de se rendre aux Etats Unis d’Amérique depuis le Burkina Faso. Pour ce faire, il a tenté à deux reprises d’entrer en possession des documents du pays de l’Oncle Sam, mais en vain. Cela va le contraindre à changer de destination. « Avec l’envie d’aller à l’aventure, je ne pouvais pas rester au pays, croiser les bras, et ne pas tenter la Turquie. Je suis allé donc déposer mes papiers à l’ambassade de la Turquie qui a accepté de m’accorder le visa touristique. C’est pourquoi je me suis retrouvé ici à Istanbul», explique-t-il.

Arrivée en Turquie en décembre 2019, Enoch Yara se lance dans le showbiz avec l’un des devanciers du domaine du nom de Bara Bouba. Déjà au Burkina Faso, Enoch possédait depuis 2014 son propre studio dénommé « La New Generation Music » avec une équipe dynamique qui anime régulièrement sa page Facebook (https://www.facebook.com/watch/nochbproduction226/). « On organisait des évènements, des concerts… On tournait aussi en provinces avec d’autres artistes. C’est ainsi que le rêve et la passion pour la musique est partie », a indiqué Enoch Yara.

A la question de savoir comment combiner showbiz et business, Enoch Yara répond que les activités commerciales se passent dans la journée tandis que le monde du showbiz est plutôt fructueux la nuit. Jusque-là, la meilleure œuvre musicale produite par Enoch est titré Arbi, disponible sur YouTube (https://www.youtube.com/watch?v=oNgRD8JOMro&ab_channel=BebissBara) depuis septembre 2020. C

e morceau est composé en guise de remerciement à une association Italienne intervenant dans la commune de Begdo au Burkina Faso. Enoch a actuellement quatre morceaux qui sont en studio à savoir: Fouri, La passion, C’est Zaalm et un autre morceau (sans titre) qui vise à encourager les aventuriers. Enoch se dit être beaucoup inspiré par l’artiste Ivoirien DJ Arafat par son courage et sa personnalité. Selon notre interviewé, la pandémie du Covid-19 a beaucoup freiné les activités et mis beaucoup de choses en retard. « La pandémie nous a mis en retard. Les boites de nuit sont fermées. Il est donc difficile de louer des espaces pour nos concerts », a souligné Enoch Yara.

Bara Bouba ou, de son nom d’artiste, « Bebiss Bara », lui, chante généralement en langue locale Bissa. Arrivé en Turquie en 2017 avec pour objectif de continuer la traversée pour aller en Europe, Bebiss Bara a et été empêché par les gardes côtes Turcs et s’est finalement ouvert une boutique de vente de vêtements à Istanbul pour s’y installer définitivement. Disc-Jockey (D-J) à la base, Bebiss Bara travaillait en collaboration avec son ami et collaborateur Enoch Yara qui, lui, a un studio où il travaille en tant que manager.

Bebiss Bara a déjà deux albums à son actif. Son dernier album en cours d’enregistrement a été stoppé pour cause du confinement imposé par la pandémie du Covid-19. Bebiss Bara a surtout besoin d’appuis techniques de la part des artistes de renom du monde du showbiz. Toutefois, ce ne sont pas les connaissances qui manquent. Au pays, Bebiss côtoyait beaucoup d’artistes Burkinabè dans le domaine du Showbiz bien avant son arrivée à Istanbul. « Je connais Floby, je connais Sofiano, je connais Emilo… Mais tous ceux-là ne me prenaient pas au sérieux à mes débuts. Aujourd’hui, ils cherchent tous à collaborer avec moi. Mais j’attends toujours la réaction de mon manager. Si je finis mon dernier album qui est en cours d’enregistrement, je compte rentrer au pays pour mieux établir les contacts car étant ici à Istanbul on ne peut pas compter sur quelqu’un». Pour ce qui concerne la collaboration avec les artistes locaux, Bebiss Bara a déjà réalisé un clip vidéo avec un artiste Turc avant le début de l’épidémie du Corona virus. Aussi, l’épidémie du Covid-19 n’est pas sans conséquence sur ses activités. « Maintenant que la maladie à Corona Virus est là, on ne peut plus faire de prestations pour le moment. On attend toujours que ça finisse… », a-t-il indiqué avec espoir.

Les artistes de la diaspora burkinabè ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Ils envisagent organiser des évènements (des concerts notamment) durant lesquels d’autres artistes internationaux seront invités et associés afin d’établir des liens de partenariats pour de futures collaborations ; vu qu’au Moyen Orient la musique Africaine reste méconnue du grand public.

En termes de doléances, les artistes demandent des soutiens de la part des bonnes volontés et de la reconnaissance officielle de la part de l’ambassade du Burkina Faso à Ankara. Par ailleurs, de façon unanime, ils lancent un appel à l’Etat Burkinabè à travers son ministère de la culture et celui en charge des affaires étrangères de mettre tout en œuvre pour leur faciliter l’obtention des cartes d’artistes.

Car, pour eux, la reconnaissance officielle vaut mieux que toute autre forme de soutiens. « Sans cartes d’artistes on ne peut pas faire de prestations officielles au Moyen Orient comme en Europe. Si aujourd’hui par exemple on m’invite en Italie, en Allemagne ou ailleurs pour des prestations, je ne pourrai pas y aller parce que je n’ai pas ma carte d’artiste », a conclu Bebiss Bara.

Noufou OUEDRAOGO, Istanbul.
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