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Programmes politiques des candidats: A combien comptent-ils construire le Burkina du prochain quinquennat ?

Publié le samedi 21 novembre 2020  |  Sidwaya
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Dans le cadre du projet « Renforcement des capacités de la presse sur les enjeux ́ économiques, ́ sécuritaires et la demande socio-économique des populations ́ » en lien avec les élections couplées de 2020, l’Institut FREE Afrik a réalisé une étude sur les programmes politiques des 13 candidats à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020. De l’analyse de leur coût, de leur fiabilité et de leur plan de financements, l’évaluation fait ressortir des « limites et faiblesses importantes ».

Les propositions des 13 candidats à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020 pour le développement socioéconomique du Burkina Faso les cinq prochaines années et contenues dans leurs programmes politiques sont-elles pertinentes, réalistes ? A cette question, l’Institut FREE Afrik tente de répondre à travers un examen critique des coûts, de la fiabilité et du financement desdits projets.

Sur le budget chiffré des programmes, l’étude indique que seuls 5 candidats sur les 13 donnent des indications de leur coût pour les cinq années à venir. Il s’agit de l’ADF-RDA (17 600 milliards de francs CFA), du MPS (30 000 milliards), du MCR (15 000 milliards de francs CFA), de MRB (4 000 milliards de recettes budgétaires annuelles) et de l’UPC (17 995,23 milliards de FCFA). Les autres partis, Agir Ensemble, le candidat indépendant Claude Aimé Tassembédo, Le Faso Autrement, MPP, CDP, OPA-BF, Soleil d’avenir et Vision Burkina-Parti Pacifiste n’indiquent pas le coût global de leurs programmes.

Pour ce qui est des affectations sectorielles, l’étude fait remarquer que des indications d’allocations budgétaires ne sont pas données pour plusieurs secteurs stratégiques, à l’exception indications disparates fournies dans les programmes politiques de l’ADF-RDA, MCR, MPP, MPS, MRB, Soleil d’avenir et de l’UPC.

Ainsi L’ADF-RDA prévoit 55% du budget de l’État à l’investissement public sur le quinquennat et 100 milliards du budget chaque année pour le financement de l’agro-industrie et le développement rural. Le MCR offrira des bourses d’études aux élèves et étudiants à raison de 160 milliards de francs CFA par an et créera un fonds de100 milliards de FCFA dédié aux projets innovants.

De la fiabilité des estimations

Le parti Soleil d’Avenir compte financer un programme de modernisation des infrastructures à hauteur d’un (01) milliard par province et par an et un programme de bourses pour les élèves et les étudiants à 100 milliards par an.

La candidate du MRB veut consacrer 40% des dépenses publiques à l’éducation et 6 000 milliards de francs CFA sur le quinquennat pour la construction des routes.

Le MPP allouera 15% du budget national à la santé et 30% à l’éducation et à la formation professionnelle. Le MPS affectera au moins 30% du budget à l’éducation sur le quinquennat et veut franchir le seuil de 2% du PIB pour les dépenses en recherche et développement dès 2021 en vue de relancer la recherche scientifique et technologique.

« En somme, la budgétisation des programmes est loin d’être systématiquement pratiquée. Il est étonnant et déplorable que les deux partis qui ont gouverné le pays les années passées (CDP et MPP) ne sortent pas du lot, bien au contraire, leur programme n’est pas chiffré », indique le rapport.

Mais qu’en est-il de la fiabilité des prévisions, surtout des programmes qui ont fait l’objet budgétisation ? « Au niveau global, la réalisation d’un budget annuel moyen de 3 000 milliards (MCR) et plus envisagée par le MCR, l’ADF-RDA et l’UPC sur le quinquennat requiert une progression des finances publiques qui n’est pas très loin de son rythme de croissance moyen annuel sur la période 2015-2020 », souligne le rapport. Le programme de 30 000 milliards de francs CFA du MPS sur le quinquennat, correspond à un budget annuel moyen de 6 000 milliards, soit une progression de plus de 200% du budget de l’État en 2020. Un rythme qui « semble bien irréaliste », selon Free Afrik.

Au niveau de l’analyse sectorielle, le plan d’investissement routier du MRB de 1 200 milliards de FCFA par an soit 6 000 milliards sur le quinquennat « parait également extraordinairement élevé », car cela reviendrait à investir sur le quinquennat à venir l’équivalent de plus de 60% du PIB de 2018 du Burkina Faso dans les routes.

Quant au programme de modernisation des infrastructures de Soleil d’Avenir d’un (01) milliard par province et par an, cumulé, est jugé « bien inférieur au niveau de financement des investissements en infrastructures réalisé en 2019 à hauteur de plus de 51 milliards en 2019 ».

« Dépenses massives, sources de financement absentes »

Mais comment les candidats comptent financer leurs projets de société pour le bonheur des burkinabè ? « L’examen de ce volet montre une grande faiblesse des programmes en compétition. En effet, les plans de financement sont dans la plupart des cas inexistants. Quand ils existent, ils sont très sommaires ou consistent en des indications et idées vagues de source de financement », peut-on lire dans le rapport. Et d’ajouter que seul le programme de l’UPC offre une estimation, certes très sommaire, des rubriques de financement. Et d’ajouter qu’au-delà des modalités de financement du programme (fiscalité, dette et aide), les indications sur les sources de mobilisations et les modalités d’accroissement des ressources sont lapidaires.

« Le traitement sommaire de la question de la fiscalité constitue une faiblesse criarde des programmes d’autant que dans plusieurs cas, des plans de dépenses massives sont attendus ou des projections mirobolantes de recettes sont faites. En conséquence, la crédibilité et la faisabilité des programmes peuvent être mise en doute », note l’évaluation.

Si le financement du secteur privé est évoqué dans les programmes, l’analyse montre que « cette question centrale pour le développement des entreprises et la croissance économique reçoit peu d’attention dans les programmes ». Sur le sujet, le CDP indique que « les conditions juridiques et économiques ́ seront créées pour accroitre considérablement la contribution des ́ banques commerciales au financement de l’économie nationale ́ » (p.73 ») ; tandis que l’UPC souligne la nécessité de « reformes visant ́ à accroître la concurrence, augmenter l’offre de crédit et ́ baisser en conséquence les taux ́ d’intérêt sont donc nécessaires ́ dans le secteur bancaire et financier ».

Plusieurs programmes prévoient également la création d’institutions bancaires ou de fonds. Agir Ensemble, une banque publique des infrastructures routières, aéroportuaires, sanitaires et scolaires », à capitaux mixtes et une autre dédiée ́ à la PME) ; le MCR, un fond national de financement des projets innovants et structurants des jeunes et des femmes de cent (100) milliards ») ; le MPP, une Banque postale afin d’accroître l’offre de financement des PME/PMI ») ; l’UPC, au moins 3 banques (« une Banque pour les femmes », une « Banque Nationale de Développement es Collectivités Territoriales ́ » et une banque publique d’investissement … pour racheter les prêts immobiliers des agents de l’État et du privé»).

En dépit de ces efforts, le rapport souligne que l’articulation des programmes avec le secteur bancaire et l’ensemble du système financier privé national est quasi-inexistante. Et d’une manière générale, la sincérité des programmes des 13 candidats à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020 est mise en doute par les experts de Free-Afrik. « De façon globale, la faisabilité des programmes est dans la plupart des cas douteuse et leur crédibilité entachée par la faiblesse de la budgétisation et l’inconsistance des plans de financements qui n’existent pas pour la majorité des candidats », conclut-ils.

Synthèse de Mahamadi SEBOGO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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